La polémique sur le cumul des fonctions de ministre et de trésorier de l'UMP d'Eric Woerth s'est poursuivie jeudi, Martine Aubry (PS) dénonçant "la dérive d'un système" alors que la majorité a défendu la probité du ministre du Travail et contesté tout conflit d'intérêts.

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), a jugé « recevable » la demande PS d'une commision d'enquête parlementaire sur l'affaire Bettencourt/Woerth, estimant qu'elle « ne (posait) pas de problème de recevabilité sur le fond ». Il a également estimé qu'Eric Woerth serait « probablement » le dernier à pouvoir cumuler les fonctions de ministre et de trésorier, car, a-t-il dit, les partis tireront les conclusions de la polémique.

Au plan des procédures, le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a estimé que « tout le monde devra se taire » à l'issue des conclusions de l'enquête de l'Inspection générale des finances qui a été saisie par le ministre du Budget François Baroin et qui doit « rendre ses conclusions sous dix jours ». Un avis contesté par Marine Le Pen (FN) qui a demandé que « la justice se saisisse » du dossier, mettant en doute l'indépendance de l'enquête confiée à l'IGF.

Le député Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République, ex-UMP) a pour sa part indiqué qu'il avait déposé une proposition de loi constitutionnnelle pour « interdire le cumul des fonctions de membre du gouvernement et de trésorier dans un parti ou un groupement politique ».

Une idée exclue par le porte-parole du gouvernement Luc Chatel pour qui instaurer l'incompatibilité entre l'exercice d'une responsabilité ministérielle et la fonction de trésorier d'un parti politique ne se justifie pas, car Eric Woerth n'est pas intervenu dans le dossier fiscal de Mme Bettencourt. Il n'y a « aucun début de commencement de preuve d'un délit » à l'encontre du ministre « si ce n'est d'avoir une femme qui travaille avec une capitaliste », a abondé le chef de file des sénateurs UMP, Gérard Longuet.

Guéant à la rescousse

Alors que les ténors du camp présidentiel dénoncent depuis des jours une « chasse à l'homme » qu'orchestrerait le PS, Claude Guéant a jugé « gravissime » les accusations lancées par la gauche contre Eric Woerth estimant lui aussi, dans un entretien à paraître samedi dans le Figaro, qu'il n'avait « rien à se reprocher ». « Un honnête homme comme Eric Woerth ne songe pas à prendre de précautions parce que la tentation du conflit d'intérêts ne traverse même pas son esprit », a assuré le secrétaire général de l'Elysée.

A gauche, la première secrétaire du PS Martine Aubry a estimé que l'affaire mettait en lumière « la dérive d'un système » et d'« une société de l'argent où certains s'estiment tout permis ». Elle a aussi estimé qu'en dénonçant un « système Sarkozy corrompu », Ségolène Royal avait exprimé « ce que pensent beaucoup de Français ». Pour sa part, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin a estimé qu'il fallait « éviter » le « mélange des relations privées et des rapports publics » en conseillant de « rétablir des règles saines ». Un point de vue partagé par le sénateur centriste Jean Arthuis qui a appelé à construire une « muraille de Chine » entre ministre et trésorier. « Nous sommes là au coeur de la gouvernance éthique », a-t-il affirmé.