La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'est dite mercredi « pas certaine » que le mouvement des « médecins-pigeons », qui veulent défendre la liberté tarifaire, soit « très représentatif », tandis qu'un syndicat d'internes des hôpitaux a lancé un préavis de grève sur des thématiques semblables.

Un chirurgien plasticien niçois a créé dimanche soir sur Facebook une page, intitulée « Les médecins ne sont pas des pigeons », qui a compté rapidement des milliers de professionnels. On en dénombrait 21.000 mercredi à la mi-journée.

« Je crois qu'il y a dans notre pays une attente de responsabilité, de raison », a déclaré Marisol Touraine à l'issue du Conseil des ministres devant lequel a été présenté le projet de loi de budget de la Sécurité sociale. « Honnêtement, je ne suis pas certaine que ce mouvement, qui est parti d'une volonté de défense de certains chirurgiens esthétiques, soit très représentatif de la majorité du milieu médical », a-t-elle confié.

La page Facebook qui se veut « le forum des médecins unis de France » prône « une médecine de valeur à sa juste valeur ». Il y est demandé une revalorisation du secteur 1 (médecins appliquant le tarif Sécu) et aussi du secteur 2 à honoraires libres. Or des négociations sont actuellement en cours – la prochaine réunion aura lieu jeudi – visant à réguler les dépassements d'honoraires pratiqués par les médecins de secteur 2, considérés par le gouvernement comme un obstacle à l'accès aux soins des ménages modestes. Un « enjeu majeur », selon Marisol Touraine.

« Des dépassements qui ne sont plus acceptables »

Même si des médecins participent en leur nom personnel à la page Facebook, au moins un syndicat médical, le SML (syndicat des médecins libéraux), grand défenseur de la liberté tarifaire, ne se cache pas de soutenir et d'alimenter ce mouvement de protestation sur internet. Parallèlement, pour peser sur les négociations, l'ISNIH (Inter syndicat national des internes des hôpitaux) a envoyé mercredi à la ministre une lettre recommandée pour un préavis de grève le mercredi 17 octobre, dernier jour des pourparlers. Si les négociations devaient échouer, MarisolTouraine a maintes fois affirmé qu'elle passerait par la loi.

« Je le dis simplement mais fortement : il y a dans notre pays des dépassements d'honoraires qui ne sont plus acceptables », a déclaré la ministre. Sur les négociations « il est important de dire que nous en attendons beaucoup et je n'ai pas l'intention de valider un accord de façade », a-t-elle ajouté

Mais pour l'ISNIH, « depuis le début des négociations on stigmatise les médecins », a déclaré Emmanuel Loeb, président de ce syndicat qui est présent aux négociations en tant qu'observateur. Lancées fin juillet et ayant véritablement commencé début septembre, ces négociations regroupent l'assurance maladie, les complémentaires santé (censées rembourser des dépassements régulés) et les syndicats de médecins libéraux représentatifs.