Dans un contexte marqué par la baisse du rendement de l’épargne réglementée et des fonds en euros de l’assurance-vie, il a été de plus en plus difficile en 2013 de concilier absence de risque, liquidité et rendement. Toutefois, avec un peu de temps et d'organisation, une solution existe pour ramener la rémunération de son épargne nettement au-dessus des 4% : le « saut de livrets », qui consiste à profiter au maximum des promotions de bienvenue offertes par les banques en ligne. Explications.

2013 restera comme une année difficile pour les petits et moyens épargnants. Leurs supports favoris ont en effet subi cette année une érosion de leur rémunération. A commencer par les produits d’épargne réglementée. Entre le 1er janvier et aujourd’hui, le taux du Livret A a perdu un point de rendement, passant de 2,25% net à 1,75% le 1er février, puis à 1,25% le 1er août, et entraînant dans sa chute le Livret de développement durable, le Livret d’épargne populaire et le Compte Epargne Logement. Du côté de l’assurance-vie en euros, le repli est certes moins spectaculaire : leur rendement moyen, net de frais de gestion mais avant prélèvements sociaux, est attendu autour de 2,70%, après 2,90% en 2012. Il n’en reste pas moins que ce taux, s’il se confirme, sera historiquement bas. Les livrets fiscalisés, enfin, n’ont pas échappé à la morosité ambiante. En septembre, le taux moyen des produits à taux de marché se situait à 1,30% brut, en baisse de 0,60 point sur un an.

Résultat : il est devenu de plus en plus difficile de trouver un support d’épargne qui concilie sécurité, disponibilité et rendement. Une solution simple, pourtant, existe, à condition de disposer d'un peu de temps et de savoir anticiper : se tourner vers le marché des super-livrets à taux boosté, où une poignée de banques (principalement des acteurs 100% en ligne) sont prêtes à faire de gros efforts sur les rémunérations pour attirer des nouveaux clients.

2,76% de rendement après prélèvement à la source mais avant impôt

Comme l'an dernier à l’occasion d’un précédent article sur le sujet, nous avons construit plusieurs scénarios d’optimisation pour 2013, qui tirent le meilleur parti des offres promotionnelles qui se sont succédé depuis douze mois. Cette année, les super-livrets ont généralement affiché des taux moins intéressants que les précédentes. Pour compenser partiellement cette baisse, les acteurs de ce marché ont fait le choix d’allonger les durées de promotion : 4 mois (voire 5 mois exceptionnellement) est aujourd’hui la norme, contre 3 mois les années précédentes. Elles ont aussi eu tendance à baisser les plafonds de promotion, plus proches actuellement des 50.000 euros que des 100.000 euros, courants par le passé, et à multiplier les conditions restrictives à l’application de leur promotion, en fixant des minima de versement ou des durées de détention minimales. Autant de règles qui ont limité un peu plus les possibilités d’optimisation.

Toutefois, à partir d'une hypothèse de départ qui consistait à placer fin décembre 2012 20.000 euros, de façon à ce qu'ils commencent à produire des intérêts dès le 1er janvier, nous sommes parvenus, dans le meilleur des cas, à engranger 876,38 euros d’intérêts bruts + 130 euros de primes, soit l’équivalent d’un rendement brut de 5,03%. Ce scénario, toutefois, est difficilement reproductible dans la réalité. Il nécessite en effet de mettre en place une gestion très agressive, en allant chercher, voire en anticipant, toutes les opportunités de primes ou de meilleurs taux. Il a également l'inconvénient de mettre à contribution cinq livrets différents. Autant de banques où nous ne pourrions plus bénéficier du statut de nouveau client, qui seul permet d'être éligible aux promotions de bienvenue.

Un scénario plus réaliste et plus facilement reproductible nous a aussi permis de battre, d'assez loin, le rendement du Livret A, en engrangeant 830 euros d’intérêt brut + 50 euros de bonus, soit l’équivalent d’un taux brut de 4,40% sur l’année, même en perdant une quinzaine d'intérêts à chaque « saut » de livret. Pour cela, nous avons d'abord opté pour le Livret Carrefour Banque (5,4% brut du 1er janvier au 31 mars) puis déplacé le capital et les intérêts capitalisés vers le Livret Epargne Orange (3,5% brut + 50 euros de prime du 16 avril au 15 juillet), puis le Livret BforBank (5% brut du 1er août au 30 novembre) et enfin vers le Livret Zesto de RCI Banque (5,25% du 16 décembre au 31 décembre, avec un taux promo qui court encore sur 3 mois et demi en 2014). Dans ce scénario, en tenant compte des prélèvements sociaux (15,5% prélevés à la source) et de l’acompte fiscal de 24%, il reste encore 502,15 euros d’intérêts nets + 50 euros de bonus. Soit un rendement net de 2,76% sur l’année plutôt attrayant par les temps qui courent.

L'impact de la nouvelle fiscalité

La rémunération réelle, toutefois, dépend ensuite du taux marginal d’imposition (TMI) de chacun. L'année 2013, en effet, a également été marquée par une importante évolution de la fiscalité des revenus de placements, désormais largement alignée sur celle des revenus du travail.

Lire par ailleurs : Fiscalité des livrets d’épargne

Ainsi, un couple avec deux enfants et un revenu imposable de 35.000 euros, dont le TMI est de 5,5%, se verra restituer 155,87 euros sur le montant avancé au titre de l’acompte fiscal de 24%, ce qui portera le rendement net des 20.000 euros placés début 2013 à 3,54%. Ce taux sera ramené à 3,21% pour un célibataire déclarant 25.000 euros par an, et dont le TMI est de 14%. Enfin, il sera encore abaissé à 2,58% pour les contribuables dont le TMI est de 30%, par exemple un couple avec un enfant et 65.000 euros par an de revenu imposable. Sauf s’il touche globalement moins de 2.000 euros d’intérêts dans l’année, auquel cas l’acompte fiscal de 24% est libératoire.