Le nouveau ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve, a estimé mercredi qu'« on ne peut pas remplacer » Jérôme Cahuzac mais lui « succéder ». Il a reconnu que s'il n'avait pas la même « connaissance fine » des méandres budgétaires, il n'avait pas « peur de la technicité des choses ».

« On peut succéder à Jérôme Cahuzac, on ne peut pas le remplacer », a déclaré sur RTL Bernard Cazeneuve, qui doit prendre ses fonctions à 12h à Bercy après la démission mardi de l'ancien ministre du Budget visé par une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale. Le nouveau ministre a insisté peu après sur Europe 1 sur ses liens avec son prédécesseur, évoquant un « ami personnel ». Il s'est dit convaincu de la « sincérité » de Jérôme Cahuzac, qui clame son innocence depuis le début de l'affaire.

Cazeneuve a indiqué avoir appris sa nomination par un appel du Premier ministre Jean-Marc Ayrault mardi vers 17h. « Quand on a une sollicitation de ce type dans un contexte extrêmement difficile, au moment où nous avons un travail de redressement engagé, on ne se pose pas de question, on fait le travail », a-t-il expliqué.

Maîtriser la matière

Interrogé sur la difficulté de se plonger immédiatement dans une matière complexe, en pleine élaboration du projet de budget 2014, il a assuré ne pas avoir « peur de la technicité des choses », tout en reconnaissant ne pas avoir « la connaissance fine qu'en avait Jérôme Cahuzac ». « Le ministère que je quitte n'était pas le ministère de la poésie, c'est un ministère technique, difficile, compliqué, avec beaucoup d'enjeux », a ajouté Bernard Cazeneuve, titulaire jusqu'ici du portefeuille des Affaires européennes. « Je vais me faire pendant quelques jours, quelques semaines, pendant de longues heures, papivore », a-t-il annoncé, « je vais lire pour intégrer la matière que je ne maîtrise pas aussi bien qu'il la maîtrisait ».

« C'est un ministère qui implique énormément d'humilité (...) et étant quelqu'un qui ne s'exprime sur les choses que du moment qu'il les maîtrise, je prendrai le temps de les maîtriser », a-t-il prévenu, demandant au journaliste ne pas l'interroger « sur le taux de TVA des cravates ».

Interrogé sur la forte personnalité de son prédécesseur qui avait entamé cette semaine des discussions s'annonçant âpres avec les ministres pour identifier 5 milliards d'euros d'économies, Bernard Cazeneuve a promis « beaucoup de rigueur, beaucoup de fermeté, beaucoup de compréhension de la situation du pays et de la situation de chaque ministère ».

Interrogé un peu plus tard dans la cour de l'Elysée, à la sortie du Conseil des ministres, M. Cazeneuve a assuré devant la presse qu'il s'inscrivait « tout à fait dans la continuité de Jérôme Cahuzac ». « Il faut que le sérieux budgétaire soit la feuille de route du gouvernement et que les efforts que nous faisons pour rétablir les comptes n'obèrent pas la volonté qui est la notre de créer les conditions de la croissance », a-t-il fait valoir. « Nous allons présenter conformément au calendrier parlementaire prévu (le) programme de stabilité devant le Parlement ainsi que le programme national de réformes ». « Nous allons le faire dans le cadre de la feuille de route donnée par le président de la République et le Premier ministre : sérieux budgétaire, croissance et solidarité », a réaffirmé M. Cazeneuve.