Le futur commissaire européen chargé de la régulation financière, Michel Barnier, estime que la polémique sur sa nomination n'a "pas de sens" et veut rassurer les Britanniques qui soupçonnent la France de vouloir contrer la prééminence de la City.

Dans un entretien à paraître vendredi dans La Tribune, le Français assure qu'il ira à Londres, "si possible avant la fin de l'année", mais qu'il compte aussi se rendre dans plusieurs autres capitales européennes.

"Je souhaite que tout le monde retrouve un peu le calme et la sérénité. Ce que je lis dans certains journaux britanniques n'a pas de sens. Je n'ai pas besoin qu'on m'explique l'importance de la City", affirme Michel Barnier.

"Je partage l'avis du chancelier de l'Echiquier, Alistair Darling: une City forte c'est l'intérêt de l'ensemble de l'Europe. Ma feuille de route est très claire: elle repose sur les décisions du G20 auxquelles Londres a largement contribué", ajoute-t-il.

M. Barnier a été nommé commissaire au Marché intérieur et aux Services financiers, ce qui a suscité un vif émoi en Grande-Bretagne et en particulier au sein de la City de Londres, la plus grande place financière européenne.

Les Britanniques perçoivent M. Barnier comme le porte-drapeau d'une offensive française contre la prééminence de la City et en faveur d'une régulation stricte du secteur.

L'association des banquiers britanniques (BBA) a dénoncé, avec une virulence rare, les propos du président français Nicolas Sarkozy se félicitant samedi du "triomphe des idées françaises de régulation".

Interrogé sur ces déclarations de M. Sarkozy, M. Barnier répond: "je n'ai pas envie de présenter les choses de cette manière-là".

"Les idées françaises ont une valeur ajoutée. Mais il y a aussi l'expertise fondamentale du Royaume-Uni dans le domaine de l'intermédiation et dans d'autres secteurs financiers où la place de Londres est inégalée", dit-il.

Se qualifiant de "très pragmatique", le nouveau commissaire estime que "toute rivalité à l'intérieur de l'Europe nous (ndlr: l'Europe) affaiblit vis-à-vis de l'extérieur".

Michel Barnier se dit "prêt à travailler avec un directeur général britannique" pour diriger ses services et assure avoir "confiance" en Jonathan Faull, qui va occuper ce poste.