Airbnb, spécialiste américain de l'hébergement chez l'habitant, a déclaré vendredi à l'AFP n'avoir rien à se reprocher, après avoir été pointé du doigt par BFM Business pour ses pratiques d'optimisation fiscale.

« Nous n'avons eu ni contrôle fiscal, ni redressement fiscal en France. Nous sommes dans les règles. Nous payons nos impôts dans les pays où nous opérons », a déclaré une porte-parole d'Airbnb en France.

BFM Business a mis vendredi en exergue le montage fiscal de sociétés qui permet à Airbnb d'user avantageusement de la fiscalité irlandaise et de ne payer en France que des impôts « ridicules », à savoir 97.692 euros en 2013, selon le média, qui estime le volume d'affaires du site entre 100 et 130 millions d'euros en 2013 en France.

« Nous sommes un groupe privé et nous ne communiquons pas sur notre volume d'activité », ni en France ni ailleurs, a rappelé à l'AFP la porte-parole d'Airbnb. Le site se rémunère sur des commissions prélevées à la fois auprès des hébergeurs qui mettent en ligne leur logement et auprès des utilisateurs. « Il est exact que l'enregistrement des utilisateurs et des logements se fait depuis avril directement auprès d'Airbnb Ireland », a confirmé la porte-parole. Airbnb Ireland chapeaute la « filiale de promotion » Airbnb France, a-t-elle expliqué.

Filiales dans le Delaware et à Jersey

Au-dessus d'Airbnb Ireland, basé à Dublin, se trouve l'Américaine Airbnb Inc., immatriculée au Delaware, un Etat américain connu pour sa fiscalité très avantageuse. Selon BFM, Airbnb a aussi ouvert en novembre et décembre 2013 trois nouvelles filiales dans le paradis fiscal de Jersey pour parfaire son dispositif. Puis deux autres en Irlande, détenues par ces filiales jersiaises, précise BFM.

Le sujet n'est pas nouveau. De nombreux géants américains du net se jouent de la panoplie de lois en vigueur dans les différents pays d'Europe et affectionnent l'Irlande pour son faible taux d'imposition des sociétés et ses niches fiscales. Google avait reconnu fin avril avoir reçu « une notification » du gouvernement français relative à un redressement fiscal et avoir provisionné des sommes en ce sens, sans en préciser le montant. Différentes sources en France avaient parlé en février d'un redressement compris entre 500 millions et un milliard d'euros.

Grâce à une série de montages financiers parfaitement légaux, Google ne paie lui aussi qu'un faible pourcentage d'impôts en France, car la quasi-totalité de ses revenus transitent par l'Irlande, les Pays-Bas et le paradis fiscal des Bermudes. Le gouvernement français s'est prononcé à de nombreuses reprises pour une nouvelle fiscalité numérique qui permettrait de combattre l'optimisation fiscale pratiquée par les géants étrangers du net.

Google, Amazon, Facebook, Apple, eBay, LinkedIn. sont autant de groupes technologiques américains dans le collimateur des autorités fiscales en France et ailleurs en Europe, voire à Bruxelles. Bercy avait aussi réclamé à Amazon quelque 200 millions d'euros d'arriérés d'impôts et de pénalités pour les années 2006-2010.