La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a confirmé lundi que le dispositif de prise en charge du chômage partiel allait être progressivement réduit, estimant que l'Etat n'avait pas vocation à continuer de payer « l'intégralité des salaires » du secteur privé.

« Aujourd'hui, il y a 12,2 millions de salariés qui sont couverts par le chômage partiel », soit « six emplois sur dix du secteur privé », a déclaré Muriel Pénicaud sur LCI, en assurant que ce dispositif avait permis d'éviter une vague de licenciements massifs. Mais « aujourd'hui, les conditions de la reprise sont là. Donc il n'y a pas tellement de raison que ce soit l'Etat qui continue à payer l'intégralité des salaires de 12 millions de salariés en France », a poursuivi la ministre sur LCI.

« C'est pour ça qu'on va définir je pense dans la semaine quelle est la part de salaire que paiera l'entreprise », a-t-elle précisé, en indiquant que ce montant n'était « pas encore décidé ». « Ce sera modeste dans un premier temps mais progressif », a-t-elle néanmoins promis. Les salariés du privé mis au chômage partiel par leur entreprise bénéficient actuellement d'une garantie de 84% du salaire net (100% au niveau du Smic), que l'Etat et l'assurance chômage remboursent intégralement aux employeurs dans la limite de 4,5 Smic.

« Dans une crise, il faut se focaliser sur les sujets prioritaires »

En raison du déconfinement, le gouvernement a toutefois prévu que les entreprises contribuent dans des « proportions raisonnables » aux salaires des employés maintenus au chômage partiel, après le 1er juin – l'objectif étant d'inciter à la reprise d'activité. Le chômage partiel restera néanmoins pris en charge « à taux plein » dans certains secteurs comme l'hôtellerie et la restauration, qui ne sont pas autorisés à reprendre leur activité.

Interrogée par l'hebdomadaire Entreprise et carrières sur la nécessité d'augmenter le temps de travail comme l'a préconisé l'institut Montaigne, la ministre a répété que « le droit du travail comprend déjà suffisamment de dispositions comme l'annualisation du temps de travail ou le recours aux heures supplémentaires ». « Je serai contente le jour où la question de la durée du travail se posera vraiment... Dans une crise, il faut se focaliser sur les sujets prioritaires », a-t-elle ajouté.

La possibilité ouverte par une ordonnance du 25 mars de déroger à la durée du travail (passant de 48 à 60 heures hebdomadaire, notamment) n'a pas été traduite par un décret, faute d'en avoir eu besoin « pour l'instant » dans un secteur en particulier, avait expliqué la ministre le 22 avril aux députés. Ces dérogations peuvent aller jusqu'au 31 décembre, selon le texte de l'ordonnance qui les prévoit.