François Fillon a affirmé jeudi que le discours de l'opposition sur la réduction des déficits n'aurait "aucune espèce de crédibilité" tant qu'elle ne reconnaîtrait pas la nécessité de la réforme des retraites, et jugé que les critiques du plan anti-déficit manquaient "de cohérence".

« La critique fait partie du débat républicain et je veux dire que je l'accepte comme telle et que je la considère comme constructive », a déclaré le Premier ministre, qui s'exprimait lors d'un déplacement à Beauvais sur le thème de l'emploi des jeunes. Mais « tant que l'opposition n'aura pas reconnu la nécessité de (la) réforme des retraites, tout son discours sur la réduction des déficits n'aura aucune espèce de crédibilité ».

Abordant spécifiquement la question du plan anti-déficit présenté mercredi, qui doit permettre d'économiser 12 milliards d'euros en 2011 et 2012, le chef du gouvernement a indiqué avoir « bien entendu les critiques », mais ajouté qu'elles manquaient « de cohérence ». « Certains ont estimé que notre plan avait les allures d'une cure d'austérité, quand d'autres considèrent qu'il n'est pas assez sévère. Et parfois, ce sont les mêmes qui nous reprochaient, avant l'annonce des mesures, de compromettre la croissance en soumettant la France (...) à la +dictature des marchés+ qui nous reprochent aujourd'hui de ne pas en faire assez ! ».

Visant là encore l'opposition, François Fillon a relevé qu'il ne s'agissait pas du « rôle le plus agréable que celui qui consiste à présenter des mesures d'économie ». « Mais je préfère être dans ce rôle que dans celui de ceux » qui s'opposent à la règle d'or budgétaire, a-t-il noté.

Les chiffres du chômage sont « mauvais »

Entouré d'une demi-douzaine de ministres dont celui du Travail Xavier Bertrand, le chef du gouvernement a par ailleurs reconnu que les chiffres du chômage publiés jeudi étaient « mauvais », avec notamment une nouvelle hausse de 1,3% pour les demandeurs sans activité. « Ces chiffres sont essentiellement liés au ralentissement de notre croissance », nulle au deuxième trimestre et qui a contraint le gouvernement à revoir à la baisse (à 1,75%) ses prévisions pour 2011 et 2012.

Evoquant le poids des difficultés de l'économie américaine, des conséquences du séisme (de mars) au Japon et de la hausse des prix du pétrole, il a toutefois avancé que certains de ces phénomènes allaient « progressivement se résorber ». « Tous les leviers d'action » sont mis à contribution, a signalé François Fillon.

Après avoir visité une entreprise -Telecoise- comptant quelque 10% d'apprentis, il a abordé la question de l'emploi des jeunes, affirmant vouloir « miser à fond sur l'alternance », « solution d'insertion durable ». Il a annoncé la mise en route de trois nouveaux projets -pour un montant de 21 millions d'euros- qui doivent permettre la création « de plus de 2.500 places en CFA (Centre de formation d'apprentis) et plus de 400 places d'hébergement », à Brest, Reims et Illkirch (Bas-Rhin).