Le groupe bancaire BPCE, composé notamment des réseaux Banque Populaire et Caisse d'Epargne, a donné hier le top départ du paiement instantané, en réalisant des démonstrations devant la presse. Sa première application sera lancée en juillet. Il sera ensuite diffusé à l'automne à l'ensemble de la clientèle du groupe.

Le virement instantané c’est parti ! Du moins pour les clients des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne. BPCE, le groupe bancaire né du rapprochement de ces deux réseaux, a en effet présenté ce 3 juillet les premières applications de ce nouveau moyen de paiement, permettant d'envoyer de l’argent en moins de 10 secondes, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Si dans un premier temps, le périmètre d’utilisation du virement instantané (appelé aussi paiement instantané ou instant payment) sera limité à ses seuls clients, le groupe croit à son fort potentiel de développement. Il espère ainsi, à l’horizon 2022, réaliser chaque année 1,3 milliard de transactions. Pour y parvenir, le groupe bancaire ne compte pas uniquement sur les virements entre particuliers. Il compte aussi l’adapter à la plupart des situations nécessitant un transfert d’argent entre un particulier et un professionnel, ou entre professionnels.

Le premier cas d’usage concerne l’assurance. Ainsi, dès le 10 juillet prochain, les clients de la Caisse d’Epargne ayant souscrit une police couvrant les sinistres du quotidien (vol ou casse d’appareils multimédia, vol des moyens de paiement, extension de garantie d’achat) seront indemnisés par paiement instantané. Concrètement, ces derniers recevront leur indemnité le jour même de la déclaration du dommage, contre un délai de trois jours actuellement, a détaillé Jean-François Lequoy, membre du comité de direction générale de Natixis en charge des activités d’assurances.

Le paiement instantané entre clients BPCE disponible en septembre

Puis, en septembre, le virement instantané s’ouvrira aux paiements entre particuliers. Il sera plafonné à 15 000 euros, un plafond qui pourra par la suite être revu à la hausse. Toutefois, comme pour l’assurance, seules les opérations entre clients Banques Populaires et Caisses d’Epargne seront possibles à son lancement. Cela représente quelque 15 millions de comptes actifs.

Puis, « le 30 novembre, nous nous connecterons à TIPS [la plateforme de règlement interbancaire paneuropéen, ndlr] ce qui nous donnera accès à l’ensemble des banques européennes également connectées à l’instant payment », a néanmoins précisé Pierre Antoine Vacheron, membre du comité de direction générale de Natixis, en charge des activités de paiements.

Authentification forte contre la fraude

Pour accroitre rapidement son utilisation, BPCE a revu ses interfaces clients. Si le destinataire du virement se situe dans une banque compatible, l’émetteur se verra automatiquement proposer de réaliser soit une opération classique, soit un virement instantané. Les fonds étant transférés de manière irrévocable en 10 secondes, le groupe a également revu son processus d’authentification afin de limiter le risque de fraude. Elle déploie ainsi depuis avril Secur’Pass, un outil qui permet, une fois son téléphone enrôlé, d’obtenir un code PIN à renseigner avant l’initiation d’un virement.

Avec ce virement en temps réel, BPCE souhaite remplacer les paiements par chèques et en espèces. Au passage, le groupe espère aussi récupérer les clients utilisant des services de paiements entre pairs comme Paypal, Lydia ou Pumpkin. Toutefois, l’un des freins au virement bancaire pour le paiement en mobilité est la nécessité de connaître les coordonnées bancaires de son interlocuteur. Pour contrer cette obligation, BPCE, va, dans le cadre de Paylib entre amis, substituer à l’Iban le numéro de téléphone portable. « On travaille aussi sur le QR Code, qui permettra en le flashant de récupérer les coordonnées du bénéficiaires », souligne de surcroît Pierre Antoine Vacheron.

Un prix « plafond » de 1 euro par virement instantané

Les Lydia et autres Pumpkin conserveront vraisemblablement un avantage sur la banque : le prix. Si BPCE refuse pour l’heure de dévoiler sa politique tarifaire, le groupe, par la voix de Laurent Roubin, directeur général en charge de la banque de proximité, a expliqué que le paiement instantané est « un service qui utilise de la technologie. Il a une valeur supplémentaire par rapport à un virement classique qui nécessite 2 jours d’attente. Le calibrage précis de la facturation n’est actuellement pas défini, mais l’idée est de le faire payer ». Un flou qui interroge puisque certaines Caisses d’Epargne font d’ores et déjà apparaître dans leur plaquette tarifaire un coût de 1 euro pour effectuer un virement instantané dans la zone SEPA. Interrogé sur ce point, ce dernier a expliqué qu’il s’agissait plutôt d’un « plafond » de frais.

Le virement instantané pour les professionnels

Le virement instantané ne s’adresse pas uniquement aux particuliers. Le groupe bancaire veut le diffuser aussi après de sa clientèle de professionnels. Résultat, en septembre, les entreprises faisant de l’affacturage [cédant une facture à la banque afin de récupérer de la trésorerie avant le paiement effectif du client, ndlr] recevront les fonds par virement instantané .

Côté e-commerçants, le déploiement de l’instant payment a aussi tout son intérêt. Il leur permet de proposer un nouveau moyen de paiement moins contraignant que la carte bancaire pour l'acheteur, mais aussi pour le marchand. Côté clients, ces derniers peuvent ainsi réaliser des transactions d'un montant important sans risque de dépasser leur plafond carte. Côté commerçants, le virement instantané est moins coûteux en frais que le paiement par carte... Les Visa, Mastercard et autres intermédiaires n’intervenant plus dans les transactions. Cet argument a vraisemblablement fait mouche auprès d’Air France. Début 2019, la société proposera aux clients disposant d’un compte à la Banque Populaire ou à la Caisse d’Epargne de payer ainsi leurs billets en ligne.