Si 2017 avait démarré en France sur une croissance poussive, 2018 s'ouvre sous de biens meilleurs auspices économiques. Une dynamique qui tient toutefois plus au contexte international et aux résultats tardifs de la politique de François Hollande qu'à un effet Macron.

Un rythme de croissance qui s'amplifie, des chefs d'entreprises plus optimistes que jamais, des intentions d'investissement et d'embauche positives... Depuis l'arrivée du nouveau président à l'Elysée, les signaux économiques virent, les uns après les autres, au vert. A tel point que l'Insee a dans sa dernière note de conjoncture révisé à la hausse sa prévision de croissance pour 2017, à 1,9%, un chiffre bien supérieur à la hausse de 1,1% du produit intérieur brut enregistrée en 2016. Pour autant, peut-on mettre cette tendance au crédit d'Emmanuel Macron ? Difficile de le dire, s'accordent à dire les économistes.

Le locataire de l'Elysée l'a lui-même reconnu mercredi. « La France bénéficie de l'embellie de l'économie mondiale, mais aussi des réformes des dernières années et d'un sentiment de confiance plus grand », a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien El Mundo. Au premier chef, l'Hexagone profite en effet de l'amélioration de la conjoncture internationale, en particulier de celle de la zone euro. La Banque centrale européenne a ainsi relevé mi-décembre sa prévision de croissance de la zone euro pour 2018 à 2,3%, contre 1,8% lors de son estimation de septembre.

Une reprise « moins vigoureuse que dans la zone euro »

« Comme on est extrêmement imbriqués [avec les autres pays européens, NDLR] en termes de commerce extérieur, on a des cycles communs de croissance », explique Mathieu Plane, chercheur à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), un think tank classé à gauche. « La France en profite », souligne-t-il, notant toutefois que la reprise tricolore est « moins vigoureuse que dans l'ensemble de la zone euro ».

« On était un peu en retard sur le cycle américain, on le rattrape », observe pour sa part Denis Ferrand, directeur de l'institut Coe-Rexecode, plus proche du patronat. Une dynamique rendue possible par la faiblesse du prix du pétrole, du cours de l'euro et des taux d'intérêt. Malgré tout, il ne faut pas « minorer l'impact du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et du Pacte de responsabilité » mis en place par François Hollande à partir de 2013, qui ont été des éléments « déclencheurs pour l'investissement », ajoute l'économiste. Ces mesures à destination des entreprises, instaurées pour réduire le coût du travail, avaient pour objectif de stimuler les embauches et l'investissement des entreprises, des effets qui ont peiné à se faire sentir sous le quinquennat précédent.

Effets différés des mesures du quinquennat Hollande

« Les effets des mesures Hollande ont été très différés », confirme Mathieu Plane, soulignant que la mise en place d'une telle politique donnait en général lieu au début à des résultats négatifs sur la croissance. Selon le chercheur, les répercussions des mesures à destination des entreprises commencent à se voir « au bout de quatre ans » et ne sont « à plein régime » qu'« au bout de 10 ans ».

Emmanuel Macron « surfe sur cette vague », estime-t-il, tout en reconnaissant « une forme de continuité ». « Il était secrétaire général adjoint à l'Elysée quand a été mis en place le CICE, puis ministre de l'Economie », rappelle-t-il. Mais peut-on déjà observer des effets de la politique mise en œuvre par le chef de l'Etat depuis son élection en mai ? « Il est trop tôt pour le dire », déclare Denis Ferrand. Tout comme le CICE, « les mesures sur la fiscalité du capital et sur le travail sont des mèches lentes, ce sont des dispositifs qui prennent du temps » pour démontrer leur efficacité, juge-t-il.

Macron donne rendez-vous dans 1 ou 2 ans

Emmanuel Macron a jugé que des « résultats significatifs » de sa politique sur le front du chômage sont à attendre « au bout de 18 à 24 mois ». Pour l'heure, l'arrivée du nouveau président a surtout suscité un regain d'optimisme chez les patrons, mais aussi les investisseurs étrangers. Reste à voir dans les prochains mois si ces derniers traduiront cet enthousiasme par de réelles décisions d'investissement sur le territoire français.