Certaines lignes tarifaires, très chères et au coût très variable selon les enseignes, laissent à penser que les prix des produits et services bancaires sont fixés de manière arbitraire ou dans une optique punitive, sans lien avec leur coût réel pour la banque. Notre top 5 de ces tarifs les plus visiblement injustes.

Comparabilité des tarifs bancaires, plafonnement de certains frais, détection de la clientèle fragile, changement de banque... Sous la pression des associations de consommateurs et des pouvoirs publics, les banques de détail françaises ont adopté, ces dernières années, quelques mesures positives pour leurs clients.

Pourtant, les pratiques qui ont fait de la France un des pays européens les plus chers pour les services bancaires n'ont pas toutes disparues. En creusant un peu dans les brochures, et en les comparant les unes aux autres, on trouve encore de nombreuses lignes tarifaires auxquelles les législateurs ne se sont pas intéressés et sur lesquelles les banques font ce qu'elles veulent.

Des produits et services à la dénomination parfois floue, souvent très coûteux et affichant des écarts de prix abyssaux d'une enseigne à l'autre, donnant l'impression que le prix affiché ne reflète pas la réalité du coût de production pour la banque. Des lignes tarifaires, en résumé, dont la facturation apparaît arbitraire et injuste. En voici un florilège.

Les frais de traitement de la succession

  • Banque la moins chère : 0 euro
  • Prix moyen : 210 euros
  • Banque la plus chère : 450 euros

Pour une succession simple de 15 000 euros

Réception de l'acte de décès, déclarations des avoirs au fisc, désolidarisation d'un éventuel compte joint... Personne ne conteste que le décès d'un client et le transfert de ses avoirs aux ayants droit, dans le cadre de l'ouverture d'une succession, représente un surcroît de travail, méritant salaire, pour la banque qui tient les comptes. Comment expliquer, en revanche, que cette prestation, dont la charge doit sensiblement être la même partout, affiche des prix aussi hétérogènes d'une banque à l'autre.

Selon notre récent relevé, une succession simple (1) de 15 000 euros est facturée de 0... à 450 euros selon la banque. Il y a mieux : au sein d'un même réseau de banque mutualiste, l'écart de prix peut aller de 1 à 5 selon la région dans laquelle vous vivez : 390 euros dans le Languedoc contre 75 euros dans le Nord Est.

Ces frais de succession, particulièrement cruels puisqu'ils pèsent sur des personnes endeuillées, sont également un bon exemple de la créativité tarifaire des banques. On trouve de tout dans les brochures : des banques qui facturent un prix fixe, d'autres des frais proportionnels au montant de la succession ; des banques qui plafonnent ces frais, d'autres non ; et, cerise sur le gâteau, des banques qui facturent spécifiquement le virement du compte du décédé à celui de l'ayant-droit... mais uniquement si ce dernier est client d'une autre banque ! Les pouvoirs publics seraient sans doute légitimes à y mettre un peu d'ordre.

Frais bancaires de succession : la promesse non tenue des banques

Les frais liés à la détention d'un crédit immobilier

  • Banque la moins chère : 0 euro
  • Banque la plus chère : 250 euros

Pour un changement de date de prélèvement de la mensualité

En termes de créativité, les frais annexes liés au crédit immobilier ne sont pas en reste L'Observatoire des tarifs bancaires (OTB) leur a d'ailleurs consacré un chapitre entier dans son rapport 2023. Il y a bien sûr les frais de dossier, facturés par la banque pour l'étude et le montage du dossier de crédit. Ils sont offerts dans quelques rares banques, mais représentent le plus souvent 1% du montant emprunté.

Mais d'autres frais peuvent être facturés en cours de remboursement de ce crédit. Et la liste est longue. Vous voulez renégocier le taux ou modifier la durée de votre crédit ? Il vous en coûtera des frais d'avenant, entre 1 000 et 2 250 euros pour un capital restant dû de 150 000 euros. Dans quelques banques mutualistes, vous paierez en plus des « indemnités de réaménagement supplémentaires » (jusqu'à 6 mois d'intérêts), ou des « frais d'étude de rénégociation ».

Vous souhaitez changer la date de prélèvement de votre mensualité ? Une soixantaine de banques vous permettent de le faire, selon l'OTB. Mais seulement trois le font gratuitement. Les autres ? Le prix de cette opération (qu'on peut supposer peu complexe à mettre en œuvre) pour une banque va de 5,10 euros à... 250 euros !

La liste n'est pas exhaustive. L'OTB a également repéré des frais liés à la « modification du compte à débiter », à la « demande de décompte de remboursement », à la « réédition d'un tableau d'amortissement » et à l'édition de diverses attestations (fin de prêt, reports d'échéance, etc.). A chaque fois, la facture va de 0 euro dans les banques les plus généreuses (ou raisonnable) à plusieurs dizaines d'euros.

Le classement des banques les moins chères

Les frais de désolidarisation de compte joint

  • Banque la moins chère : 0 euro
  • Banque la plus chère : 54 euros

Vous vous séparez de votre compagne / compagnon ? Il vous faudra peut-être en passer par une désolidarisation de compte joint, qui vous permettra de ne plus être titulaire du compte auparavant partagé. Une simple formalité ? Sur le papier, oui. Mais ce service est fréquemment facturé, et peut, là aussi, donner l'impression que votre banque cherche à tirer profit de vos coups durs. D'autant plus que là encore, l'arbitraire semble la norme pour fixer le prix du service.

La désolidarisation de compte joint est ainsi gratuite dans plusieurs banques du panel retenu pour cet article (2). Ailleurs, dans une banque mutualiste, l'opération coûte 9,50 dans une banque régionale, 54 euros dans une autre du même réseau. Qu'est-ce qui justifie un tel écart de prix ? Difficile à dire.

Les frais de recherche de documents

  • Banque la moins chère : 0 euro
  • Banque la plus chère : 37,30 euros

Pour une recherche de document archivé depuis plus d'un an

Vous avez impérativement besoin de consulter un ancien relevé de compte, mais vous ne le retrouvez pas ? Vous ne parvenez pas à mettre la main sur une vieille autorisation de prélèvement ? Vous risquez de devoir demander à votre banque une recherche dans ses archives. En toute logique, ce n'est pas gratuit : l'opération va nécessiter l'intervention d'un conseiller, ce qui mérite rémunération.

Mais à combien évaluer le coût de cette intervention ? Là encore, pour une même intervention, les modes de facturation sont variés - à la page, au document entier, selon l'ancienneté, etc. - et les prix bien différents. La recherche d'un document archivé de plus d'un an est ainsi gratuite dans une banque en ligne bien connue. Mais c'est l'exception : l'opération est payante partout ailleurs, jusqu'à 37,30 euros dans une grande enseigne nationale.

Les frais liés aux incidents de paiement

  • Banque la moins chère : 0 euro
  • Prix moyen : 31,06 euros
  • Banque la plus chère : 182,40 euros par an

Pour la notification d'une interdiction bancaire par un autre établissement

Les lignes tarifaires présentées jusqu'ici ont un point commun : les événements déclencheurs (un décès, un divorce, une renégociation de crédit) n'arrivent pas tous les jours. Ces frais ne seront donc payés qu'une fois ou deux dans une vie. Ce n'est pas le cas, en revanche, des frais sanctionnant les incidents de fonctionnement des comptes : commissions d'interventions, frais de rejet, etc. Pour limiter l'impact de ces frais, massivement facturés à des ménages déjà fragilisés, les pouvoirs publics ont dû intervenir, voire légiférer, en plafonnant le prix de la commission d'intervention, entre autres.

Tous les frais générés par un incident de paiement, pourtant, ne sont pas régulés, loin de là. Exemple avec la notification d'une interdiction bancaire par un autre établissement, facturée par la banque lorsqu'elle reçoit de la Banque de France l'information qu'un de ses clients est sous le coup d'une interdiction d'émettre des chèques.

Le coût de ce simple enregistrement varie énormément d'une enseigne à l'autre. Il est parfois (rarement) gratuit, mais monte à 52 euros dans une banque régionale. Pire, certaines enseignes appliquent des frais périodiques : la personne continue à payer tant qu'elle reste « interdite bancaire ». Dans ce cas, les frais peuvent monter à 182,40 euros par an !

Le coût affolant des frais de dépassement de découvert facturés par votre banque

(1) Succession simple, incluant les comptes de dépôts (à vue, d'épargne) et deux produits dans la liste suivante : assurance-vie et non vie, contrat de capitalisation, crédits, concours divers (caution, compte débiteur), titres (compte-titre, PEA), PEL (non échu), compte professionnel, coffres, coffre-fort numérique. (2) Pour les besoins de cet article, nous avons examiné les pratiques tarifaires d'une vingtaine d'enseignes : des banques régionales mutualistes, des banques commerciales et des banques 100% en ligne.