Comment les Français se préparent pour leur retraite ? Quelles sont leurs préoccupations ? Quels sont les produits plébiscités dans cette approche ? La 3e édition du baromètre Deloitte « Les Français et la préparation de la retraite » (1), dévoilé mercredi à Paris, fait le tour de ces questions.

« Les réformes liées à la retraite se succèdent et semblent de moins en moins convaincre », a indiqué Hugues Magron (photo), directeur conseil secteur Assurances et Protection Sociale de Deloitte, lors de la présentation du baromètre. « Les Français sont moins sensibles à l’importance de préparer leur retraite longtemps à l’avance. Ainsi, si cette part s’élevait à 57% après la réforme de 2010, elle atteignait 41% suite à celle de 2013. »

Les personnes interrogées jugent assez sévèrement les apports de cette réforme, notamment du point de vue des conditions de préparation et de l’équité. 42% d’entre elles pensent que la réforme de 2013 est insuffisante pour préserver durablement le système par répartition. Par ailleurs, 54% déplorent l’absence d’incitation en faveur de l’épargne retraite. Parmi les points de la réforme perçus comme satisfaisants, la mise en place d’un compte de pénibilité et une meilleure information liée à la retraite.

63% des actifs pensent que leur pension sera insuffisante

Les Français sont inquiets du montant de leur future pension, constate aussi le baromètre. 63% des actifs considèrent qu’elle sera insuffisante pour couvrir leurs besoins financiers et 77% estiment qu’ils devront la compléter par d’autres sources de revenus. Dans le contexte de crise économique, l’épargne reste de mise. « Les Français envisagent d’épargner plus à l’avenir, tandis que la part d’épargne à investir a plutôt tendance à baisser », observe Caroline Bastide, responsable de l’équipe Finance chez Harris Interactive. Ainsi, 53% des personnes interrogées disent épargner pour financer leur retraite contre seulement 61% un an plus tôt. Quant aux retraités, 56% s’estiment satisfaits de leurs revenus, en dépit d’une baisse de 5% par rapport à 2012.

Parmi les autres constats, près d’un actif sur deux indique n’avoir aucune idée du montant de sa future retraite. Les actifs restent toutefois peu entreprenants puisque seulement 35% ont effectué des recherches. Autre enseignement, 40% des Français n’ont confiance en aucun des interlocuteurs, les institutions des régimes obligatoires recueillant toutefois 36% d’avis positifs.

Parmi les autres points étudiés dans ce baromètre, l’âge moyen estimé de départ à la retraite. Les Français anticipent un recul de cet âge qui s’élève à 65,2 ans, une donnée stable depuis trois ans. Sans surprise, ce seuil est plus élevé chez les jeunes, il atteint par exemple 67 ans pour les 25–34 ans.

L’assurance-vie reprend des couleurs comme produit de préparation à la retraite

Quels sont les produits plébiscités pour préparer sa retraite ? Les comptes sur livret et l’assurance-vie restent les deux produits phare, avec respectivement 76% et 50% de taux d’utilisation. « Cette année, nous assistons à une modification de l’orientation de l’épargne. Ainsi, l’assurance-vie reprend des couleurs, avec 7 points supplémentaires en tant que produit privilégié, qui profitent essentiellement à l’assurance-vie multisupports », observe Hugues Magron.

Les PEL, les placements financiers, la participation et l’intéressement dans le cadre de l’entreprise, sont également appréciés avec un taux d’utilisation de respectivement 47%, 29% et 24%. « Les produits individuels dédiés à la retraite passent la barre symbolique des 10% d’épargnants les privilégiant et affichent un potentiel important : 20% des épargnants envisageant de les souscrire », précise le cabinet de conseil. « Deux tiers des actifs sont satisfaits de leur assurance-vie, ce qui n’est pas forcément un taux important. Ils ne sont pas très nombreux à comprendre son fonctionnement et ils sont une minorité à considérer qu’ils bénéficient de conseils adaptés sur ce produit », détaille Hugues Magron.

Qu’en est-il des établissements sélectionnés pour la gestion de l’épargne ? Les banques traditionnelles recueillent 71% des suffrages, du fait notamment de leur proximité, contre 29% pour les compagnies d’assurances et les mutuelles, 8% pour les associations d’épargnants et 7% pour les conseillers indépendants. Quant aux conseils délivrés par les banques et les assureurs, ils sont jugés insuffisants. « La recommandation n’est pas bonne. Seul un actif sur cinq recommanderait son établissement », conclut Hugues Magron. 26% des épargnants seraient ainsi prêts à payer pour bénéficier de services et de conseils à valeur ajoutée (71 euros par an en moyenne).

(1) 3e édition du baromètre Deloitte « Les Français et la préparation de la retraite : comment inverser les courbes ? », mené en partenariat avec Harris Interactive, auprès de 4.000 Français (actifs et retraités), du 20 novembre au 3 décembre 2013.