Malgré une rémunération avantageuse (1,25% net actuellement) et la hausse récente du nombre de contribuables éligibles, le Livret d’épargne populaire est en déclin depuis plus de dix ans. Cela pourrait toutefois changer, le gouvernement ayant affiché sa volonté d’améliorer sa promotion.

C’est le parent pauvre de l’épargne réglementée : sur les 733 milliards d’euros que les Français avaient placé fin 2017 sur le Livret A et consorts, le Livret d’épargne populaire (LEP) ne pèse que 44 milliards d’euros. Et cet encours ne cesse de diminuer : il a reculé de plus de 30% depuis fin 2008, le nombre de comptes ouverts passant de 13 à 9 millions sur la période, selon les chiffres publiés récemment par l’Observatoire de l’épargne réglementée (OER) de la Banque de France.

Du LEP, on connaît les atouts et les faiblesses. Côté plus, un taux attractif, réglementairement supérieur de 0,5 point à celui-ci du Livret A, ce qui le porte actuellement à 1,25% net. Côté moins, une ouverture et une détention soumises à condition de revenus : pour ouvrir un LEP en 2018, il faut ainsi justifier d’un revenu fiscal de référence (RFR) 2017 - sur les revenus 2016, donc - égal ou inférieur à 19 468 euros pour une part, et 29 863 euros pour deux parts.

Sur cBanque : tout savoir sur le Livret d’épargne populaire

A l’abri de la hausse des prix

La fin de la traversée du désert du LEP est peut-être pour demain. Jusqu’ici dans l’ombre du Livret A, il pourrait en effet retrouver la lumière, à la faveur des nouvelles règles de calcul des taux d’épargne réglementée.

Cette réforme, dont les contours définitifs ont été dévoilés dans un arrêté publié au JO du 17 juin dernier, maintient en effet la règle en vigueur actuellement : le taux du LEP est égal au taux du Livret A majoré de 0,50 point. Ce qui le porte à 1,25% actuellement. Mais une exception à cette règle fait son apparition : dans le cas de figure où le taux d’inflation dépassera le taux majoré du Livret A, le LEP sera aligné sur le premier. Ainsi, si les taux de l’épargne réglementée n’étaient pas actuellement gelés sur décision gouvernementale, son taux grimperait à 1,30%.

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Pourquoi ce changement ? L’intention du gouvernement est assez transparente : il s’agit d’offrir aux épargnants les plus modestes une alternative au Livret A, leur permettant de mettre leurs économies à l’abri de la hausse des prix. Car dans le même temps, la référence au « plancher inflation » sera supprimée de la formule de calcul du taux du Livret A, celui-ci pouvant donc affiché un rendement réel négatif, comme c’est le cas actuellement.

Bercy met la pression

Mais pour que le plan fonctionne, encore faut-il que les épargnants aient le réflexe LEP. C’est loin d’être le cas aujourd’hui : le produit, accessible à 40% de la population mais détenu par seulement 13% - est trop rarement proposé par les conseillers bancaires. En cause notamment : les contraintes administratives liées au LEP, qui nécessitent notamment de vérifier chaque année si le détenteur remplit toujours la condition de revenus.

Les grandes enseignes, toutefois, n’auront pas le choix. Depuis l’annonce de la réforme du taux du Livret A, en avril dernier, Bercy leur met la pression, en leur demandant d’accentuer la promotion du LEP. Et l’Observatoire de l’épargne réglementée a indiqué récemment qu’il assurerait un « suivi rapproché du développement du LEP par les réseaux bancaires ». Suffisant pour permettre au LEP de sortir de l’ombre du Livret A ?

La piste de l’avis d’impôt

Une autre piste pourrait s’avérer plus efficace : celle de l’avis d’impôt. C’est en effet sur ce document que figure le revenu fiscal de référence, et il ne serait sans doute pas très compliqué d’y ajouter une mention, permettant à chacun de savoir s’il est éligible ou non au LEP, et l’encourageant à contacter sa banque.

L’administration fiscale, après tout, a déjà fait la preuve de sa capacité à fournir ce type d’information personnalisée avec la mention du « plafond épargne retraite », qui indique désormais à chaque contribuable le montant maximum qu’il est en droit de déduire s’il cotise sur un PERP ou un PERCO, notamment.

La précédente réforme du LEP n’avait pas fonctionné

Le gouvernement actuel parviendra-t-il à relancer le LEP ? L’histoire ne plaide pas vraiment en sa faveur. La précédente réforme du produit n’est pas très vieille : elle remonte à 2013, lorsque le gouvernement socialiste de l’époque avait changé les règles d’accès, en supprimant la référence à l’impôt payé au profit du RFR. Une évolution susceptible de permettre à plusieurs millions de ménages (3,3 millions selon les estimations de l’époque) d’accéder au produit. Mais, en apportant encore un peu plus de complexité - qui connaît le montant de son RFR de l’année précédente ? - elle n’a pas su enrayer le déclin du produit, bien au contraire.