Des syndicats de la Société Générale ont dénoncé jeudi auprès de l'AFP la « logique purement financière » appliquée « à marche forcée » par la banque qui envisage de fermer 20% de ses agences et de supprimer 2.000 emplois d'ici à 2020.

D'après un document interne dont l'AFP a obtenu copie, la banque projette de fermer 400 agences et de supprimer 2.000 postes, dont un tiers en Ile-de-France, sur la période 2016-2020 au cours de laquelle près de 2.600 départs naturels sont prévus. La direction se veut « rassurante en disant qu'il y aura moins de postes supprimés que de départs en retraite », mais cela ne règle pas le problème des mobilités contraintes, selon Philippe Fournil (CGT).

« Ils forcent la main aux salariés en disant ''c'est ce poste-là et rien d'autre'' », ajoute Isabelle Blanquet-Leroy (FO), qui redoute des mutations forcées « à plusieurs centaines de kilomètres » pour des salariés en province. La direction « avance à marche forcée », c'est « inquiétant car rien ne garantit l'avenir des salariés concernés par les suppressions de postes », redoute Mathieu Pué (CFDT), pour qui « la fermeture de certaines agences peut se justifier mais pas les postes ».

Le numérique : « un pretexte pour réduire la masse salariale »

La Société Générale a confirmé jeudi une réduction de 20% du nombre de ses agences d'ici 2020, en raison d'une baisse de fréquentation due à l'essor du numérique. Elle a annoncé au même moment un bénéfice net de 1,1 milliard d'euros au troisième trimestre. Pour M. Pué, « le numérique est devenu un prétexte pour réduire la masse salariale » alors qu'il « ne réduit pas la charge de travail ». Le projet « répond à une logique purement financière plutôt qu'opérationnelle », a commenté M. Fournil. « On est dans une entreprise qui fait des bénéfices, qui reçoit 30 millions d'euros du CICE et qui supprime 2.000 postes sur cinq années », a déploré de son côté Mme Blanquet-Leroy.

74 fermetures dès 2016

Selon elle, la Société Générale envisage de fermer 74 agences dès 2016 puis environ 80 par an jusqu'à la fin de la restructuration. Les fermetures auront lieu « surtout dans les zones relativement denses », d'après Daniel Petrucci (SNB/CFE-CGC), citant le cas d'agences situées « à 300 mètres l'une de l'autre » dans certaines villes. Direction et syndicats vont négocier jusqu'à la fin d'année un accord pour les mesures d'accompagnement. « Le nombre de fermetures d'agences et de suppressions d'emplois va essentiellement dépendre » de ces négociations, dit M. Fournil.

Pour le SNB, l'enjeu est que les salariés aient « la possibilité de pouvoir refuser le poste, sans pour cela qu'il y ait des moyens de pressions mis sur eux ». « Ce qu'on refuse, c'est qu'il y ait des affectations qui soient faites systématiquement », il faut « des garanties » pour les agents impactés, des entretiens individuels avec les responsables des ressources humaines et « un plan de formation personnalisé » pour chacun, insiste M. Petrucci.