crapoduc
Contributeur régulier
Voici l’arrêt en question.
Que nous apprend-t-il ?
1) La Cour d’appel vient de modifier sa jurisprudence constante qui expliquait que le mois normalisé ne s’appliquait pas aux crédits immobiliers.
Désormais, les magistrats nous disent :
« L’emprunteur qui se prévaut de l’irrégularité doit prouver que la banque n’a pas calculé les intérêts sur la base d’une année civile de 365 jours.
Cependant, il doit également prouver que le taux n’a pas été calculé en fonction d’un mois normalisé de 30,41666 jours rapporté à la durée de l’année civile. En effet, calculer les intérêts à partir d’une année de 365 jours et de 12 mois normalisés de 30,41666 jours aboutit au même résultat mathématique qu’en retenant une année de 360 jours et 12 mois de 30 jours. »
En cela, ils contredisent ce qu'ils avaient souvent énoncé précédemment. Comme quoi, on en revient à l'insécurité juridique dont il a souvent été question ici, ce qui est anormal dans un état de droit.
2) Ils ont une curieuse lecture de l'article L.312-8 du Code de la consommation, qui concerne les formalités obligatoires de l'offre (et pas l'erreur dans le contrat), dont la seule sanction est celle édictée par l'article L.312-33 du même code, qui précise qu'il s'agit d'une déchéance du droit aux intérêts du prêteur, en totalité ou dans la proportion fixée par le juge.
Pourtant, les magistrats écrivent à tort (sic !) : « Ainsi, la sanction du non respect des articles L.312-8 3° et L.313-1 du code de la consommation est la nullité de la stipulation d’intérêts, entraînant substitution du taux légal au taux conventionnel. La mention d’un TEG erroné dans l’offre de prêt équivaut à l’absence de mention du TEG et est donc sanctionnée de la même manière. »
C'est quand même du grand n'importe quoi !
Les textes sont pourtant clairs, et il est regrettable qu'une juridiction du second degré soit infoutue de les appliquer. Où est le respect du droit ?
Décidément, ce contentieux lombard continue de faire couler beaucoup d'encre...
L'emprunteur perd, mais ce n'est pas pour cela que je m'énerve. Je sais être objectif.
Bien cordialement.
Chercheur de Jurisprudences
Hello,
De plus il est dit dans le jugement :
"Il importe peu que le recours au mois normalisé ne soit prévu par aucun texte, comme le soutiennent les époux X, dès lors que le calcul effectué sur la base d’une année lombarde avec un mois de 30 jours est mathématiquement équivalent au calcul effectué sur la base d’une année civile avec un mois normalisé de 30,41666 jours."
C'est du grand n'importe quoi, ce n'est en rien équivalent. En toute logique, et si le mois normalisé était autorisé, il faudrait calculer les intérêts intercalaires en base 365 ou 366. L'usage de l'année lombarde impose pour les intérêts intercalaires l'usage de la base 360 (ce qui donne un taux journalier supérieur) => ce n'est donc pas équivalent.
Un crédit est "vivant", il y a des intérêts intercalaires, des rachats anticipés et des pénalités associées, des modulations de montant ou de durée..... dans tous ces cas, qui concernent la vie de la grande majorité des crédits, la base utilisée a un réel impact.
Le crapaud.