Le dirigeant de la Société générale Frédéric Oudéa, dont le témoignage devant des sénateurs est contesté à la suite des Panama Papers, sera à nouveau entendu le 11 mai par la commission des Finances du Sénat, a annoncé mardi son président Gérard Larcher (Les Républicains).

« La commission des finances, qui exerce pleinement son pouvoir de contrôle, a entendu M. Oudéa et l'entendra à nouveau le 11 mai », a déclaré en séance M. Larcher, en réponse à un rappel au règlement d'Éric Bocquet (Communiste, républicain et citoyen). « C'est au vu du résultat de ces auditions que le bureau de mai pourra éventuellement être saisi des suites à donner à cette affaire », a-t-il ajouté.

Saisie du bureau du Sénat

Dans son intervention, le sénateur du Nord s'est notamment étonné « de n'avoir pas été prévenu » d'une rencontre qui a eu lieu entre M. Oudéa et la présidente de la Commission des Finances Michèle André (PS) le 12 avril, pendant la suspension des travaux de l'assemblée. Il a confirmé que son groupe demandera à la prochaine réunion du bureau du Sénat, jeudi, la saisine de cette instance sur cette affaire.

M. Bocquet, rapporteur de la commission d'enquête sur l'évasion fiscale, avait annoncé début avril que son groupe allait « saisir le bureau du Sénat » au sujet des déclarations de M. Oudéa devant cette commission, depuis dissoute, ce qui pourrait donner lieu à des poursuites pour faux témoignage. « A l'évidence, les informations » révélées par l'affaire des Panama Papers « contredisent fondamentalement » les déclarations qu'avait faites en 2012 sous serment M. Oudéa devant la commission, avait-il dit.

Un cycle d'auditions prévu en mai

« J'ai souhaité recevoir M. Oudéa pour préparer la rencontre qui aura lieu à la commission des Finances à l'occasion d'une audition publique début mai », avait déclaré Mme André après son entretien avec le banquier. « La rencontre d'aujourd'hui constitue un préambule à un cycle d'auditions que nous organiserons en mai », avait-elle ajouté. L'ancien président de la commission d'enquête sur l'évasion fiscale qui avait auditionné le banquier en 2012, Philippe Dominati (LR), a aussi demandé la tenue d'une séance d'auditions exceptionnelle pour entendre de nouveau M. Oudéa.

Jeudi, le bureau du Sénat étudie un autre cas de faux témoignage présumé, celui du pneumologue Michel Aubier, qui a menti à la commission d'enquête sur le coût de la pollution atmosphérique en déclarant sous serment qu'il n'avait aucun lien avec l'industrie pétrolière, alors qu'il touchait de 50.000 à 60.000 euros par an du groupe pétrolier Total depuis la fin des années 1990. Un faux témoignage devant une commission parlementaire est passible jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.