Face aux grandes enseignes nationales et leurs tarifs uniformes sur tout l'Hexagone, les banques coopératives avancent en ordre dispersé, avec des frais bancaires propres à chaque caisse régionale, et des variations parfois très importantes. En moyenne, ces enseignes sont-elles vraiment compétitives ? Comment évolue leur positionnement tarifaire ? Analyse.

Deux clients du Crédit Agricole, l’un en Touraine, l’autre en Rhône-Alpes, pour l’exemple, pourraient aisément en témoigner : en France, il n’y a pas de tarifification unique chez la banque verte. Et il en est de même à la Caisse d’Epargne, au Crédit Mutuel ou encore à la Banque Populaire. C’est d’ailleurs une évidence si l'on regarde notre comparatif permanent des frais bancaires. Hormis les grandes enseignes nationales telles que la Banque Postale, BNP Paribas ou Société Générale, chaque caisse régionale, même fédérée sous une bannière nationale y va de ses propres conditions tarifaires, avec parfois des écarts conséquents. Plus de 65 euros en l'occurrence entre les deux caisses du Crédit Agricole prises en exemple !

Compétitivité des tarifs bancaires

Ces établissements locaux avancent néanmoins sous une bannière nationale, partageant de fait des valeurs, une image, une stratégie marketing et commerciale commune. Aussi n’est-il pas illogique d’examiner leur positionnement tarifaire global, au travers d’une moyenne nationale des frais bancaires affichés par toutes ces caisses régionales. Et pour révéler le positionnement concurrentiel de chaque établissement, il suffit de calculer ensuite un « indice prix », mesurant l’écart de ce tarif moyen par enseigne à la moyenne des frais pratiqués par toutes les banques traditionnelles (hors banques en ligne) sur le territoire français (France métropolitaine). Cette moyenne générale s’établit ainsi à 161,89 euros par an en avril 2015 et constitue l’indice « 100 ». Une enseigne affichant un indice 105 étant 5% plus chère que la moyenne, celle avec un indice 95 étant 5% meilleur marché. Le tableau ci-dessous livre les principaux résultats de cette analyse, avec pour repère le positionnement de quelques enseignes nationales.

Positionnement tarifaire des banques en France métropolitaine
EnseigneTarif Avril 2015Indice*
Banque Postale134,08 €82,8
LCL147,82 €91,3
BNP Paribas151,69 €93,7
Société Générale154,26 €95,3
Caisse d’Epargne156,66 €96,8
Crédit Agricole159,00 €98,2
MOYENNE161,89 €100
Banque Populaire179,70 €111
Crédit Mutuel199,15 €123
Crédit Maritime219,10 €135,3
Crédit du Nord224,49 €138,7
Source : cBanque. Tarifs relevés en Avril 2015 pour les enseignes et caisses régionales de France métropolitaine.
* Indice prix calculé pour chaque enseigne par rapport à la moyenne des tarifs des enseignes de ce classement.

Premier constat : en termes de positionnement par rapport à la concurrence, on peut distinguer trois groupes qui se détachent assez nettement :

  • Caisse d’Epargne et Crédit Agricole, qui affichent les tarifs les plus compétitifs (au sein des banques coopératives), inférieurs à la moyenne nationale,
  • Crédit du Nord (ne comptant pas parmi les banques coopératives mais dont les établissements appliquent eux aussi des tarifs différents), Crédit Maritime et même Crédit Mutuel qui présentent des grilles en décrochage net avec la moyenne nationale,
  • Et Banque Populaire qui navigue à mi-chemin entre ces deux politiques prix.

Avec des tarifs moyens respectifs de 156,66 et 159 euros, Caisse d’Epargne et Crédit Agricole sont ainsi les deux banques coopératives affichant des frais légèrement inférieurs à la moyenne du secteur, ce qui leur permet de talonner les deux grandes enseignes nationales que sont BNP Paribas (151,69 euros soit un indice de 93,7) et Société Générale (154,26 euros pour un indice de 95,3). Et cette compétitivité tarifaire semble bien être une véritable ligne de conduite tenue sur la longueur : comparé aux chiffres d’avril 2014 (un an auparavant), les deux enseignes ont certes légèrement relevé leur grille tarifaire, mais moins lourdement que l’ensemble du secteur (dont le tarif moyen a augmenté de 4,20 euros). Résultat : Crédit Agricole et Caisse d’Epargne améliorent encore leur indice prix.

Banque Populaire et Crédit Mutuel gagnent plus de 3 points d’indice en un an

Scénario opposé pour les Crédits Maritimes ainsi que les établissements sous pavillon Crédit du Nord. Déjà reléguées au fond de ce classement, avec des tarifs près de 30% plus élevés que la moyenne, les deux banques ont encore lâché du terrain sur la compétitivité, avec un indice qui s'est dégradé de 7 à 10 points en un an ! Restent alors Banque Populaire (indice 111) et Crédit Mutuel (123), qui, malgré une compétitivité médiocre, ont produit un effort quasi équivalent sur leurs tarifs, leur permettant de grappiller plus de 3 points d’indice en un an.

Les 4 grandes banques coopératives gagnent en compétitivité
EnseigneIndice 2015Evolution indice prix sur 1 anEvolution tarif sur 1 an en €
Caisse d’Epargne96,8-0,6 pt+3,11 €
Crédit Agricole98,2-0,8 pt+2,80 €
Banque Populaire111-3,6 pts-0,94 €
Crédit Mutuel123-3,1 pts+0,29 €
Crédit Maritime135,3+7,1 pts+16,90 €
Crédit du Nord138,7+9,9 pts+21,48 €
MOYENNE100-+4,20 €
Source : cBanque - Tarifs relevés en Avril 2015 et comparés à ceux d’avril 2014.

Dans le détail, les 4 grandes banques coopératives ont toutes appliqué une baisse de leurs tarifs concernant la banque au quotidien, ce qui n’est pas le cas pour les frais liés aux incidents de paiement et découverts (sur lesquels Caisse d’Epargne et Crédit Agricole ont légèrement durci leurs conditions). A noter que dans ce calcul des tarifs bancaires, sont aussi pris en compte les frais liés à l’épargne. La rémunération de celle-ci venant compenser les services payants de la banque. Force est de constater que sur ces 12 derniers mois, la baisse des taux d’intérêt de l’épargne réduit sensiblement cet effet compensatoire…

Au final, ces banques coopératives s’arrogent-elles toutes la même marge de variabilité ? Bien évidemment non ! Suivant les enseignes, entre la caisse la plus compétitive et la plus chère, l’écart va de 40 euros (Crédit Mutuel) jusqu’à plus de 100 euros (Crédit Maritime), comme le montre le tableau ci-dessous :

Variabilité des tarifs chez les banques coopératives
EnseigneTarif miniTarif maxiEcartEvolution sur 1 an
Caisse d’Epargne137,20 €185,86 €48,64 €-16,4%
Crédit Agricole131,90 €197,18 €65,25 €+22%
Banque Populaire157,20 €210,42 €53,26 €-36,3%
Crédit Mutuel172,50 €237,63 €40,20 €+16,6%
Crédit Maritime182,70 €284,97 €102,29 €+4,2%
Source : cBanque. Tarifs relevés en Avril 2015 et comparés à ceux d’avril 2014 pour les caisses régionales de France métropolitaine.

Bref, cette variabilité des tarifs entre caisses régionales d’une même enseigne n’a rien d’un phénomène négligeable ou d’une variable d’ajustement « à la marge ». Exemple avec le Crédit Agricole. Ce client de la caisse régionale Touraine Poitou, cité pour l'exemple en introduction, bénéficiera d’un tarif moyen pour son compte bancaire de 131,90 euros : moins cher même que ce que propose la Banque Postale, figurant comme l'une des banques les plus compétitives ! A l’inverse la caisse sud Rhône-Alpes, pratique des tarifs 65 euros plus chers qu’en Touraine, frôlant les 200 euros annuels ! Et visiblement, les banques coopératives ne vont pas toutes vers une atténuation de ces variations, au contraire : alors qu’en un an, Banque Populaire et Caisse d’Epargne ont significativement réduit l’écart entre caisses régionales (respectivement -36% ou -16%), Crédit Agricole et Crédit Mutuel ont laissé cette amplitude s’accroître encore sensiblement.

Comment ce classement des tarifs bancaires est réalisé

Construit sur les grilles tarifaires des banques que nous recensons en permanence, ce classement se base aussi sur l'application d'un « scénario représentatif de l'usage standard d'un compte courant ». Ce scénario étant lui-même composé de trois catégories de frais : la banque au quotidien, les incidents et découverts et l'épargne. Pour rendre la comparaison entre banques la plus pertinente possible, nous avons aussi tenu compte des particularités de chaque établissement : gratuité de certaines opérations, seuils de déclenchement, plafonds de facturation, etc.

Pour en savoir plus sur la méthodologie et les résultats de ce classement, rendez-vous sur le palmarès cBanque des banques les moins chères.