La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a précisé lundi que les avoirs tunisiens dans les banques françaises étaient sous "vigilance particulière", mais qu'il n'y avait pas de "gel des avoirs" car cela nécessite une décision judiciaire ou internationale.

Interrogée sur Europe 1, Mme Lagarde a déclaré que le gouvernement avait demandé à Tracfin, organisme de lutte contre les mouvements suspects de capitaux, « d'exercer une vigilance particulière » et de procéder à un « blocage administratif ». « Ce n'est pas exactement un gel des avoirs, puisque le gel ne se décide que sur une décision judiciaire ou une décision internationale », a-t-elle précisé.

Avec le ministre du Budget, François Baroin, « nous avons demandé à Tracfin de demander à toutes les banques françaises d'être en vigilance extrême sur tous les mouvements de fonds et les demandes de transferts concernant les comptes et les avoirs tunisiens », a-t-elle ajouté, sans préciser les montants concernés. « Ils doivent en cas de mouvement anormal, curieux, par son montant, sa destination, alerter Tracfin », a-t-elle poursuivi.

Un blocage administratif

Tracfin a la possibilité de « bloquer pendant 48 heures et ensuite de saisir une instance judiciaire », a ajouté Mme Lagarde. « C'est très souvent ce qu'il se passe dans des situations troubles de ce type, en cas de changement et de transition de régime », a-t-elle dit. Interrogée pour savoir pourquoi ces avoirs n'avaient pas été bloqués avant, Mme Lagarde a répondu que « le caractère douteux des avoirs » apparaît « au moment où des instances démocratiques différentes se mettent en place ».

La ministre a ajouté que la France, comme la Suède, la Suisse et la Grande-Bretagne, étaient à l'initiative du programme « Stolen Asset Recovery » (Star) qui permet à des Etats légitimes ou des propriétaires légitimes, qui auraient été spoliés par des chefs d'Etat ou des gouvernements, de récupérer leurs biens. Le président français Nicolas Sarkozy avait affirmé samedi que la France avait pris « les dispositions nécessaires pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France soient bloqués administrativement ».

En ce qui concerne les biens immobiliers, « c'est moins compliqué », a expliqué Mme Largarde « parce que ce n'est pas mobile ou transférable sur un simple clic informatique ». Cependant, « les notaires sont sous la même contraintes » que les banquiers et « il doivent soumettre à Tracfin tout mouvement possible, y compris sur l'immobilier », a-t-elle souligné.