Après avoir annoncé lundi le report de deux semaines du projet de loi El Khomri, Manuel Valls a accédé mardi à la demande d'un « séminaire » du groupe socialiste à l'Assemblée dans le but de « travailler ensemble ».

« Je veux que nous travaillions ensemble à une feuille de route. Il y aura un séminaire du groupe puisque le groupe le souhaite. Mettons à profit ces 15 jours pour travailler », a déclaré le Premier ministre aux députés PS au lendemain de l'annonce d'un report du passage de la réforme du code du travail en conseil des ministres du 9 au 24 mars.

Face à des « interrogations fortes » sur le texte, « le temps que nous avons dégagé est là pour le dialogue. Mais cela ne remet pas en cause le calendrier global » sur le vote du projet de loi, a insisté le locataire de Matignon en réunion de groupe socialiste.

« On est loin du 49-3... »

Ce séminaire, qui était une demande des députés PS, dont une partie est très remontée contre l'avant-projet de loi, pourrait se tenir dès la semaine prochaine. « Chacun l'a bien compris : soit on avance ensemble, soit on échoue ensemble », a estimé une porte-parole du groupe PS, Annick Lepetit, au terme d'une réunion « plutôt calme », avec un Premier ministre « très conciliant » selon un participant. « On est loin du 49-3... », a-t-il ironisé.

Auparavant, Manuel Valls avait reçu à Matignon la présidente de la commission des Affaires sociales Catherine Lemorton et le député Christophe Sirugue, possible futur rapporteur. Principalement, « ce qui nous pose problème, c'est le plafonnement des indemnités prud'homales et les accords offensifs sur l'emploi », qui « aboutiraient à des licenciements pour motif personnel, alors que ça devrait être des licenciements économiques », avec « obligation de reclassement », a détaillé Mme Lemorton. M. Sirugue a indiqué avoir posé des conditions sur ces deux points pour « accepter d'être rapporteur ».

Du dialogue mais pas de retrait

Face aux députés, Manuel Valls est cependant resté prudent sur les points susceptibles d'être modifiés. « Je souhaite dialoguer avec les syndicats réformistes... et avec les autres. Mais il faut se rendre à l'évidence, certains veulent seulement le retrait de tout le texte », a souligné le chef du gouvernement. Un retrait qui continue d'être demandé par les « frondeurs », pour qui ce serait le « bon sens politique », selon leur chef de file Christian Paul.

Le Premier ministre a par ailleurs tenu à saluer la ministre du Travail « qui est courageuse et qui fait l'objet d'attaques ignobles sur les réseaux sociaux ». S'il a assuré que son expression sur les deux gauches « irréconciliables » ne visaient pas Martine Aubry ou la gauche du PS mais « Mélenchon, qui explique que l'exécutif est pire que Sarkozy », il a lancé une pique contre l'ancienne patronne du PS qui, dans sa tribune au vitriol la semaine dernière contre l'exécutif, avait évoqué la perspective « d'un affaiblissement durable de la France » « Dire que notre pays s'affaiblit ce n'est pas acceptable ! Et même quand on a pu le dire, nous, dans l'opposition ça m'a toujours gêné », a lancé Manuel Valls.