Dans sa dernière campagne publicitaire, Boursorama se présente comme « la banque la moins chère depuis 10 ans ». Est-ce vraiment le cas ? Indéniablement si on la compare aux enseignes traditionnelles. Le match est plus disputé, en revanche, avec les autres banques en ligne.

« La banque la moins chère depuis 10 ans ». C’est un drôle d’anniversaire que fête actuellement Boursorama Banque, à grand renfort de publicité. Non pas les 20 ans de la marque (créée en 1998), ou les 12 ans du lancement de son compte courant (en 2006), mais les 10 ans de sa présence en tête des palmarès des tarifs bancaires.

C’est tout sauf une surprise. La filiale de la Société Générale, comme ses concurrentes 100% en ligne, l’a en effet compris depuis longtemps : la tarification est le principal levier leur permettant de « piquer » des clients aux banques traditionnelles. Comme l’a encore montré une récente étude du cabinet Bain & Company sur les comportements bancaires en France, les clients tolèrent mal les hausses tarifaires, les deux tiers d’entre eux étant prêts à changer de banque dans ce cas de figure. Et le prix est encore, pour plus d’un tiers des Français, le premier critère de choix d’une nouvelle enseigne (1).

Les opérations du quotidien gratuites partout

Sur ce critère, Boursorama Banque n’a évidemment aucune difficulté à dominer les banques traditionnelles à réseau d’agence. Son modèle économique à coût réduit - pas d’agences à entretenir, peu de conseillers à rémunérer - lui permet en effet d’offrir à ses clients la gratuité sur les produits et opérations du quotidien : carte bancaire gratuite, absence de frais de tenue de compte et de frais de retrait, etc. Aucune banque « en dur » ne peut aujourd’hui s’aligner : même Eko, l’offre d’entrée de gamme du Crédit Agricole, est facturée 2 euros par mois.

Ce modèle tarifaire, en revanche, est la norme du côté des banques en ligne. Résultat : si l’usage de votre compte bancaire se limite à payer et être payé, tous les établissements de ce marché sont sur un pied d’égalité car tous - à l’exception de Monabanq qui facture son forfait de base 2 euros par mois - vous permettront d’atteindre le 0 frais. C’est ainsi le cas en 2017, selon des chiffres fournis par les enseignes, de 59% des clients de Boursorama, et de 53% des clients de Fortuneo.

Si vous avez en plus besoin d’un livret bancaire pour placer votre épargne de précaution, Boursorama Banque n’est d’ailleurs pas la mieux-disante actuellement. Orange Bank, Monabanq, Hello Bank ou encore Fortuneo affichent des taux moins bas (de 1% à 0,30%) qu’elle (0,20%).

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Des frais périphériques

Tout n’est pas gratuit pour autant, ni chez Boursorama ni chez ses concurrentes. En moyenne, les clients de la banque en ligne ont payé 11,75 euros de frais bancaires en 2017. Un montant assez dérisoire mais supérieur, par exemple, à celui de Fortuneo : 10,01 euros !

Pour gagner de l’argent, les banques en ligne comptent en effet sur les services périphériques facturés, eux, au client. Boursorama Banque pousse par exemple, dès la procédure de souscription de son compte courant, à s’offrir une assurance moyens de paiement premium, Boursorama Protection, à 30 euros par an, dont l’utilité fait pourtant débat.

Il existe aussi des lignes de frais discrètes, mais potentiellement pénalisantes. Citons par exemple la facturation du recours au service client : le simple fait de commander un chéquier ou de mettre en place un prélèvement, au téléphone avec un conseiller, est facturé 5 euros chez Boursorama Banque. Elle n’est pas la seule dans ce cas, mais elle n'est pas toujours la moins chère. La commande de chéquier à un conseiller au téléphone, par exemple, coûte 5 euros également chez Hello Bank et Fortuneo, et 3 euros chez BforBank, alors qu'elle est gratuite chez ING Direct et Monabanq. Ainsi, si vous souhaitez pouvoir solliciter, même ponctuellement, le service clients de votre future banque en ligne, mieux vaut être prévenu.

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Optimisée pour les comparateurs

Y aurait-il, dans ce cas, publicité mensongère lorsque Boursorama s’affirme comme la banque la moins chère depuis 10 ans ? Pas forcément. En effet, elle s’est fait une spécialité de figurer en tête des palmarès de tarifs bancaires et des comparateurs - y compris celui de cBanque - qui utilisent des paniers type de produits et services pour comparer les offres. Sa recette : être systématiquement le mieux disant, parfois au centime près, sur certaines lignes tarifaires stratégiques pour bien figurer dans les classements.

C’est le cas, par exemple, des frais de paiements par carte en devises, une opération souvent prise en compte par les comparateurs, quand bien même elle ne concerne qu’une minorité de clients. Ainsi, à chaque fois qu’un de ses concurrents tente de doubler Boursorama sur cette ligne tarifaire - ce fut le cas, par exemple, de BforBank, il y a quelques mois - l’enseigne ajuste sa tarification pour redevenir la reine des comparateurs. Une stratégie qui paye : avec plus d’1,3 million de clients, Boursorama Banque est sans conteste le leader de la banque en ligne en France.

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(1) Etude « Multibancarisation et switching 2017 », Arcane Research, septembre 2017.