La région où les Français éligibles au Livret d’épargne populaire ont déposé le plus d’argent sur leur LEP est le Rhône-Alpes, avec 4,8 milliards d’euros. Presque deux fois plus peuplée, l’Ile-de-France n’affiche qu’un encours de 2,9 milliards d’euros. La Corse ? 100 millions. Zoom sur ces disparités et sur les évolutions récentes.

En l’espace de huit mois, en 2014, le Livret d’épargne populaire a subi une décollecte de 2,15 milliards d’euros. Si l’essentiel a été réalisé au mois de janvier (-2 milliards), la collecte reste négative sur les sept mois suivants, selon les statistiques Banque de France. Pourtant, l’accès à ce livret actuellement rémunéré à 1,50% net d’impôt a été élargi au 1er janvier dernier. Théoriquement, 3,3 millions de contribuables supplémentaires ont accès à ce produit d’épargne depuis le début de l’année selon une estimation du gouvernement fournie fin 2013. Mais avec les nouvelles conditions d’accès, il est désormais plus compliqué de savoir si l’on est éligible ou non, ce qui explique en partie le manque d’engouement pour le LEP en 2014.

Autre constat : les données mensuelles de la Banque de France permettent de pointer de très importantes disparités concernant le LEP selon les régions. Des disparités que la modification des conditions d’accès n’a pas gommée. Si l’on croise l’encours global par région avec le nombre d’habitants (1), la moyenne est de 242 euros en Ile-de-France, de 1.180 euros en Auvergne. Soit un encours presque cinq fois plus élevé !

Le LEP plaît aux Auvergnats et Limousins

Ce calcul, réalisé par cBanque, n’offre pas un montant moyen par LEP existant mais en fonction du nombre d’habitants. Etant donné le périmètre restreint du Livret d’épargne populaire, cet encours moyen par habitant est donc bien inférieur au montant réel. Mais il permet de constater que les résidents du Limousin (1.080 euros d’encours moyen par habitant), d’Auvergne (1.180 euros) ou de Bretagne (1.073 euros) affichent une affection particulière pour le LEP. Bien plus qu’en Corse (310 euros) par exemple.

Les encours globaux aussi permettent de pointer d’étonnants écarts. Ainsi, le montant de l’ensemble des LEP franciliens n’atteint que 2,9 milliards d’euros, contre 3,9 milliards dans les Pays de la Loire, région trois fois moins peuplée que l’Ile-de-France.

Une seule région où le montant global ne chute pas

Ces disparités régionales peuvent s’expliquer de différentes manières. Tout d’abord par le niveau de vie des habitants. L’accès au LEP est réservé aux personnes les plus modestes, l’éligibilité se basant depuis le 1er janvier dernier sur le revenu fiscal de référence (RFR). Elles peuvent aussi s’expliquer par une différence d’information sur leur éligibilité, mais ce critère est impossible à quantifier.

Reste malgré tout une constante : l’encours du LEP a chuté dans presque toutes les régions d’août 2013 à août 2014. La région parisienne affiche l’une des baisses les plus élevées, de 9,4% contre 6,9% au niveau national. Le record est cependant détenu par la Corse, où l’encours du LEP, déjà très faible en août 2013 (0,2 milliard d’euros), a quasiment diminué de moitié (0,1 milliard). Une seule région fait figure d’exception au niveau de l’évolution du montant détenu sur les LEP : en un an, l’encours global est resté inchangé en Champagne-Ardennes, bloqué à 1,1 milliard d’euros.

(1) Attention : nous publions un encours moyen par habitant qui ne correspond donc pas à l’encours moyen des LEP existants, la Banque de France ne publiant le nombre de livrets par région. Le calcul de l’encours moyen se base sur les statistiques mensuelles de la Banque de France portant sur les dépôts dans les régions françaises (France métropolitaine) de la clientèle non financière résidente et non-résidente. La Banque de France a publié lundi 20 octobre les données portant sur l’encours au 31 août. Ces statistiques ont ensuite été croisées par cBanque avec les données de l’Insee portant sur la population par région au 1er janvier 2013.