Construction d'un CDO (Collateralized Debt Obligations - Titre de créance collatéralisé)

Jeune_padawan

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Bonjour,

Suite à des demandes sur le fonctionnement des CLO (Collateralized Loan Obligations - Obligations de prêts garantis), voici le principe de construction d'un CDO qui est le terme général de ce type de d'obligations (CLO est une sous-famille de CDO).

La configuration initiale part sur le cas d'une banque B qui possède des milliers de prêts et qui souhaite titriser ses prêts et le sortir de son bilan.


1) La banque B (l'initiateur - originator) vend ses prêts en lot (qui peut contenir de l'investment grade comme du junk) à une SPV (Special Purpose Vehicle, structure crée ad-hoc pour le besoin de l’opération) et à partir de ce moment la banque n'a plus rien à voir avec la suite des opérations.


2) La mise en place de la SPV (l'émetteur - issuer) est effectué par une banque d'investissement (Goldman Sachs, JP Morgan, ...) généralement qui s'occupe de la paperasse réglementaire. La banque d'investissement joue le rôle de l 'arrangeur (arranger).

En fonction du type d'actifs vendus par la banque B, un gérant (asset managers, actifs gérés/négociés) ou un déposant (depositor, actifs statiques comme un prêts immobiliers) rassemble la garantie sous-jacente (les prêts par exemple), aidera à structurer les titres et travaillera avec les marchés financiers pour vendre les titres aux investisseurs.
Généralement c'est également une banque d'investissement qui tient ce rôle ou du moins le déposant est lié à la SPV (filiale).



3) Et c'est le plus important : le rehausseur de crédit (monoline).

La SPV qui émet ses CDO/CLO passe généralement par le rehausseur de crédit qui va apporter sa garantie partielle ou totale au stocks d'actifs (les prêts achetés à la banque B). Puis la SPV émet ses CDO/CLO.

Les CDO/CLO voient ainsi leur qualité de crédit devenir supérieure à celle de la dette non garantie ou du pool d'actifs sous-jacents de l'initiateur.

C'est la clé du système de titrisation. Cette opération de rehaussement est effectué par un rehausseur de crédit interne ou externe, une société spécialisé plus ou moins lié à des groupes bancaires ou d'assurances.

Le rehaussement de crédit interne comprend des mécanismes tels que le surdimensionnement, dans lequel la valeur des actifs sous-jacents dépasse la valeur des tranches émises, et l'excédent de spread, dans lequel les paiements d'intérêts sur les actifs sont supérieurs aux paiements requis aux investisseurs des tranches.
Le rehaussement de crédit externe consiste à obtenir des garanties ou une assurance auprès de tiers (les fameux CDS - Credit Default Swap), tels que des banques ou des assureurs réhausseurs de crédit, pour couvrir les pertes potentielles sur les actifs sous-jacents.

A la suite de cette opération, les titres émis sont souvent divisés en tranches ou classés selon différents degrés de subordination après étude par les agences de notation.

Les tranches supérieures (AA par exemple) ont le premier droit sur l'argent que le SPV reçoit, et les tranches les plus inférieures (BB par exemple) ne commencent à recevoir le remboursement qu'une fois que les classes les plus âgées ont été remboursées.



4) Il existe une étape optionnelle : le véhicule de refinancement.

C'est un intermédiaire que l'on place parfois (notamment en France) entre le SPV et les investisseurs. Il s'engage à racheter des titres pour les revendre sous une autre forme afin de modifier la périodicité de paiement des titres et leur nature. Cela rend les nouveaux titres plus accessibles aux investisseurs.



5) Les tranches de CDO/CLO sont distribués aux investisseurs et il reste généralement la tranche située en bas (Junior ou Subordinated ou Equity). Il ne s'agit pas d'une tranche de dette dans le CDO mais d'une participation dans le pool de sous-jacent ("des capitaux propres").

J'ai simplifié certaines opérations.


Source :
https://www.financestrategists.com/...estment/collateralized-debt-obligations-cdos/
https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/qu’est-ce-qu’un-clo
https://uk.practicallaw.thomsonreut...ansitionType=Default&contextData=(sc.Default)
https://www.lafinancepourtous.com/d...anciers/fonctionnement-du-marche/titrisation/
https://www.finance-club.eu/definitions/monoline/


Certains CDO sont composés de tranches d'autres CDO on apelle ça des CDO², des CDO synthétiques qui contiennent des CDS sans contenir de sous-jacent.

- Les CLO regroupent des prêts aux entreprises de taille moyenne et grande.
- Les SFCDO (Structured Finance CDO) sont des CDO adossés principalement à des produits structurés (tels que des titres adossés à des actifs (ABS) et des titres adossés à des créances hypothécaires(MBS))

Un CDO sans précision peut regrouper différent actifs.



Évidemment vu la complexité du produit j'ai pu faire des erreurs, ne pas prendre pour argent comptant. C'est un résumé de ce que j'ai pu trouvé suivant différentes sources.

Ce message n'est pas un conseil d'investissement.
 
Dernière modification:
Bonjour; ça me semble très clair et complet.

Pour info pour les titres émis en France on impose (et on vérifie périodiquement) que le surdimensionnement est au moins à 105%

Et on commence à voir des titrisations d’actifs plus exotique tels que la titrisation de risques assurance (un produit qui paye si tel événement climatique ne se produit pas par exemple;voir https://www.artemis.bm/deal-directory/taranis-reinsurance-dac-2023/ )
 
Et on commence à voir des titrisations d’actifs plus exotique tels que la titrisation de risques assurance (un produit qui paye si tel événement climatique ne se produit pas par exemple;voir https://www.artemis.bm/deal-directory/taranis-reinsurance-dac-2023/ )
Solution originale pour chercher du cash pour les assureurs. Par contre gare aux dérives car l’événement étant aléatoire ça peut vite couter cher, très cher.

Dans le genre exotique j'ai vu la titrisation de catalogue musicale, le plus connu étant David Bowie avec ses Bowie Bonds (https://www.rtbf.be/article/david-bowie-le-rockeur-etait-un-redoutable-homme-d-affaires-9182632).
 
Pas mal pour chercher du cash pour les assureurs. Par contre gare aux dérives car l’événement étant aléatoire ça peut vite couter cher, très cher.

Dans le genre exotique j'ai vu la titrisation de catalogue musicale, le plus connu étant David Bowie avec ses Bowie Bonds.
Ce sont de toute évidence des produits très risqués qui n’ont pas vocation à être commercialisés au public;
 
Ce sont de toute évidence des produits très risqués qui n’ont pas vocation à être commercialisés au public;
(y)
Entièrement d’accord.

Je me rappelle encore de cette réplique de The Big Short : "Les CDOs synthétiques était le bombe atomique avec le président ivre (ou bourré) prêt à appuyer sur le bouton".
Ce film c'est une référence. D’ailleurs on aperçoit un gérant de CDO qui travaille avec Merrill Lynch.

Edit : j'ai retrouvé la séquence du gérent de CDO.
 
Ce sont de toute évidence des produits très risqués qui n’ont pas vocation à être commercialisés au public;
Vous parlez des produits catastrophes naturelles ou des CDO en général?


Pourriez-vous nous donner votre sentiment sur les CLOs?
De ce que j'ai compris, on a un paquet de dettes d'entreprises, avec une assurance plus ou moins importante. Ce paquet de dette assuré/garanti est noté par une agence de notation. Du fait de l'assurance (CDS), les dettes seront mieux notées.
Puis vendu en tranches de différentes qualités aux investisseurs.
Quel crédit apporter à cette notation? Y-a-t-il eu du "ménage" depuis 2008 ?

Cdt.
 
Vous parlez des produits catastrophes naturelles ou des CDO en général?


Pourriez-vous nous donner votre sentiment sur les CLOs?
De ce que j'ai compris, on a un paquet de dettes d'entreprises, avec une assurance plus ou moins importante. Ce paquet de dette assuré/garanti est noté par une agence de notation. Du fait de l'assurance (CDS), les dettes seront mieux notées.
Puis vendu en tranches de différentes qualités aux investisseurs.
Quel crédit apporter à cette notation? Y-a-t-il eu du "ménage" depuis 2008 ?

Cdt.
Là je parlais uniquement des produits de titrisation de risques catastrophe.

Difficile de donner un avis général ça depend des produits et de la qualité des personnes qui ont participé à sa conception. Il y a eu pas mal d’avancée avec la directive STS qui encadre les opérations mais plus on titrise moins on voit ce qu’il y a dedans, ce risque reste entier su personne ne regarde.
 
Là je parlais uniquement des produits de titrisation de risques catastrophe.
Merci
Difficile de donner un avis général ça depend des produits et de la qualité des personnes qui ont participé à sa conception. Il y a eu pas mal d’avancée avec la directive STS qui encadre les opérations mais plus on titrise moins on voit ce qu’il y a dedans, ce risque reste entier su personne ne regarde.
C'est noté. Merci pour votre avis éclairé.
 
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