Selon le quotidien Le Parisien, un ex cadre informatique de la HSBC Private Bank de Genève a volé des milliers d'informations sur des comptes en Suisse avant de les transmettre au fisc français.

La France a-t-elle acheté des informations bancaires ? C’est en tout cas ce que laisse entendre le Parisien de mercredi. Selon le quotidien, un ex employé de la HSBC Private Bank de Genève a dérobé « des milliers d’informations sur des comptes bancaires avant de les transmettre à la France ».

Une information qui fait désordre alors qu’en août, le ministre du Budget, Eric Woerth, annonçait qu’il disposait d’une liste de 3000 détenteurs de comptes en Suisse, soupçonnés d’évasion fiscale.

D’après les informations du Parisien, une partie de ces noms proviendrait de ce vol, commis fin 2008, par l’ancien cadre informatique de la banque, aujourd’hui réfugié près de Nice sous protection policière.

Une enquête préliminaire avait déjà été ouverte en juin par le procureur de Nice, Eric de Montgolfier, qui soupçonne certaines personnes de son territoire d’avoir ouvert des comptes dans la banque suisse afin de blanchir de l’argent. Une enquête menée en collaboration avec l’ancien cadre « voleur » de la banque genevoise. Interrogé par l’AFP, le procureur n’a pas souhaité faire de commentaires et a « trouvé irresponsable qu’on en ait fait » autant sur ce dossier.

"Probable qu'une transaction ait eu lieu" selon un enquêteur

De son côté, HSBC Private Bank a porté plainte. Même si elle confirme le vol, elle assure au Parisien qu’en « l’état de (ses) connaissances », il ne concerne « pas plus de 10 clients ».

Interrogé par l’AFP, le ministère du Budget n’a souhaité « ni confirmer ni infirmer » et a rappelé que le ministre a « toujours assuré qu’il avait plusieurs sources » pour établir cette liste, et « qu’il n’a jamais payé pour obtenir quoi que ce soit ».

L’informaticien de 38 ans, dont le nom n'a pas été dévoilé, aurait piraté l’ensemble des comptes de l’établissement avant de se volatiliser et de remettre les informations au fisc. Des informations qui, selon Maître Patrick Rizzo, l’avocat de l’ex employé n’ont en aucun cas été achetées par la France : « Je ne laisserai personne dire cela ». A contrario, pour un enquêteur cité par le Parisien, il est « probable » qu’une transaction ait eu lieu.

Eric Woerth : "On ne paye pas"

Interrogée ce matin sur RMC, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a raconté avoir téléphoné à son collègue du Budget Eric Woerth « pour savoir si on avait payé. « Il m’a dit "on ne paye pas" » a-t-elle assuré. « Le fisc français détient beaucoup d'informations, d'abord parce qu'il y a des sources multiples », a expliqué Mme Lagarde. « Et puis je vous rappelle que depuis maintenant un an, avec Eric (Woerth), on mène un combat forcené pour faire revenir des expatriés fiscaux qui ont choisi un autre pays pour placer leur patrimoine », a-t-elle ajouté.

En attendant, cette liste risque bien de jeter un pavé dans la mare, puisque des personnalités françaises, dont un humoriste et des politiques, y figureraient, selon certains membres de la cellule d’enquête interrogés par le Parisien.