Les représentants des avocats ont réclamé ce 21 octobre le retrait d'une mesure du budget 2020 de la Sécurité sociale portant « atteinte à l'autonomie » de leur régime de retraite, dénonçant un « casus belli » et menaçant de boycotter une réunion prévue mercredi avec Jean-Paul Delevoye et Nicole Belloubet.

La disposition est presque passée inaperçue dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale : l'article 52, qui a pour objet principal la sous-indexation des retraites supérieures à 2 000 euros par mois, prévoit aussi « d'aligner les modalités de revalorisation des pensions de base » des avocats. Le montant des retraites de la profession ne serait donc plus fixé chaque année par l'assemblée générale de la Caisse nationale des barreaux français (CNBF), mais via le budget de la Sécu, proposé par le gouvernement et voté par le Parlement.

« Cette atteinte à l'autonomie de notre régime de retraite est inacceptable », ont réagi dans un communiqué la présidente du Conseil national des barreaux (CNB) Christiane Féral-Schuhl, la bâtonnière de Paris Marie-Ailée Peyron et le président de la Conférence des bâtonniers Jérôme Gavaudan. Ils considèrent que « le gouvernement passe en force » et « contredit toutes (ses) déclarations sur la concertation en cours sur la réforme des retraites ».

Le reprise des échanges conditionnée à la suppresion de cet article

« Cet article 52 constitue un casus belli pour tous les avocats », ajoutent-ils, demandant à l'exécutif « de déposer dans les plus brefs délais un amendement de suppression » pour retirer cette disposition du projet de loi. Sans ce « préalable à toute reprise de contact », ils indiquent avoir prévenu la garde des Sceaux « qu'ils ne seront pas en mesure de participer à la rencontre qu'elle organise le 23 octobre avec le haut-commissaire aux Retraites ».

Opposés à la disparition de leur « régime autonome » au sein du « régime universel » voulu par Emmanuel Macron, les avocats sont à l'origine du collectif SOS Retraites, qui regroupe quinze organisations des professions du droit, de la santé et du transport aérien. Galvanisées par leur manifestation du 16 septembre - 20 000 participants revendiqués, moitié moins selon la police -, ces professions ont menacé d'une journée de grève le 3 février « si elles ne sont pas rassurées d'ici là ».