Le Livret A a engrangé en mai une collecte nette de 1,2 milliard d'euros, prolongeant ainsi sa bonne lancée observée depuis le début d'année, a fait savoir vendredi la Caisse des dépôts.

La collecte nette du mois de mai 2019 est presque deux fois supérieure aux 660 millions d'euros collectés l'an passé sur le même mois, montrent les chiffres publiés par la Caisse des dépôts. Le Livret A, qui sert notamment à financer le logement social en France, connaît un début d'année très dynamique avec un peu plus de 11 milliards déjà déposés sur ce placement depuis janvier, en dépit d'un taux de rémunération à son plus bas niveau historique, à 0,75%.

La tendance est similaire pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) qui a enregistré en mai une collecte nette de 390 millions d'euros, faisant ainsi oublier la décollecte de 30 millions observée sur le même mois en 2018. Au total, la collecte nette réalisée par le Livret A et le LDDS réunis s'est ainsi élevée en mai à 1,6 milliard d'euros en mai, contre 640 millions l'an passé.

Sur la période allant de janvier à fin mai, la collecte nette cumulée sur ces deux placements a atteint 13,7 milliards d'euros (11 milliards sur le Livret A, 2,7 milliards sur le LDDS), contre 10,3 milliards un an plus tôt. L'encours total d'épargne investie sur ces deux produits atteignait fin mai un peu plus de 405 milliards d'euros.

Source des données : communiqués mensuels de la Caisse des Dépôts sur les flux et les encours du Livret A, du LDDS et du LEP.

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Un gain de pouvoir d'achat orienté vers l'épargne

« Le résultat du mois de mai même s'il est en retrait par rapport à celui d'avril reste exceptionnel. Lors de ces dix dernières années, quatre décollectes avaient été enregistrées en mai », précise dans une note Philippe Crevel, le directeur général du Cercle de l'épargne. « Depuis le début de l'année, les ménages français continuent d'arbitrer en faveur de l'épargne leurs gains de pouvoir d'achat », liés aux mesures de soutien annoncées au mois de décembre dernier par le Président de la République en réponse au mouvement des Gilets jaunes, poursuit l'analyste, qui souligne que « cette préférence pour l'épargne s'explique par un niveau de confiance relativement faible ».

Parmi ces mesures, les Français ont notamment bénéficié de l'élargissement et la revalorisation de la prime d'activité ou encore de la baisse de la CSG sur les retraites modestes. Sous la pression du gouvernement, les banques françaises se sont par ailleurs engagées à geler les hausses de tarifs en 2019 et à plafonner les frais d'incidents pour les clients les plus fragiles. Mais « les ménages doutent de la réalité de l'amélioration de leur situation financière et surtout de sa durabilité. Ils anticipent une détérioration de la situation. Les tensions entre les États-Unis et la Chine ainsi qu'avec l'Iran peuvent justifier la prudence des ménages. Par ailleurs, l'idée d'une prochaine récession a été évoquée à plusieurs reprises », détaille-t-il.

La croissance devrait ralentir cette année en France, à 1,3%, se maintenant toutefois légèrement au-dessus de la moyenne de la zone euro grâce aux mesures de soutien fiscales et budgétaires du gouvernement et malgré des difficultés à l'international, selon des chiffres publiés jeudi par l'Insee.