L’écart entre la rémunération du Livret A (0,75%) et l’inflation annuelle hors tabac (0,6% en décembre 2016) se réduit. Avec la nouvelle formule de calcul, le rendement réel, corrigé de l’inflation, pourrait même passer ponctuellement en négatif.

2016 devrait être, pour le Livret A, une année de redressement. En attendant les chiffres du mois de décembre, la collecte nette 2016 est positive de 1,12 milliard d’euros à la fin novembre, selon la Caisse des dépôts. Pour la première fois depuis 2013, le produit est donc en mesure de finir une année civile dans le vert.

La stabilité de son taux, 0,75% net depuis août 2015, est certainement un des éléments permettant de comprendre ce regain de forme. Dans le même temps en effet, le taux moyen des livrets bancaires fiscalisés a été divisé par deux, passant selon l’indicateur des taux cBanque de 0,40% en août 2015 à 0,19% brut en novembre 2016. Même chute de moitié, de 2% à 1%, pour les nouveaux Plans Epargne Logement, tandis les taux 2016 servis sur les fonds euros de l’assurance-vie sont à nouveau attendus en nette baisse, autour d’un demi-point.

L’attractivité du Livret A a été d’autant plus réel en 2016 que l’inflation hors tabac est restée faible : 0,2% en moyenne annuelle, selon l’Insee. Ce qui situe donc le rendement « réel » du Livret A à 0,55%. Pas si mal par les temps qui courent…

L’inflation en hausse

Cela pourrait toutefois changer dans les mois à venir. Sous l’influence de la hausse des prix de l’énergie et des services, l’indice des prix à la consommation (IPC) est en effet reparti à la hausse : +0,6% annuel en novembre et en décembre, soit le plus fort niveau depuis début 2014. Un phénomène dont on ne sait pas encore exactement s’il va se poursuivre voire s’accentuer.

L’inflation, on le sait, est le principal indice de référence du Livret A. Sa formule de calcul a précisément été conçue de manière à protéger les économies des Français de la hausse des prix, au rythme de 2 mises à jour annuelles (voire 4 en cas de circonstances exceptionnelles). Une des échéances de révision « automatique » du taux se situe précisément au 1er février, sur la base des chiffres du mois de décembre. Et, en appliquant la formule de calcul traditionnelle, le taux du Livret A ressort à 0,75%. Statu quo donc, et objectif atteint : l’inflation est neutralisée.

Un rendement réel potentiellement négatif

Mais voilà, cette formule traditionnelle n’a plus cours depuis que le gouvernement et la Banque de France ont choisi, en novembre dernier, de la modifier. La nouvelle formule ne prend plus comme référence l’inflation hors tabac à un instant T, mais une valeur moyenne lissée sur 6 mois, qui ressort actuellement à 0,4%. Elle suspend également la majoration de 0,25 point, lorsque l’écart entre les valeurs retenues de l’inflation et des taux est supérieure à 0,25 point. Ce qui est largement le cas actuellement.

Plus d'infos sur la nouvelle formule de calcul du taux du Livret A

Résultat : en appliquant cette nouvelle formule, le taux du Livret A ressort à 0,50%, à un niveau inférieur donc à celui de l’inflation du mois de décembre. C’est bien un des effets pervers de la réforme : en cas de hausse rapide de l’inflation, le rendement « réel » du Livret A peut ponctuellement passer dans le rouge, le temps que cette hausse se répercute sur la valeur moyenne désormais prise comme référence.

Un taux gelé au moins jusqu’en août 2017

Heureusement, cette nouvelle formule ne s’appliquera pas au 1er février 2017. L'été dernier, à l’occasion de la précédente échéance de révision, le gouvernement, en accord avec la Banque de France, l'avait annoncé : le taux du Livret A serait gelé, au moins jusqu’en août 2017. Une volonté de stabilité dont les motivations sont principalement politiques - 2017 est une année électorale, et le Livret A un sujet sensible - mais qui, en l’occurrence, fait plutôt les affaires des épargnants.