Très critique à l’égard de la politique des banques françaises en matière de frais, une étude publiée mardi par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir met également en évidence les économies qu’elles ont réalisées grâce à l’automatisation et l’informatisation des opérations. Et déplore que celles-ci ne soient pas répercutées sur les tarifs pratiqués.

Se fondant sur des données de l’Observatoire des métiers de la banque, organisme paritaire, dont le comité de pilotage est composé à parts égales de représentants du patronat et des syndicats du secteur, l’étude met tout d’abord en évidence une nette diminution du nombre de chargés de clientèle (-10% en 5 ans), alors même que le nombre d’agences tend à augmenter (+8,9% en 10 ans).

Comment expliquer ce hiatus ? La réponse tient en trois lettres : GAB, pour guichet automatique bancaire. Profitant, comme tous les secteurs économiques, du progrès technique, les banques ont largement automatisé leurs réseaux : en dix ans, le nombre d’automates disponibles sur le territoire a progressé de 75%. Un état de fait déploré par l’UFC-Que Choisir, qui y voit une dégradation potentielle de la qualité du conseil fourni aux usagers.

Internet six fois moins cher que l’agence

Dans le même temps, les banques ont également considérablement développé les services accessibles par internet. A tel point que selon une récente étude du Crédoc, le web est devenu la principale interface entre les clients et leur banque (28% des contacts), devant le guichet (21%).

Certes, les technologies nécessaires à ce basculement numérique coûtent chères à mettre en place, mais leur intérêt économique, à moyen terme, est évident. En effet, selon les chiffres collectés par l’UFC-Que Choisir, le traitement d’une même opération coûte trois fois moins cher si elle est effectuée sur un automate plutôt qu’en agence. Et six fois moins cher si elle est effectuée via internet.

85 millions d’économies en 2008 grâce aux cartes

Autre source d’économie pour les banques : la généralisation des cartes de paiement, qui représentaient en 2008 42% des transactions (contre 24% pour les chèques). Or, le coût de traitement d’un paiement par carte est, selon l’UFC-Que Choisir, deux fois et demi inférieur au coût de traitement d’un chèque. Fourchette basse de l’économie induite par cette évolution : 85 millions d’euros en 2008, par rapport à 2002. Entre 2004 et 2009, pourtant, le prix moyen de la carte de paiement de base a augmenté de 13%...

Au final, une conclusion s’impose pour l’UFC-Que Choisir : tirant parti du progrès technique et de l’évolution des usages des services bancaires, les banques ont réalisé ces dernières années de substantielles économies. Economies qu’elles n’ont pas répercuté par sur les tarifs pratiqués.

Une réalité que la Fédération bancaire française (FBF) ne conteste que faiblement. Dans un communiqué publié hier en réponse à l’étude de l’UFC-Que Choisir, l’organisation professionnelle des dirigeants de banques se contente de rappeler que « les prix des services bancaires ont baissé de 5,31% en moyenne en 2010 par rapport à 2009. » Mais oublie le fait, mis en évidence par l’UFC-Que Choisir, qu’en moins de 10 ans, la part des profits réalisés par certaines banques grâce aux commissions prélevées sur les comptes de leurs clients a plus que doublé.

En complément, voir l'étude et les proposition de l'UFC-Que choisir sur les frais bancaires (PDF).