La montée de l'euro par rapport aux autres devises, notamment le dollar, n'est pas de nature à freiner la croissance en zone euro, a estimé jeudi le patron de la Banque fédérale allemande.

« La récente appréciation de l'euro ne devrait pas compromettre l'expansion » qui perdure dans la zone des 19 économies utilisant la monnaie unique, a affirmé Jens Weidmann, président de la Bundesbank, lors d'un discours prononcé à Francfort. Depuis la mi-décembre, l'euro a gagné 4% en valeur vis-à-vis du dollar et 1% vis-à vis du yen. Sur un an, les hausses sont respectivement de 15% et 10%. Ce phénomène « illustre, au moins en partie, plutôt une réaction aux perspectives de croissance plus favorables de la zone euro », a-t-il renchéri.

Jens Weidmann, qui est membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), s'est ainsi exprimé de manière plus optimiste que cette instance, qui a mentionné en janvier des « risques à la baisse » sur l'expansion en zone euro « incluant les développements sur les marchés des devises ». Comme la BCE, Jens Weidmann estime que la volatilité récente des taux de change est à « surveiller de près », car c'est une « source d'incertitude » quant aux implications possibles sur le développement des prix en zone euro.

Un euro fort réduit en effet le prix des importations, ce qui peut diminuer le niveau général des prix, que la BCE voudrait voir grimper à « près de 2% », selon son mandat. « Des recherches récentes suggèrent que la répercussion du taux de change, c'est-à-dire l'impact des fluctuations des taux de change sur l'inflation, a diminué », a toutefois fait remarquer Jens Weidmann.

Favorable à la fin du QE

Le banquier central s'est au passage prononcé pour une fin rapide du dispositif d'assouplissement quantitatif de la BCE - le « QE » sous la forme d'achats de dette publique et privée - qui soutient l'économie et les prix en zone euro depuis mars 2015. « Si l'expansion progresse comme prévu, des achats nets substantiels au-delà du montant annoncé ne semblent pas nécessaires », a-t-il affirmé.

La BCE aura acheté environ 2 500 milliards d'euros de dette d'ici septembre 2018, et n'a pas encore décidé ce qu'elle comptait faire par la suite. « Si l'expansion progresse comme prévu, des achats nets substantiels au-delà du montant annoncé ne semblent pas nécessaires », a-t-il affirmé.

Plus nuancé, son confrère et économiste en chef de la BCE, Peter Praet, a laissé voir l'ampleur des dissensions au sein de l'institution francfortoise sur le sujet. Le banquier a déclaré jeudi lors d'un question-réponse sur Twitter que sur les programmes de rachat, il y avait un accord au sein du conseil des gouverneurs sur « l'objectif mais un débat sur la manière de procéder ».