Le gouvernement a rendu public, hier, son document d’orientation sur les retraites. Sans surprise, deux pistes sont retenues pour diminuer les déficits : l’allongement progressif de la durée d’activité et une cotisation sur les hauts revenus.

Le document de 14 pages a été transmis hier aux partenaires sociaux, au terme de plus d’un mois de concertation. Il doit servir de base à la rédaction d’un projet de loi, d’ici juillet.

Son objectif : « Apporter une réponse durable aux difficultés financières des régimes de retraites » à « l’horizon 2020 ou 2030 » et conforter le système de répartition, malgré la diminution du nombre d’actifs. Dans le même temps, le gouvernement promet des mesures permettant à davantage de Français de « compléter leurs pensions » en « recourant à des dispositifs d’épargne-retraite ».

Trois leviers

Pour allonger la durée d'activité, le gouvernement cite trois leviers sur lesquels il peut agir : l’augmentation de la durée de cotisation, le report de l'âge d'ouverture des droits à retraite (actuellement à 60 ans) ou le renforcement des incitations à liquider sa pension de retraite au-delà de l'âge légal de 60 ans. Des trois, seul le troisième est « écarté ».

D’après le gouvernement, les règles ne seront changées que « de manière progressive », « au fur et à mesure que les générations atteindront l’âge de la retraite.» Elles s’appliqueront de la même manière dans les secteurs public et privé.

Par ailleurs, des « règles spécifiques » seront définies pour prendre en compte la pénibilité, ainsi que le cas des carrières longues, qui pourront toujours partir plus tôt en retraite, dès lors qu’ils auront suffisamment cotisé pour obtenir une pension à taux plein.

Enfin, le gouvernement entend s’attaquer au problème de l’emploi des seniors (55-64 ans), dont le taux d’emploi (37,9 %) est « beaucoup trop bas ».

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Autre proposition attendue : la mise en place d’une « contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital » destinée à augmenter les ressources de l’assurance-retraite. Une seule certitude sur cette contribution aux contours encore flous : elle « ne donnera pas droit à restitution au titre du bouclier fiscal. »

« Une entaille dans le bouclier fiscal »

Première réaction, suite à la publication du document d’orientation, celle de Jean-François Copé. Le chef de file de l’UMP à l’Assemblée nationale l’a jugé « excellent », tout en reconnaissant que la contribution sur les hauts revenus était bel et bien « une entaille dans le bouclier fiscal ». En début d'après-midi, le député UMP Hervé Mariton a quant à lui estimé sur la radio BFM, qu'il serait « plus transparent, plus honnête » de « faire monter le bouclier fiscal à 52% » plutôt que de taxer les hauts revenus pour financer les retraites, ajoutant que selon lui « on est dans la symbolique ».

A l'inverse, Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l'UMP, a affirmé que la contribution des hauts revenus à l'équilibre du régime des retraites, préconisée par le gouvernement, « solidifiait » le bouclier fiscal. Il a de nouveau exclu catégoriquement l'idée d'une remise en cause de ce principe fiscal.

Les syndicats regrettent, de leur côté, qu’on demande de « nouveaux sacrifices » aux salariés. « On a été écouté mais pas entendu, aucune de nos propositions n’a été retenue » a estimé la CGT, tandis la CFDT regrettait des mesures injustes : « Les salariés ayant commencé à travailler relativement jeunes cotiseront plus longtemps et vont « porter l’effort ».