Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a jugé « courageuse » mardi la proposition de sa collègue ministre Agnès Buzyn sur l'allongement de la durée de travail, assurant que cette piste de travail devait être « étudiée » par le gouvernement.

« La proposition » de la ministre des Solidarités et de la Santé « est très courageuse. Et elle s'étudie, elle se regarde », a déclaré Gérald Darmanin, interrogé sur LCI. « Je pense qu'on aura l'occasion d'en discuter très bientôt », a-t-il ajouté. « Ce qui est sûr, c'est qu'on ne pourra pas réindexer les retraites » sur l'inflation, comme « semblent le vouloir une partie des retraités, sans doute à raison », ni augmenter les dépenses pour « les services publics dans les territoires », « sans toucher à ce qui est l'essentiel de notre dépense publique, qui est la dépense sociale, composée en très grande partie des retraites », a estimé le ministre.

Interrogée dimanche lors du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI, Agnès Buzyn avait envisagé de « proposer un allongement de la durée de travail » lors des discussions avec les partenaires sociaux « dans le cadre de la réforme générale » des retraites, élaborée par Jean-Paul Delevoye. « Je suis médecin, je vois que la durée de vie augmente d'année en année (...) Est-ce que, alors que le nombre d'actifs diminue, nous allons pouvoir maintenir sur les actifs le poids des retraites qui vont augmenter en nombre et en durée ? Nous savons que cet équilibre-là va être de plus en plus difficile à tenir », avait-elle argumenté.

Ces propos ont suscité les critiques des syndicats mais aussi de Jean-Paul Delevoye, qui s'est dit dans un entretien au Monde « très surpris » des propos de la ministre, en rappelant que l'engagement d'Emmanuel Macron dans le cadre de la réforme des retraites consistait à maintenir l'âge de départ à 62 ans. « Ce que dit Madame Buzyn, c'est ce qu'ont fait les gouvernements de toute l'Europe : on vit plus longtemps, donc on doit travailler un peu plus longtemps », a défendu de son côté Gérald Darmanin. La mise en place d'un régime par point, voulue par le gouvernement, « est très intéressante ». Mais « elle ne vaut que si le régime de retraites est équilibré et si par ailleurs nous ne rajoutons pas des dépenses », a-t-il estimé.