Obligations : une affaire de sensibilité !

Fred

(ancien taulier)
Bonjour à tous,

Juste un petit message pour signaler la publication de 2 papiers sur les obligations :
https://www.moneyvox.fr/placement/a...-passer-son-premier-ordre-avec-trade-republic
https://www.moneyvox.fr/placement/a...rtement-pas-toujours-intuitif-des-obligations

4 ans après mon départ de la société, j’ai eu le plaisir de me plonger dans le fonctionnement des obligations pour écrire ces papiers, et Maxime, le patron de MoneyVox, m’a aimablement permis leur diffusion sur le site.

Cependant, une partie jugée un peu trop technique du papier a été modifiée, et je vous la restitue ci-dessous dans sa forme quasi-originale, pour ceux que ça peut intéresser :

La sensibilité de l’obligation​

On parle de la sensibilité du cours face à une fluctuation de taux (ou simplement sensibilité de l’obligation). C’est une caractéristique que l’on retrouve sur certains sites d’information. Une sensibilité de -5 veut dire que le cours de l’obligation baisse de 5 points pour une augmentation de 1 point du rendement. Et plus la durée restante est importante, plus la sensibilité est grande.

Pour bien se représenter cette idée, voici en graphique l’évolution théorique des cours d’une obligation avec coupon annuel de 4%, en fonction de plusieurs rendements sur le marché.

1708335947845.png
La sensibilité de cette obligation est de -6,7 pour une durée restante de 8 ans lorsque son rendement est à 4% (cours à 100% de la valeur). Une hausse de 2 points du marché a pour conséquence de faire passer le cours à environ 87%. Au fil du temps, la sensibilité diminue, et elle ne sera plus que de -1, un an avant le remboursement complet.

Avec cet indicateur, même s’il reste approximatif, vous pouvez savoir facilement à quoi vous attendre si jamais la BCE baisse drastiquement les taux directeurs, et que le rendement de votre obligation se retrouve divisé par deux !

Et à défaut d’obtenir cette information, vous pouvez également utiliser une calculatrice financière ou construire vos propres simulations sur un tableur (comme Excel) pour détailler les flux actualisés des achats et des remboursements, calculer le taux de rendement interne et les différents indicateurs.
 
Bonjour,

Hello Fred ;).

A toutes fins utiles en complément de tes publications :

Cdt
Ah, je n'avais pas vu que tu continuais toujours ce blog. Bravo !
J'ai commencé à lire, mais je finirai plus tard ton post, car il demande pas mal de concentration ;)
 
Sur la relation entre les taux BCE et ceux du marché obligataire, je voudrais apporter une précision déjà rappelée dans des posts antérieurs.


Nous avons d'un côté :
=> les marchés à court terme/très court terme
+ Court terme = marché monétaire (prêts sans garantie entre banques en général <= 1 an)
+ Très court terme = refinancements BCE (avec fourniture de titres en garantie - Principal sur 7 jours - Marginal sur 1 jour)

=> les marchés à moyen/long terme
+ Actions (pas d'intérêts servis - éventuellement des dividendes)
+ Obligations (Intérêts = coupons servis)

Et l'on lit souvent que ce serait les décisions prises par la BCE en matière de taux sur le marchè à très court terme qui seraient la cause d'une modification dans le même sens des taux sur le marché obligataire.

C'est aussi ce qui est dit en filigrane dans tes publications

Il s"agit là d'un raccourci qui ne traduit pas l'exacte réalité.

L'on sait que la mission de la BCE est de veiller à la stabilité monétaire l'objectif étant que l'inflation ne dépasse pas 2%.

Si la conjoncture est telle que la dépréciation monétaire dépasse cette limite - ou risque de le dépasser - la BCE réagit par étape :
+ Annonce d'une éventuelle hausse des taux directeurs
+ Hausse modérée des taux directeurs
+ Annonces BCE de nouvelles hausses plus fortes si nécessaire; plus rapprochées si nécessaire
+ Annonces suivi d"effet.
+ Etc....

=> C'est l'effet "Forward Guidance" qui, en fait, est une courroie de transmission suggestive des marchés à court terme vers le marché obligataire.

Dès lors les investisseurs qui veillent à préserver leurs rémunérations en termes réels, c'est à dire en taux déflatés, exigent des émetteurs des taux nominaux plus rémunérateurs.

Par ricochet ce marché devenant plus attractif du fait taux plus élevés + valeur théorique plus faible mais aussi moins risqué que les actions, le marché des actions risque d'en pâtir.

En réalité, le dénominateur commun de base entre les taux très court terme BCE, court terme marché monétaire et moyen long terme obligataire est le niveau de l'inflation.

Ensuite viennent les :
+ Annonces BCE (forward guidance)
+ Décisions BCE taux directeurs
+ Exigences investisseurs sur marché obligataire.

A toutes fins utiles.

Cdt
 
Bonjour,
Toutes choses égales par ailleurs, le différentiel entre taux CT et LT va aussi faire que la valeur d'une l'obligation évoluera avec le temps qui passe. (Donc même si le taux pour chaque durée ne change pas)
Faut-il en tenir compte (si l'on envisage de revendre avant le terme) ou bien est-ce que c'est négligeable par rapport à tout ce qui peut arriver dans une économie réelle ?
 
Dernière modification:
Bonjour,
Toutes choses égales par ailleurs, le différentiel entre taux CT et LT va aussi faire que la valeur d'une l'obligation évoluera avec le temps qui passe. (Donc même si le taux pour chaque durée ne change pas)
Faut-il en tenir compte (si l'on envisage de revendre avant le terme) ou bien est-ce que c'est négligeable par rapport à tout ce qui peut arriver dans une économie réelle ?
Bonsoir,

Si je comprends bien votre question, vous parlez de la sensibilité aux taux.
Dans ce cas je vous renvoie au premier post de ce fil de @Fred.

Pour ce qui est de revendre en cours de route:
Quand vous achetez l'obligation, vous fixez un rendement (sauf si obligations à taux variables) si vous portez à l'échéance.
Par contre, si vous revendez avant cette échéance, personne ne peut vous dire à quelle valeur vous la vendrez. Cela peut être plus ou moins en fonction de la montée/ baisse des taux.
Ce qui est sûr c'est que plus vous approchez du terme, plus la sensibilité diminue. (Voir graphiques du premier post).
 
Bonjour,
La nuance, c'est que dans mon exemple, les taux ne varient pas. Mais c'est plutôt l'obligation qui se déplace d'un référentiel à un autre, ce qui a le même effet qu'une variation de taux, alors qu'aucun taux ne change dans le temps.

Or, la sensibilité est présentée pour décrire l'impact des changements de taux.

C'est peut-être juste une question de sémantique.
 
Bonjour,
La nuance, c'est que dans mon exemple, les taux ne varient pas. Mais c'est plutôt l'obligation qui se déplace d'un référentiel à un autre, ce qui a le même effet qu'une variation de taux, alors qu'aucun taux ne change dans le temps.
Vous avez donné la réponse à votre question.
Les taux ne varient pas, mais l'obligation elle a son rendement qui varie (au travers de sa valeur nominale si elle est à taux fixe ou zéro coupon). Et c'est ce qui vous intéresse ici.
Or, la sensibilité est présentée pour décrire l'impact des changements de taux.
Votre obligation est bien impactée par le changement de taux puisque vous passez d'un rendement X à X' années à un rendement Y à Y' années.
C'est peut-être juste une question de sémantique.
Oui je pense.
 
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