L'arrivée à échéance imminente d'une importante opération de la Banque Centrale Européenne (BCE) a mis mardi la pression sur les banques et le secteur interbancaire, favorisant un repli des investisseurs vers des actifs jugés solides comme le Bund allemand et les T-bills américains.

Concernant les principaux taux interbancaires, l'Euribor à trois mois est monté mardi à 0,761% contre 0,754% la veille tandis que le Libor à trois mois exprimé en dollars est resté quasi stable à 0,533%. Ces tensions ont également été palpables sur les valeurs bancaires qui ont été malmenées en Bourse, perdant entre 6 et 8% à Paris.

Le marché est dans l'attente de l'arrivée à échéance jeudi d'un prêt record de la BCE à plus d'un millier de banques de la zone euro. Ces dernières avaient emprunté 442 milliards d'euros il y a un an à un taux fixe de 1%. Les investisseurs craignent que la fin de cette opération ne provoque un brusque assèchement de la liquidité, un risque qui vient s'ajouter au risque souverain (sur la solvabilité des Etats, ndlr), a relevé Cyril Regnat chez Natixis.

Un risque de défaut des banques ?

Pour le stratégiste obligataire, la demande pour les opérations de refinancement à trois mois de la BCE qui a lieu mercredi devrait toutefois être assez forte pour maintenir un excès de liquidité. Mais « voir les banques européennes aller au guichet de la BCE est interprété comme un signe de faiblesse », souligne-t-il.

En outre, « certaines banques s'inquiètent (..) du raccourcissement progressif imposé par la BCE aux modalités de refinancement des banques de la zone euro (la banque centrale maintient des facilités de financement à 3 mois à taux fixe à montant illimité) », développe Valérie Plagnol, stratégiste obligataire chez CM-CIC Securities dans une note de marché.

Interrogé sur le sujet, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a reconnu mardi que le « marché interbancaire (est) moins solide et moins confiant qu'il ne l'était avant ». Il a toutefois écarté l'idée que les banques de la zone euro ne puissent pas rembourser les prêts de la BCE.

Fuite vers la qualité

Ces inquiétudes sur la solidité des banques en zone euro ont incité les investisseurs à se tourner, sur le marché obligataire, vers les actifs les plus solides comme ceux de l'Allemagne et des Etats-Unis. Le Bund allemand à 10 ans qui sert de référence en Europe est ainsi passé à 2,552% contre 2,579% lundi soir. Il évoluait près de ses plus bas historiques, à 2,50% atteint le 8 juin, ce qui signifie que les investisseurs sont prêts à payer ce papier jugé sûr à un prix très élevé.

Aux Etats-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans reculait à 2,971% contre 3,032% lundi soir et celui du bon à 30 ans à 3,961% contre 4,013% la veille. Les taux à échéances courtes sont montés à 0,14% contre 0,13% lundi. Le taux de l'obligation américaine à deux ans a même atteint un plus bas niveau historique à 0,586%, reflétant le mouvement de fuite vers la qualité. Il s'établissait vers 16H00 GMT à 0,609%.

Concernant le reste du marché obligataire, le rendement de l'OAT s'est détendu à 3,066% contre 3,110% lundi et celui du Gilt britannique est remonté à 3,385% contre 3,373% lundi. Pris dans la tourmente, les titres grecs ont vu la pression se relâcher mardi: le rendement grec à 10 ans était à 10,438% contre 10,538% lundi.En revanche, les tensions étaient vives sur l'Espagne qui doit procéder jeudi à une adjudication et va tenter de lever 2,5 milliards d'euros. Les rendements espagnols sont grimpés à 4,602% contre 4,527% lundi.