C'est surtout une vision où l'État est recentré sur ses missions prioritaires dans une période où les tensions économiques le nécessitent. Si réduire les dépenses publiques et atteindre l'équilibre budgétaire est "peu adapté" à la "culture" française, alors je ressors ma phrase déjà écrite plus haut et piquée ailleurs : "ce pays est foutu" avec
46,2% du PIB capté par la puissance publique.
Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. La diminution des dépenses publiques est tout à fait faisable. Pour les dépenses de l'hôpital public, les personnes de terrain savent très bien comment réduire les dépenses
inutiles, sans toucher au personnel soignant. Ou si peu en préservant l'intérêt des malades.
Pour les investissements ou les restructurations par exemple : la direction nomme un nouveau sous-directeur du sous directeur (on ne sait plus à force) et nous demande de faire un projet avec de multiples réunions préparatoires pour le justifier. Ce qui est très compliqué pour nous qui ne sommes pas comptables.
Un an et demi de discussions avec la direction environ 1 à 2 fois par mois (sans compter les réunions préparatoires pour essayer de bien comprendre l'enjeu de ce qu'on nous demande*). C'est un travail énorme et très chronophage.
Et au final, la direction ne tient aucun compte de ces réunions de travail, et fait ce qu'elle avait décidé depuis le début comme si rien ne s'était passé.
Je perds mon temps, je préfère m'occuper des patients, lire des articles, et faire ma petite recherche clinique.
Quand on aura compris que la santé doit être gérée par des gens qui savent ce qu'est un patient, et non
uniquement par des comptables avec des tableaux excel et des chiffres en bas des colonnes, on n'en sortira pas.
Quand on aura compris qu'il faut arrêter de créer des postes de directeurs en supprimant des postes de soignants, on n'en sortira pas.
* car comme nos directeurs ne sont pas des soignants et qu'ils n'y connaissent rien, les choses qui nous paraissent évidentes peuvent passer à la trappe parce que "pas demandées". L'inverse est aussi vrai!
J'aurais mille exemple de gaspillage à vous raconter.
Donc oui, les économies à l'hôpital sont possibles mais en inadéquation avec ce que les directions ont décidé depuis bien longtemps : moins de médecins, moins d'infirmières, plus de comptabilité (c'est chouette pour eux n'est-ce-pas?) et un patient en vaut bien un autre. Ces réunions n'ont pas d'autre but que de nous faire avaler la pilule, mais c'est pire finalement.
J'imagine que ce doit être pareil dans les autres administrations publiques.
Et il y aussi moult associations qui ne servent à rien et dont le fonctionnement opaque est régulièrement dénoncé par la Cour des Comptes et des associations de contribuables, avec toutes les dérives rendues possibles par l'argent gratuit des autres. Elles se financeront désormais par les dons privés et les cotisations des membres, comme le font déjà beaucoup aujourd'hui.
J'avoue que je ne sais pas. Sont-elles majoritaires parmi toutes associations aidées par l'Etat? Quel budget cela représente-t-il?
Pourquoi, dans ce cas, les gouvernements successifs ont saigné les institutions publiques si on sait que des associations ne servent à rien?
Non, je fais fi de la culture
subventionnée, ce qui est différent. Peut-être faut-il là encore conserver des financements pour un périmètre très resserré contenant le patrimoine national, par exemple. Mais l'État n'a pas à financer des bouses cinématographiques sans nom, de
l'art très cher qui rapporte surtout à l'artiste concerné, des musées de tout et rien qui sont des gouffres financiers, des salles de spectacles occupées quelques % du temps annuel, des médiathèques dans chaque commune, des youtubeurs, et j'en passe.
Je ne sais pas d'où vous sortez ces informations. Chaque fois que je vais à l'opéra ou à la comédie française, c'est plein à craquer, et c'est un vrai parcours du combattant pour avoir des places.
Après, l'art est subjectif : cette soucoupe violante de Juppé est ridicule. Comme les colonnes de Buren. Comme la pyramide du Louvre. Comme la Tour Eiffel et l'Opéra Garnier en leurs temps.
Mais bon, j'avoue que j'ai un sérieux doute sur l'avenir de cette soucoupe volante...
Quant à la culture subventionnée, excusez-moi, elle est particulièrement nécessaire. Cela n'engage que moi, mais ce n'est ni sur TF1, ni sur M6, ni sur C8, ni sur BFM qu'on trouve des émissions un peu culturelles et bien faites qui ne s'adressent pas à vous comme si vous étiez un débile mental. Ce sont plutôt sur les chaînes publiques qu'on trouve des émissions de qualité et pédagogiques.
Où sont les émissions littéraires? les concerts? Je vous le donne en mille...
C'est le problème du Tanguy en question ou de sa famille, mais en aucun cas celui de l'État ou des autres.
Certes, vous avez raison. Mais au-delà d'une certaine somme, je maintiens la taxation...
Quant aux 100-130 milliards d'euros d'aides aux entreprises, il y a des quantités de rapports et d'études de la Cour des Comptes notamment (mais pas que) qui dressent un bilan "décevant", "inadapté" ou "peu pertinent" de bon nombre d'entre elles, quand elle ne déclenchent pas exactement l'effet inverse à ce qui est souhaité en distordant la concurrence et en subventionnant des entreprises non rentables ou qui n'existent que le temps de bénéficier des aides.
Vous pouvez lire ceci qui n'a pas pris une ride.
Alors voilà un bel exemple de gâchis qui se profile, vous avez raison. Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de cette histoire de CICE, mais il semblerait en effet que ça produise l'effet contraire de celui attendu.
Quant à l'auteur du lien que vous donnez, je n'y accorde aucun crédit. C'est du bavardage sans aucune référence qui ne serait même pas accepté par wikipédia...
Je comprends bien où vous voulez en venir, et ce sont souvent les mêmes arguments qui reviennent. On est tellement habitué en France à avoir un État omniprésent et omnipotent qu'on a du mal à imaginer ce que ce pourrait être la vie sans lui. Au-delà de ces mesures -- qui je le rappelle ne concernent pas la santé, les retraites, les aides sociales, qui sont des sujets sur lesquels il y aurait tant à dire -- c'est remettre l'individu au cœur de ses propres choix et de sa responsabilité, c'est faciliter la prise de risque et les initiatives (autrement que par des subventions s'entend), c'est prendre son propre destin en main, c'est avoir davantage d'intérêt à travailler et à participer à la collectivité en gagnant de l'argent que de rester planté à la maison sans rien faire parce que les aides sont généreuses. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas aider les plus fragiles, ça veut juste dire que le filet de sécurité doit être là où il faut et pas plus (un peu ce qu'évoquait Buffeto concernant la bobologie dans le domaine médical) pour redonner des choix aux individus. Si c'est ça être libéral, alors oui, je le suis.
Je pourrais être presque d'accord avec ce paragraphe.
Mais j'apporte une nuance en disant :
- qu'il faut bien que les deniers publics soient gérés, et mieux gérés que ce qui a été fait depuis 50 ans.
- que la liberté d'entreprendre est souhaitable, à condition que tout le monde soit sur un même pied d'égalité : pourquoi l'impôt sur les grandes sociétés qui font le plus de marges sont moins taxées que les PME et TPE?
- redonner le choix aux individus, certes. Mais comme souvent, il ne faut pas tomber dans l'excès inverse. Ca veut dire quoi "être libre"? Ca veut dire que je peux être marchand de sommeil si j'en ai envie? Ca veut dire que j'ai la liberté de payer ma femme de ménage 5€ de l'heure sans la déclarer? Ca veut dire que je peux faire du BnB dans mon appartement locatif 365 jours par an, et créer ainsi des troubles pour le voisinage (m'en fous j'y habite pas)? Ca veut dire que je peux rouler à 200 km/h sur les autoroutes?
J'exagère (à peine) exprès.
Comme disait Rousseau : "la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres."