Le président français Nicolas Sarkozy, poursuivant une politique d'ouverture à gauche, a nommé un député socialiste, Didier Migaud, à la tête de la Cour des comptes, chargée de contrôler la gestion de l'administration et des services publics.

Le député, qui était jusqu'à présent président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, a été nommé mardi en Conseil des ministres en remplacement de Philippe Séguin, grande figure de la vie politique française décédé brutalement début janvier, a annoncé la ministre de l'Economie Christine Lagarde.

Ce poste très prestigieux avait toujours été confié jusqu'ici à un homme de la même tendance que le pouvoir en place.

M. Migaud, 57 ans, député de l'Isère (centre-est), est au sein du parti socialiste un proche de l'ancien Premier ministre Laurent Fabius.

A la présidence de la commission des Finances, un poste qui, avant l'arrivée au pouvoir de M. Sarkozy, était également toujours confié à un représentant de la majorité parlementaire, il a su tenir l'équilibre entre son rôle institutionnel et ses critiques constantes contre la politique économique du gouvernement, estiment nombre de députés de tous bords.

Le député dénonce régulièrement le coût des exonérations fiscales du gouvernement qui ont coûté, selon lui, 22 milliards à l'Etat sur trois ans.

Selon l'ancien ministre socialiste de la Culture et de l'Education Jack Lang, qui a été chargé de plusieurs missions internationales par M. Sarkozy, cette nomination est "un geste fort d'ouverture intellectuelle et politique qui, à ma connaissance, ne comporte, en ce domaine, aucun précédent".

Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a qualifié cette nomination de "choix historique".

"Le fait de nommer à la tête de l'organe de contrôle un responsable politique de l'opposition notamment au moment où la Cour des comptes s'est vue autorisée l'audit et le contrôle de l'Elysée, c'est un signe fort de la part du président de la République et du gouvernement", a-t-il insisté.