Votre banquier, courtier, conseiller financier ou agent d'assurance vous pousse à souscrire ou effectuer des versements sur votre Plan épargne retraite (PER) ? Avant de vous décider, mieux vaut bien comprendre la fiscalité de ce produit. Voici 6 points importants à scruter avant d'effectuer une quelconque opération.

1 – Comment fonctionne un PER individuel ?

Le PER cache « des » PER ! Deux grandes familles de plans cohabitent dans une même enveloppe : l'épargne salariale (participation, intéressement...) et autres versements liés à votre employeur dans le PER entreprise - lui-même parfois scindé en deux compartiments - et les avoirs que vous avez vous-même choisi de placer pour préparer votre retraite dans le PER individuel. Ce dernier a pris la place des Perp et contrats d'épargne Madelin, même si les anciens plans peuvent continuer à vivre.

Principal atout du PER individuel, à l'image des Perp et Madelin : la carotte fiscale de la déduction des versements. Sous réserve de respecter un plafond annuel, les sommes versées sont déduites du revenu imposable, ce qui rend ces produits d'épargne retraite intéressants pour les contribuables les plus aisés. Le PER fait donc partie des outils de défiscalisation.

2 – Etes-vous obligé de déduire vos versements de votre revenu imposable ?

Non ! C'est l'une des nouveautés du PER individuel vis-à-vis des Perp et Madelin : la déduction n'est qu'une option, même s'il s'agit de l'option par défaut. Vous pouvez donc renoncer à la déduction ! Si tel est votre choix, vous devez le signaler au gestionnaire du PER lors de l'ouverture du plan, ou a minima avant d'effectuer votre versement. Le plus souvent, il faut cocher la case « Je renonce à la déductibilité fiscale de mon versement », pour le versement initial et pour les éventuels versements programmés, dans le bulletin d'adhésion. Une fois votre argent déposé, impossible de revenir sur votre choix !

La déduction fiscale par défaut, ou le fait d'y renoncer, n'est pas totalement irrémédiable. Rien ne vous empêche d'opter pour la déductibilité de vos versements pour cette année, par exemple, et d'y renoncer l'année prochaine à l'occasion d'un autre versement. Le gestionnaire de votre PER compartimentera alors les sommes concernées (déduites d'un côté, non déduites de l'autre) car la fiscalité à la sortie sera différente.

La fiscalité du PER décryptée par MoneyVox

3 - Pour qui la déduction est-elle la plus intéressante ?

Tout dépend de votre niveau d'imposition. Pour faire simple : plus vous payez d'impôt, plus la déductibilité des versements sur un PER est intéressante.

Dans le détail, le gain dépend de votre taux marginal d'imposition (TMI), c'est-à-dire le taux appliqué à la part supérieure de vos revenus. Un contribuable célibataire sans enfant touchant 40 000 euros par an figure par exemple dans la tranche à 30%. Les seuils variant selon la composition du foyer, en cas de doute sur votre TMI, vous pouvez utiliser le simulateur du fisc ou la calculatrice de placements de MoneyVox (1) en gardant à l'esprit que le barème a évolué en 2020, la première tranche étant passée de 14% à 11%.

Versement de 1 000 € fin 2022 sur un PER, avec déduction
Taux marginal d'impôt sur le revenuGain sur l'impôt à payer en 2023
0%0€
11%110 €*
30%300 €
41%410 €
45%450 €

* Hors décote

Comme le montre le tableau ci-dessus, la déduction « épargne retraite » varie très fortement selon votre TMI ! Déduire les versements sur un PER n'est donc réellement intéressant que si vous figurez dans les tranches à 30%, 41% ou 45%.

4 – Avec déduction : quelle fiscalité à la retraite ?

La déduction fiscale au moment du versement est l'option par défaut... et le principal atout de vente du PER. Si vous ne faites rien - et confirmez ainsi le choix de la déductibilité - la fiscalité du PER est attrayante à l'entrée, mais moins avantageuse à l'âge de la retraite !

Si vous choisissez la sortie en capital, l'ensemble des sommes préalablement déposées sur le PER seront soumises à l'impôt sur le revenu au moment du retrait : on peut parler d'un report d'imposition, l'avantage à l'entrée étant gommé par la fiscalité à la sortie. Les gains réalisés entre temps seront eux soumis à la fiscalité des revenus du capital (prélèvement forfaitaire unique, ou PFU). Pour éviter une trop forte imposition l'année du déblocage du PER, en retirant l'ensemble du capital, vous pourrez échelonner les retraits au fil des années lors de vos vieux jours.

A savoir : si vous débloquez votre PER (entièrement ou en partie) pour l'achat de votre résidence principale, avant la retraite, l'ensemble des sommes retirées seront soumises à l'impôt sur le revenu (au barème « classique » pour les sommes issues de versements, au PFU pour les gains).

L'alternative : la sortie en rente viagère, qui permet de générer un revenu mensuel pendant vos vieux jours, en fonction de l'épargne accumulée. Au niveau fiscal, les rentes issues du PER s'ajoutent à vos pensions de retraite et sont donc soumises au régime fiscal « classique ».

Rentes viagères, mode d'emploi

5 – Sans déduction : quelle fiscalité à la retraite ?

Si vous renoncez à l'avantage fiscal au moment du versement sur le PER individuel, vous bénéficierez d'un avantage à l'heure de la retraite !

En cas de sortie en capital, seuls les gains réalisés grâce à votre épargne seront soumis au PFU (impôt sur le revenu + prélèvement sociaux), ou « flat tax ». Le capital, lui, n'est pas imposé. Bref : le même régime fiscal que pour une majorité de placements financiers.

Si vous choisissez la sortie en rente, celle-ci bénéficiera d'un régime fiscal plus avantageux que celui des pensions de retraite : le barème des rentes viagères à titre onéreux (RVTO). Seule une part de la rente mensuelle sera fiscalisée (30% ou 40% de la rente selon l'âge du bénéficiaire).

6 – Qui doit renoncer à la déduction des versements sur le PER ?

Bercy le soulignait dès l'automne 2019 à l'heure du lancement du PER : « Les personnes qui ne sont pas soumise à l'impôt sur le revenu peuvent effectuer des versements en épargne retraite non déductibles de l'impôt sur le revenu. A la sortie, ils ne sont taxés que sur les produits de l'épargne (gains en capital). » Nul besoin, en effet, pour des contribuables peu ou pas imposés de déduire leurs versements volontaires sur un PER de leur revenu imposable ! En renonçant à la déduction, ils s'offrent notamment la possibilité de bénéficier d'une rente viagère peu fiscalisée à la retraite.

Pour les contribuables les plus aisés (tranches d'imposition à 30%, 41% et 45%), la carotte fiscale de la déduction est un argument de poids pour l'ouverture d'un PER et pour la déductibilité.

Reste les foyers peu imposés, qui figurent dans la tranche à 11%... Le gain étant limité à l'entrée (110 euros pour 1 000 euros de versement comme le montre le tableau ci-dessus), l'option « renoncer à la déductibilité » doit être étudiée.

Ce qu'il faut retenir

  • Si vous payez peu ou pas d'impôt : il faut demander explicitement à renoncer à la déductibilité des versements. Songez aussi dès à présent à votre objectif : si l'idée de la rente viagère à l'âge de la retraite ne vous séduit pas, alors le PER individuel n'est pas le produit d'épargne le plus avantageux : une assurance vie voire un PEA offrent des régimes fiscaux plus avantageux, avec des exonérations partielles ou totales d'impôt sur le revenu sur les plues-values.
  • Si vous voulez réduire l'impôt portant sur vos revenus 2020, alors la déductibilité - l'option par défaut - est bien la plus adéquate.
  • Dans tous les cas, l'important est de définir votre objectif prioritaire : réduire vos impôts dès aujourd'hui, ou préparer votre retraite. La non-déduction peut parfois être un choix judicieux si vous visez une rente faiblement fiscalisée à l'âge de la retraite.

Lire aussi : Assurance vie ou PER : quel est le meilleur placement pour votre retraite ?

(1) Sur la calculatrice MoneyVox, pour obtenir votre TMI pour vos revenus 2022, il faut choisir « prélèvement à la source - septembre à décembre 2022 » dans le menu déroulant du haut. Le TMI aparaît dans la page de résultats juste au-dessus du « taux moyen d'imposition ».