En 4 ans à peine, la location avec option d’achat a convaincu les consommateurs pour devenir le premier mode de financement des automobiles neuves en France. Mais la LOA est-elle vraiment une bonne affaire du point de vue financier ?

« Le début du basculement date de janvier 2015, lorsque Renault lance son offre Easy Pack et change son mode de communication, en mettant en avant dans ses pubs un loyer mensuel sans apport, avec entretien à un euro. Cela a marché tout de suite, et ce succès ne s’est pas démenti ». Cette success story - racontée ici par Christophe Michaeli, directeur marché « Automotive » France de BNP Paribas Personal Finance - c’est celle de la location avec option d’achat.

Quatre ans plus tard, la LOA est devenue, de très loin, le premier mode de financement des automobiles neuves en France, et commence même à faire son trou sur le marché de l’occasion (voir plus bas). Selon les derniers chiffres publiés par l’Association française des sociétés financières (ASF) (1), elle a représenté, sur les 11 premiers mois de 2018, 75% de la production totale de financements d’automobiles neuves. Et sa production a progressé de 15% sur un an, quand celle des crédits classiques se repliait de 1%.

LOA, mode d’emploi

Rappel : la LOA est un mode de financement alternatif au crédit affecté classique. Plutôt que d’acheter la voiture, vous la louez à un établissement de crédit, qui en est le propriétaire effectif. Au terme de la période contractuelle de location (3 ou 4 ans en général), vous avez la possibilité, soit de rendre le véhicule et d’en louer un nouveau, soit de le racheter définitivement, à un prix convenu dès le départ. Du point de vue réglementaire, la LOA est considérée comme un crédit à la consommation.

Une bonne affaire… pour les constructeurs

La LOA est-elle pour autant une si bonne affaire ? Pour les constructeurs et leurs concessionnaires, c’est certain. « La LOA est un vrai facteur de vente de véhicules, et un vrai soutien au marché automobile français », estime Christophe Michaeli. Du côté de DIAC, filiale spécialisée du constructeur automobile Renault, on estime par exemple à 20% la part des clients qui n’auraient pas acheté de voiture neuve sans l’offre Easy Pack évoquée plus haut.

Mais la LOA est aussi, et surtout, un superbe outil de fidélisation. « En faisant un effort au début pour capter un client, on peut ensuite le conserver longtemps », constate Christophe Michaeli. Et pour cause : chez DIAC, par exemple, 6 clients sur 10 équipés en LOA reprennent une voiture neuve chez le même concessionnaire au terme de la période de location.

Lire aussi : Pourquoi la LOA est devenue l'obsession des concessionnaires

Plus simple, plus souple

Qu’en est-il côté acheteur ? L’intérêt de la LOA par rapport au crédit auto classique est plus difficile à mettre en évidence. Tout dépend en effet du rapport qu’on entretient avec sa voiture. La LOA nécessite en effet de rompre à l’idée de propriété, puisque la voiture que vous conduisez chaque jour appartient en fait à votre banque. En échange de quoi vous profitez de certains avantages.

Le premier est budgétaire. Le loyer payé couvre en effet généralement l’ensemble des coûts liés à la détention d’une automobile : l’entretien surtout, mais potentiellement aussi son assurance et l’assistance en cas de sinistre… La LOA permet donc d’avoir une certaine régularité, et une vraie visibilité sur son budget lié à la voiture, à l’abri des mauvaises surprises.

Second intérêt, la souplesse. « En fin de contrat, je peux garder ma voiture, la revendre ou la restituer », argumente Christophe Michaeli. Plus besoin, si vous souhaitez changer, de vous embêter à poster des petites annonces et à négocier le prix.

La LOA décolle aussi pour l’occasion

De janvier à novembre 2018, les établissements spécialisés ont distribué 411 millions d'euros pour le financement en LOA de voitures d’occasion. Un montant qui ne représente encore qu’un peu plus de 10% de ce marché, mais qui est en forte progression : +42,6% par rapport à la même période de 2017, quand le crédit classique n’enregistre « que » 11,2% de croissance.

Un coût total plus important en cas de rachat

Plus simple, plus souple, la LOA est toutefois un peu plus chère qu’un crédit classique. Pour apprécier cet écart de coût avec un financement classique, nous nous sommes rendus sur le site web du constructeur Renault pour simuler l’achat d’une Clio IV, voiture la plus vendue en France en 2017, présentée en entrée de gamme au prix de 15 300 euros.

Voici les offres de financement, hors assurances facultatives, proposées par DIAC, la filiale spécialisée du constructeur automobile (2) :

  • LOA sur 49 mois (Renault New Deal), avec plafond de 10 000 km par an : 48 mensualités de 204,23 euros après un premier loyer de 1 500 euros. Au terme des 4 ans, paiement de 6 650,81 euros pour lever l’option d’achat. Au final, dans ce cas de figure, le coût total d’achat du véhicule est de 17 953,85 euros.
  • Crédit classique sur 48 mois avec 1 500 euros d’apport : 48 mensualités de 305,14 euros, à un TAEG fixe de 2,99%. Coût total d’achat du véhicule : 16 146,72 euros.

L’écart entre les deux modes de financement pour ce même véhicule est donc non négligeable : 1 807,13 euros. Il n’est pas clair, sur le site de Renault, si le financement en LOA proposé intègre l’entretien du véhicule. Mais même en incluant celui-ci - estimé à 1 688 euros sur 4 ans (3) - la LOA reste un peu plus chère. Elle présente par ailleurs quelques aléas. Le kilométrage, tout d’abord, est limité, et le dépassement de cette limite génère des pénalités. Il est recommandé, ensuite, d’être soigneux : la voiture doit en effet être rendue en bon état, et tout ce qui ne rentre pas dans le cadre de l’usure normale est facturé.

Bilan : être ou ne pas être propriétaire de son véhicule

Pour résumer, la LOA est plutôt une bonne affaire si :

  • vous n’êtes pas attaché à l’idée de posséder votre véhicule ;
  • vous souhaitez mensualiser votre budget automobile ;
  • vous voulez conduire en permanence une voiture récente ;
  • vous ne voulez pas vous embêter à l'entretenir et à la revendre vous-même.

En revanche, le crédit classique est plutôt conseillé si :

  • vous n’êtes pas certain de vouloir rendre le véhicule au terme de la période de location ;
  • vous préférez être propriétaire de votre véhicule ;
  • vous souhaitez être libre de l’utiliser sans contraintes, et de le revendre quand vous voulez, en récupérant une partie de votre mise de départ pour vous reconstituer un apport.

(1) L’ASF regroupe l’ensemble des établissements de crédit spécialisés. En matière de crédit à la consommation, ses adhérents représentent près de 50% de l’encours de l’ensemble des banques. (2) Relevé effectué le lundi 4 février. (3) Source : Vroomly.