Le 11 décembre dernier, les banques françaises, sous la pression du président de la République, se sont engagées à ne pas augmenter leurs tarifs en 2019. Ont-elles tenu promesse ? Et comment ont-elles informé leurs clients ?

Lundi 10 décembre dernier : la crise des Gilets jaunes dure déjà depuis plusieurs semaines et certaines manifestations, le samedi précédent, ont tourné à l’émeute. Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, annonce à la télévision une série de mesures en faveur du pouvoir d’achat. Il convoque le lendemain à l’Elysée les banques françaises, et obtient d’elles deux mesures : un plafonnement des frais d’incidents à 25 euros par mois pour les clients fragiles financièrement, et un gel des hausses des tarifs bancaires prévues pour 2019.

La première mesure est en cours de mise en œuvre, et sera appliquée partout d’ici février, a réaffirmé mercredi le gouverneur de la Banque de France. Qu’en est-il de la seconde ? Les banques, celles notamment qui avaient prévu des augmentations avant l’engagement, ont-elles tenu promesse ? Et comment ont-elles informé leurs clients sur le sujet ? Pour le savoir, nous avons le tour de leurs sites web, et des brochures tarifaires qu’elles y publient.

Machine arrière toute !

Rappel : en cas de hausse des tarifs, les enseignes bancaires ont l’obligation de prévenir leurs clients au moins deux mois à l’avance. C’est pourquoi le 11 décembre, au moment de l’annonce du gel, nombre d’entre elles, qui prévoyaient de faire évoluer leurs tarifs, avaient déjà publié leur brochure tarifaire 2019. C’était le cas, selon notre décompte, de 64 enseignes, sur les 129 recensées par notre comparateur.

A consulter : l’observatoire cBanque des tarifs bancaires

Depuis, presque toutes ont fait machine arrière. 60 ont publié une nouvelle plaquette, conforme aux engagements pris par la profession, c’est-à-dire sans hausse tarifaire. 3 autres ont tout simplement supprimé, sans explications, leurs brochures 2019 non conformes, au profit de l’ancienne brochure 2018. Enfin, au moment d’écrire ces lignes, une banque, HSBC, avait maintenu sur la page « tarifs » de son site web, des tarifs 2019 non conformes, puisqu'intégrant des augmentations sur certaines lignes. Il s'agit toutefois d'un simple « décalage », nous a expliqué la communication de la banque, qui confirme qu'elle sera en conformité avec les engagements pris : « Nos tarifs ne bougeront pas le 1er février 2019, et tout sera actualisé à ce moment-là ».

Des brochures 2019 par souci de clarté

Qu’en est-il des autres enseignes, qui n’avaient pas encore publié de nouveaux tarifs ? Ont-elle pris soin de prévenir leurs clients du gel tarifaire, et de quelle manière ? Cela dépend.

Par souci de clarté, la plupart des enseignes ont fait le choix de publier de nouvelles brochures, identiques au niveau des tarifs, mais datées du 1er janvier 2019. D’autres, plus rares, ont choisi de conserver leurs brochures 2018, tout en informant leurs clients des raisons de cette reconduction.

Il y a enfin le cas du CIC. La filiale du Crédit Mutuel Alliance Fédérale avait publié des nouveaux tarifs 2019 avant les engagements. Elle a ensuite annoncé leur retrait et la reconduction de la brochure 2018. Avant, finalement, de republier cette même brochure, millésimée 2019.

Les baisses de prix maintenues

Bilan : sans surprise, toutes les banques, ou presque, ont déjà fait le nécessaire pour respecter les engagements pris devant Emmanuel Macron. Elles n’ont, il faut dire, guère le choix. La Banque de France, par le biais d’un Observatoire dédié, suit en effet de près leurs politiques tarifaires. Difficile donc d’espérer passer inaperçu, surtout dans le contexte actuel.

Reste une question : l’engagement pris par les banques, tel qu’exprimé dans un communiqué de la Fédération bancaire française (FBF) le 11 décembre dernier, était de n’appliquer « aucune hausse de tarifs pour les particuliers (…) pour 2019. » Mais qu’ont fait les enseignes qui prévoyaient des baisses ? Les ont-elles maintenues, ou ont-elles choisi de geler leurs tarifs jusqu’au bout ? Plusieurs enseignes ont choisi la première option. C’est le cas par exemple des Banques Populaires Occitane et Val de France, qui ont reconduit la baisse de prix de leurs cartes Visa Classic à débit différé, ou encore de la Caisse d’Epargne Bourgogne Franche-Comté, pour ses cartes Visa Premier à débit différé et ses alertes SMS.