Le gel des tarifs va prendre fin d’ici quelques semaines. Toutefois, en fonction de l’utilisation du compte et des produits bancaires détenus, les hausses de prix ne vont pas tous vous impacter dans les mêmes proportions.

La modération tarifaire de 2019 est bel et bien finie ! Comme MoneyVox vous l’annonçait début octobre, les frais bancaires vont repartir à la hausse en 2020. Sur les quelques 126 enseignes que nous suivons, près de la moitié ont d’ores et déjà annoncé des évolutions tarifaires. Résultat, ne soyez pas surpris si la cotisation de votre carte bancaire, le prix de vos retraits aux distributeurs ou encore de certaines opérations plus ponctuelles, comme les frais de dossiers des crédits, bondissent de quelques euros ou dizaines d’euros l’an prochain.

Toutefois, en fonction de votre banque et de votre profil, vous serez plus ou moins concernés par les hausses tarifaires. En effet, lorsque les Société Générale, Banque Postale et autres Crédit Agricole font évoluer leurs tarifs, elles ne réévaluent pas uniformément le prix de l’ensemble des produits et services bancaires de leur catalogue. En fait, en fonction de la concurrence locale, des contraintes réglementaires, du profil de leurs clients et de leurs objectifs commerciaux, les banques ciblent certains produits qui vont supporter en priorité les hausses de prix. Quels sont ces services et, par ricochet, les types de clients qui vont être les plus impactés et les plus épargnés en 2020 ? Voici le verdict pour les 3 profils établis par MoneyVox (insouciant, économe et premium) sur la base de notre comparateur des banques les moins chères.

Notre méthodologie

Pour aboutir aux évolutions tarifaires et aux frais bancaires moyens des banques traditionnelles, présentés ci-après, nous nous sommes basés sur les plaquettes tarifaires 2020 déjà publiées par les banques, soit quelque 45% des enseignes que nous veillons dans le cadre de nos comparatifs. Concrètement, après l'étude de ces brochures, nous comparons les frais bancaires de 2019 à ceux de 2020 en fonction de 3 profils-type : un client insouciant fréquemment dans le rouge et consommant beaucoup de produits bancaires, un client économe jamais à découvert et un client premium qui voyage beaucoup et dispose d'une carte très haut de gamme.

L’esprit « Gilets Jaunes » flotte sur les frais de découvert

Au regard des mises à jour observées dans les plaquettes tarifaires, l’esprit « Gilets Jaunes » semble quelque peu perdurer. En effet, les clients plus fréquemment dans le rouge vont en moyenne, et sur le papier, être a priori les moins sujets à l’inflation des frais bancaires. Histoire probablement pour les banques de ne pas attirer les foudres des associations de consommateurs dans un contexte où celles-ci se montrent particulièrement vigilantes sur les frais d’incident et le respect de leur plafonnement pour les clients jugés précaires financièrement. Pour rappel, fin 2018, en pleine mobilisation sur les ronds-points, les banques s’étaient engagées, en plus du gel des tarifs, à plafonner les frais d’incident des clients fragiles à 25 euros par mois (commissions d’intervention, lettres d’information et autres frais de rejet).

La modération inflationniste sur les frais d’incidents (hors agios) semble également se propager aux clients non fragiles. D’après nos premières estimations basées sur les banques qui vont changer leurs prix début 2020, c’est bien notre client au profil « insouciant » - c’est-à-dire celui qui connaît le plus fréquemment des incidents de paiement - qui est le plus à l’abri des variations de prix. Ce consommateur, qui utilise notamment une carte à autorisation systématique et connaît une grosse galère financière par an (2 prélèvements et 2 chèques sans provision rejetés, 36 commissions d’intervention et 500 euros de découvert non autorisé pendant 45 jours), va ainsi voir ses frais bancaires annuels augmenter de 0,34% en moyenne.

Mais ce satisfecit est rapidement éclipsé par l'ampleur des frais à la charge de notre client insouciant. Bien qu’en hausse modérée, ils s’élèveront à 522 euros pour l'année 2020 ! De plus, cette accalmie sur les frais d’incident n’est pas de mise dans tous les établissements. Plusieurs caisses régionales du Crédit Agricole vont notamment se montrer moins tolérantes concernant les commissions d’intervention. Ainsi, alors que le Crédit Agricole Touraine Poitou les plafonnait précédemment à 32 euros par jour, et même à 24 euros pour la caisse de Charente-Périgord, ces deux enseignes ne font plus apparaître ces bornes dans leur prochaine brochure. Résultat, dans ces banques, comme dans la quasi-totalité des établissements bancaires traditionnels, le maximum réglementaire – 8 euros par commission et 80 euros par mois – devient pour cette ligne tarifaire le seul garde-fou pour les clients qui ne sont pas considérés comme fragiles.

Des frais majorés pour les clients utilisant peu leur banque

Dans les banques qui s’apprêtent à modifier leur politique tarifaire, les frais facturés à notre client type « économe », jamais dans le rouge, vont quant à eux bondir plus nettement. L’an prochain, celui-ci aura en conséquence un peu plus de mal à respecter ses objectifs : faire des économies en utilisant le moins possible son compte bancaire et en le pilotant à distance. Plus concrètement, sa carte classique à débit immédiat (Visa ou Mastercard), ses 4 retraits déplacés par mois - c'est-à-dire dans un distributeur d'une autre banque que la sienne - ou encore les frais consécutifs à sa semaine de vacances en dehors de la zone euro vont lui coûter en moyenne 76 euros en 2020, en hausse de 1,57% sur un an. Il s’agit de l’inflation la plus forte des profils établis par MoneyVox.

A l’origine notamment de cette majoration : les retraits déplacés en zone euro. Ce consommateur économe ayant une carte standard - avec un quota limité de retraits gratuits dans des automates de banques concurrentes - va en effet subir de plein fouet le durcissement de cette ligne tarifaire. Cela va notamment être le cas à la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes. A partir du 1er février prochain, cet établissement ne tolère plus que 3 retraits déplacés gratuits par mois, contre 4 précédemment pour les porteurs de cartes classiques. Au-delà, chaque passage au distributeur est facturé 1 euro.

La progression plus marquée des frais pour notre profil économe provient également de la hausse, dans plusieurs banques du groupe BPCE notamment, des prix des opérations en devises. Illustration à la Caisse d’Epargne de Bourgogne Franche-Comté, qui applique à partir du 1er janvier une commission fixe de 2 euros par paiement par carte en devises, en sus de la commission proportionnelle à la somme dépensée de 2,90%. Dans tous les cas, la banque plafonnera ces frais à 7 euros par achat par carte bleue à l’étranger, contre 6,50 euros aujourd’hui.

La clientèle premium plutôt épargnée

Cette inflation concernant les opérations en devises impacte aussi logiquement notre client « premium ». Ce consommateur aisé gère ses comptes à distance, dispose d'une assurance des moyens de paiement, n'est jamais à découvert. Et surtout, il voyage fréquemment à l'étranger (2 retraits et 5 achats par mois hors zone euro, 12 retraits hors enseigne pour son voyage d'un mois en Europe en plus des 6 retraits mensuels en France) ce qui gongle ses frais bancaires. En effet, bien que celui-ci détienne une carte très haut de gamme (World Elite Mastercard ou Visa Infinite), dans les banques avec agences, il n’est que rarement exempté de commissions sur les achats et retraits en dehors de la zone euro. Il n’empêche que, dans l’ensemble, les enseignes bancaires ont décidé de préserver leur clientèle aisée des hausses de prix.

Sur la base des plaquettes 2020, les frais bancaires de notre profil premium devraient en effet augmenter de 1% seulement, passant ainsi de 559 euros en 2019 à 565 euros l’année prochaine. Plus révélateur encore de cette inflation mesurée : le nombre d’enseignes qui ne va pas faire évoluer les frais qui lui sont prélevés. Dans près d’une banque sur 2, la facture va rester stable voire même baisser (dans 6% des établissements de notre échantillon). En comparaison, plus de 90% des enseignes changeant leurs prix en 2020 vont rendre le compte bancaire du client économe plus onéreux.

Inflation plus marquée chez Banque Populaire

Parmi les banques mutualistes, trois réseaux ont davantage l’habitude de mettre à jour leur prix en début d’année, à savoir le Crédit Agricole, la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire. En 2020, au regard des plaquettes déjà parues et sur la base de nos profils, ce sont les clients des Banques Populaires qui risquent de subir l’inflation tarifaire la plus significative. En effet, alors que les frais de notre client économe augmentent de 1,57% au global, ils vont enfler de 3% dans les Banques Populaires, à 90 euros, soit 18% au-dessus de la moyenne (76 euros). Même constat pour le profil insouciant : +1% dans le réseau Banque Populaire, contre 0,34% de hausse générale.

En revanche, s’agissant du client premium, c’est le plus souvent à la Caisse d’Epargne qu’il va payer le plus cher : 631 euros par an en 2020, en progression de 2,2% sur un an, contre 622 euros à la Banque Populaire (+1,3%) et 511 euros en moyenne au Crédit Agricole (+0,66%). Ces différences proviennent des commissions sur les paiements à l’étranger mais surtout du prix de la carte très haut de gamme dont la cotisation varie grandement selon les établissements (de 200 euros par an à plus de 350 euros).

Consulter notre comparatif de tarifs par banques et produits