Selon des documents publiés mercredi, le portefeuille de titres d'Etat français détenu par CNP Assurances a bondi de près de 12 milliards d'euros en un semestre, signe d'un recentrage très net de l'assureur sur la dette de son pays d'origine.

Entre fin juin et fin décembre 2011, le portefeuille est passé de 47,1 milliards à 59,0 milliards, mesuré par l'exposition brute à la juste valeur (indicateur de référence). Une évolution confirmée par le directeur financier de l'assureur, Antoine Lissowski : « Nous investissons essentiellement dans des titres d'Etat français »

Ce choix s'est opéré au détriment des titres d'Etats dits périphériques, mais aussi des pays jugés les plus sûrs de la zone euro. Selon le directeur général, Gilles Benoist, le groupe a procédé à des cessions de dette souveraine de pays périphériques au cours de la période, des ventes génératrices de moins-values dont l'effet a été compensé par des cessions d'obligations souveraines de pays les mieux notés de la zone euro, porteurs eux de plus-values. Les évolutions les plus marquantes concernent l'Espagne, dont CNP ne détenait plus, fin 2011, que 5,7 milliards contre 9,8 fin juin, la Finlande (430 millions contre 1,8 milliard) et les Pays-Bas (793 millions contre 3,3 milliards).

Risques pas assez rémunérateurs

Interrogé quant à son positionnement sur les émissions actuelles de dette par les pays considérés comme les plus sûrs de la zone euro, hors France, Antoine Lissowski a confirmé que CNP n'y était plus aussi assidu que par le passé. « Il faut avoir beaucoup d'appétit pour investir dans de la dette à 1% », a-t-il expliqué. « Ce n'est pas tellement qu'on n'aime pas ces risques-là, c'est qu'ils ne sont pas rémunérateurs ».

Au-delà de la seule problématique des rendements, CNP cherche à « être de plus en plus adossé (sur le plan des placements financiers) aux pays dans lesquels sont souscrits les contrats », a indiqué Gille Benoist. « Nos clients italiens, s'il y a des difficultés sur la dette italienne, ne nous en voudrons pas d'avoir acheté de la dette italienne; même chose pour la France. Cela explique nos achats relativement intenses de dette française ».