flo1810
Contributeur
Je reprends ce que dit Tomas466 :
Le problème c'est que sur les 130 dépensés, il y a une partie importante qui est redistribuée. Si on comprend ce que réclament les gilets jaunes, il ne faut pas faire d'économie sur la part redistribuée (au sens large, je pense par exemple qu'un grand plan d'économies qui amènerait une réduction des services publics ne plairait pas aux gilets jaunes). Donc il faudrait maintenir toutes les aides ET les services actuels.
Alors certes, voyant de l'intérieur (je travaille dans une fac qui perd 5 millions par an et qui, par conséquent, est placée sous la tutelle financière de l'État) ce qui se passe, on peut faire des économies. Mais dans ma fac, ce qu'on fait c'est :
- supprimer des postes d'enseignants/chercheurs (mais peu, parce que fonctionnaires) ;
- supprimer des équivalents temps plein annexes, comme le personnel de ménage (ça c'est plus facile, on passe déjà parfois par des contrats avec le privé) : mais la conséquence, c'est qu'on commence de plus en plus à s'inquiéter pour nos poumons, à cause de la poussière de craie dans les bureaux ;
- supprimer des cours pour les étudiants, faire des séances d'exercices à 50 ;
- retarder les investissements nécessaires (toitures qui prennent l'eau, fenêtres cassées, isolation absente, radiateurs sans thermostats qui nous obligent à ouvrir les fenêtres en hiver pour ne pas avoir trop chaud...).
Par contre :
- certains dossiers simples nécessitent toujours la signature de 4 ou 5 administrations, par des gens qui ne les lisent probablement pas sérieusement (et du coup, certains doctorants enseignent depuis septembre sans contrat de travail, parce qu'il n'a pas encore été établi) - je vous laisse imaginer la quantité de papiers que je vais avoir à remplir et faire transiter pour soutenir ma thèse (certaines procédures prennent 2 mois) ;
- on maintient les buffets de rentrée (dans mon labo : buffet pour 250 enseignants/chercheurs/doctorants ; le "petit personnel" et les étudiants ne sont évidemment pas conviés ; les serveurs portent des gants blancs, c'est plus sympa de ne pas avoir à aller chercher soi-même des petits fours), et autres pauses gourmandes hebdomadaires (chouquettes, kouignettes, madeleines au caramel...) ;
- on fait des travaux dans la salle de repos du labo et on lance un grand débat sur la couleur des fauteuils (évidemment, en passant par la liste de diffusion math.tous, car il ne faudrait surtout pas que quiconque passe à côté de cette consultation majeure).
En d'autres termes : on en fait déjà des économies. C'est juste qu'on préfère s'attaquer à l'os plutôt qu'au gras.
Comme on le dit chez Contribuables Associés, lorsque l'État français (au global) prélève 100, il dépense 130. Alors si finalement il ne prélève plus que 95, il a un souci encore plus gros que d'habitude.
Le problème c'est que sur les 130 dépensés, il y a une partie importante qui est redistribuée. Si on comprend ce que réclament les gilets jaunes, il ne faut pas faire d'économie sur la part redistribuée (au sens large, je pense par exemple qu'un grand plan d'économies qui amènerait une réduction des services publics ne plairait pas aux gilets jaunes). Donc il faudrait maintenir toutes les aides ET les services actuels.
Alors certes, voyant de l'intérieur (je travaille dans une fac qui perd 5 millions par an et qui, par conséquent, est placée sous la tutelle financière de l'État) ce qui se passe, on peut faire des économies. Mais dans ma fac, ce qu'on fait c'est :
- supprimer des postes d'enseignants/chercheurs (mais peu, parce que fonctionnaires) ;
- supprimer des équivalents temps plein annexes, comme le personnel de ménage (ça c'est plus facile, on passe déjà parfois par des contrats avec le privé) : mais la conséquence, c'est qu'on commence de plus en plus à s'inquiéter pour nos poumons, à cause de la poussière de craie dans les bureaux ;
- supprimer des cours pour les étudiants, faire des séances d'exercices à 50 ;
- retarder les investissements nécessaires (toitures qui prennent l'eau, fenêtres cassées, isolation absente, radiateurs sans thermostats qui nous obligent à ouvrir les fenêtres en hiver pour ne pas avoir trop chaud...).
Par contre :
- certains dossiers simples nécessitent toujours la signature de 4 ou 5 administrations, par des gens qui ne les lisent probablement pas sérieusement (et du coup, certains doctorants enseignent depuis septembre sans contrat de travail, parce qu'il n'a pas encore été établi) - je vous laisse imaginer la quantité de papiers que je vais avoir à remplir et faire transiter pour soutenir ma thèse (certaines procédures prennent 2 mois) ;
- on maintient les buffets de rentrée (dans mon labo : buffet pour 250 enseignants/chercheurs/doctorants ; le "petit personnel" et les étudiants ne sont évidemment pas conviés ; les serveurs portent des gants blancs, c'est plus sympa de ne pas avoir à aller chercher soi-même des petits fours), et autres pauses gourmandes hebdomadaires (chouquettes, kouignettes, madeleines au caramel...) ;
- on fait des travaux dans la salle de repos du labo et on lance un grand débat sur la couleur des fauteuils (évidemment, en passant par la liste de diffusion math.tous, car il ne faudrait surtout pas que quiconque passe à côté de cette consultation majeure).
En d'autres termes : on en fait déjà des économies. C'est juste qu'on préfère s'attaquer à l'os plutôt qu'au gras.