Près de 8 ans après la généralisation de la distribution du Livret A à toutes les banques, les réseaux historiques (Caisse d’Epargne, Crédit Mutuel, la Banque Postale) conservent les deux tiers de l’encours du Livret A. Une part en voie de stabilisation.

Nous sommes le 11 décembre 2007, à Vandœuvre-lès-Nancy : le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, annonce sa volonté de généraliser la distribution du Livret A, exclusivité des Caisses d’Epargne, des Crédits Mutuels (avec le Livret Bleu) et de la Banque Postale, à l’ensemble des banques exerçant en France. Il s’agit, en effet, de se mettre, au diapason de la Commission européenne, qui juge cette restriction contraire au droit communautaire. La mesure se concrétise le 1er janvier 2009, à la suite de la Loi de modernisation de l’Economie (LME) promulguée le 4 août 2008.

Huit ans après, où en sommes nous ? Les nouveaux entrants (notamment les puissants Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale) ont-ils réussi une OPA sur le Livret A ? Pas vraiment. Le récent rapport 2015 de l’Observatoire de l’épargne réglementée (créé par la LME pour surveiller, justement, les effets de la généralisation) montre que les deux tiers de l’encours du Livret A (65,9% pour être précis, soit 168,6 milliards d’euros) restent entre les mains du trio historique.

En huit ans, les nouveaux entrants ont donc récupéré 34% de l’argent du Livret A. La moitié l’avait été dès la première année : leur part de marché était déjà de 17% à la fin de l’année 2009. Elle est montée à 20,5% fin 2010, 25,6% fin 2011 puis 30,6% fin 2012. Depuis cette date, la croissance ralentit : 32,2% fin 2013, 33,2% fin 2014 et donc 34,1% fin 2015.

Un Livret A à deux vitesses tout de même

Si la part de marché des nouveaux réseaux continue à croître légèrement, c’est qu’ils continuent à enregistrer des ouvertures nettes de Livrets A (+300.000 comptes en 2015), ce qui n’est plus le cas du trio historique (-900.000 comptes). Il faut dire qu’après avoir connu un pic en 2012, le taux de détention (c’est-à-dire le nombre de Livret A ouverts ramené à la population totale de la France) du Livret A est en repli depuis, même s’il reste exceptionnellement élevé : 91,7%.

Les réseaux historiques ont absorbé l’intégralité de la décollecte de 7,2 milliards enregistrée en 2015. Ce sont eux aussi qui détiennent la quasi-totalité (94,1%) des 22,5% de Livrets A dits « dormants », c’est-à-dire qui n’ont fait l’objet d’aucun mouvement au cours de l’année 2015. Enfin, le phénomène de concentration majoritaire des encours sur une minorité de comptes se manifeste plus fortement dans les réseaux historiques, où les 10% de livrets les mieux dotés représentent 60% des encours, contre 45% chez les nouveaux entrants.