Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve a estimé jeudi que le scandale causé par les mensonges de son prédécesseur Jérôme Cahuzac autour d'un compte secret détenu à l'étranger n'était « pas une affaire d'Etat » mais reflétait le « manquement grave » d'un homme.

« C'est un manquement individuel très grave. Ce n'est pas la mise en place d'un système de corruption qui atteindrait un parti, un groupe, un Etat », a déclaré Bernard Cazeneuve sur la radio Europe 1.

Interrogé sur sa réaction après les aveux de son prédécesseur, le ministre a répondu : « J'ai ressenti un sentiment très humain qui s'appelle le chagrin, immense ». « Je lui ai posé à plusieurs reprises la question et il m'a toujours indiqué que cela n'était pas vrai et c'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, dans cette période qui était difficile pour lui, j'étais à ses côtés, je l'ai cru. On croit souvent ses amis. (...) Je lui ai fait confiance. Et aujourd'hui, cette confiance est déçue, trahie ».

« En politique, comme dans la vie humaine, il y a un lien, qui est un lien extrêmement ténu, qui peut se couper d'un coup –d'ailleurs cette histoire en témoigne– qui est le lien de la confiance. Il est essentiel en amitié, il est encore plus essentiel en politique », a-t-il poursuivi.

Une « muraille de Chine » à Bercy

En ce qui concerne les accusations à l'encontre du ministre de l'Economie Pierre Moscovici selon lesquelles il aurait protégé Jérôme Cahuzac, Bernard Cazeneuve a relevé qu'il y avait eu une « muraille de Chine » (un cloisonnement étanche) entre les affaires personnelles de Cahuzac et le ministre, et que Bercy avait « communiqué tous les éléments à la Justice ».

Pierre Moscovici a de nouveau rejeté « fermement » mercredi les allégations de complaisance ou de dissimulation dans l'affaire Cahuzac, en expliquant en détails l'action de son administration dans la gestion de ce dossier.