4 euros, contre 8 euros auparavant : depuis ce matin, le prix des commissions d’intervention a été divisé par deux au Crédit Coopératif. Imad Tabet, le directeur de la clientèle des particuliers, nous explique ce choix.

Imad Tabet, directeur de la clientèle des particuliers du Crédit Coopératif

Imad TABET est directeur de la clientèle des particuliers du Crédit Coopératif

Imad Tabet, pourquoi le Crédit Coopératif a-t-il fait le choix de diviser par deux le prix de ses commissions d’intervention ?

Imad Tabet : « Cela fait un moment que nous avons entamé une réflexion sur la manière dont nous tarifons les frais d’incidents de paiement. Nous estimons que les commissions d’intervention sont de mauvaises commissions, qui nuisent à la relation commerciale. Nous avons donc décidé de diviser par deux leur prix, de 8 à 4 euros, et le plafond mensuel, de 80 à 40 euros. Et ce pour tous nos clients particuliers. Nous rendons également gratuite notre offre d’alertes SMS qui est un outil adapté pour le suivi du compte au quotidien et la prévention des incidents de paiements. »

On connaît le poids des frais d’incident dans le chiffre d’affaires des banques de détail. Ne craignez-vous pas les conséquences de ce manque à gagner ?

I.T. : « Nous avons effectivement pris en considération l’impact économique de cette mesure pour la banque. Il est significatif, mais sans doute moins qu’ailleurs. Les frais d’incidents représentent en effet une part beaucoup moins importante de notre PNB [produit net bancaire, équivlaent du chiffres d'affaires] - 5% environ - que dans les autres banques françaises - 30 à 35% en moyenne selon une étude réalisée en 2018. »

Un prix moyen de 7,92 euros

7,92 euros : c’est le prix moyen, au 1er avril 2019, d’une commission d’intervention dans les banques françaises, selon notre comparateur tarifaire. Une chiffre très proche des 8 euros, plafond réglementaire de cette ligne tarifaire mis en place en 2014. Et pour cause : outre le Crédit Coopératif, seules 7 enseignes (dont la Macif et la Banque Postale) affichent un coût inférieur à ce montant maximum. Les 6 banques en ligne, elles, ne les facturent pas.

Pour mémoire, la commission d’intervention est prélevée lorsqu'une banque doit étudier une opération plaçant un compte en situation d'anomalie, le plus souvent en dépassement de découvert autorisé.

Comment parvient-on à diviser par deux, du jour au lendemain, le prix d’une ligne tarifaire. Cela signifie-t-il qu’il était surévalué auparavant ?

I.T. : « Le plafonnement légal à 8 euros des commissions d’intervention a eu un effet pervers, qui n’était sans doute pas souhaité par le régulateur : ce plafond est devenu le prix du marché. Presque toutes les banques – y compris le Crédit Coopératif - se sont alignées sur ce prix plafond, sans analyser de façon plus approfondie le coût réel de ce service pour la banque. »

Et quel est ce coût réel, pour le Crédit Coopératif ?

I.T. : « C’est la question que nous nous sommes posée : qu’est-ce que l’on paye quand on paye une commission d’intervention ? Des frais informatiques, pour filtrer les opérations en dépassement ; l’envoi d’un courrier au client ; mais surtout le temps passé par le conseiller, chaque matin, pour étudier ces opérations et prendre la décision de les autoriser ou non, parfois après avoir téléphoné à son client. Il y a donc bien un service rendu, du temps passé et des frais engagés, qu’il est difficile de quantifier de façon très précise. Nous avons pour notre part considéré, à la réflexion, que le juste prix pour ce service était de l’ordre de 4 euros plutôt que de 8 euros. »

Ne craignez-vous pas de gommer l’effet dissuasif de la commission d’intervention ?

I.T. : « C’est une autre question que nous nous sommes posée : n’envoyons-nous pas un mauvais signal à nos clients en les incitant à être moins attentifs sur le suivi de leur compte bancaire au quotidien ? Mais nous avons estimé que ce risque-là n’était pas démesuré et qu’il pouvait être pris par la banque. »

Le Crédit Mutuel de Bretagne a fait le choix d’exonérer totalement de frais d’incidents les clients en difficultés financières. Y avez-vous pensé ?

I.T. : « Nous avons examiné différents scénarios, notamment celui-ci. Mais nous avons finalement fait le choix qui nous a paru le plus cohérent au regard de nos principes coopératifs, celui du juste prix pour tous nos clients particuliers ».

Avec ce changement, le Crédit Coopératif va encore progresser dans les palmarès tarifaires. Faites-vous le choix du low-cost pour attirer plus de clients ?

I.T. : « Notre politique tarifaire n’est pas le low-cost, mais le juste prix. Fournir des services au meilleur rapport qualité-prix, cela correspond à l’objet social d’une coopérative, et aux attentes des particuliers, notamment des plus jeunes. »

A consulter : le palmarès cBanque des banques les moins chères