Dans son observatoire annuel de l’épargne réglementée – le millésime 2014 ayant été rendu public ce mois-ci – la Banque de France fait un zoom sur la répartition géographique  de l’épargne des Français placée sur les différents supports réglementés, du Livret A au Plan d’épargne logement en passant par les LEP et autres LDD. Quelles sont les régions où les livrets et plans sont les mieux garnis ?

On connaît déjà l’analyse de la Banque de France quant au patrimoine financier des Français et ses récentes évolutions au niveau national, que l’institution détaille dans son observatoire de l’épargne réglementée 2014 : un patrimoine qui a encore progressé de 2,5% en 2014 à 4.259 milliards d’euros. Et une orientation majoritaire des ménages vers des produits d’épargne non risqués, avec des arbitrages au profit de supports proposant une rémunération « avantageuse ». « Ainsi, les flux d’assurance‑vie en support euros s’élèvent à 43,2 milliards et ceux des plans épargne logement (PEL) à 18,2 milliards. En revanche, les flux sur les livrets d’épargne diminuent (-9,7 milliards) », synthétise le rapport de la Banque de France. Mais le document va évidemment beaucoup plus loin dans l’analyse des produits d’épargne réglementée. Notamment sur la répartition par région de la détention de ces supports. De quoi dresser, produit par produit, un palmarès des régions où ils sont le mieux – et le moins bien – garnis. Car, et c’est un premier constat, cette répartition n’est pas homogène, ni similaire entre les différents produits d’épargne.

Comptes sur livret : Ile-de-France, Auvergne et Limousin en tête

La Banque de France débute son focus avec une catégorie rassemblant tous les comptes sur livrets (réglementés mais aussi soumis à l’impôt). Une famille pour laquelle le montant moyen baisse dans toutes les régions, « confirmant la décollecte observée au niveau national », commente l’institution. Avec un encours moyen de 12.900 euros par habitant, c’est l’Ile-de-France qui tient la tête de ce classement, suivie de l’Auvergne (10.400 euros), du Limousin (10.100) de la Bretagne (9.900) et de l’Alsace (9.500). A noter que le leadership de la région parisienne est sans doute artificiellement surévalué par un « détail » signalé par la Banque de France : « les banques en ligne sont autorisées à déclarer l’ensemble de leurs livrets dans la région où est implanté leur siège social. » D’ailleurs, on peut constater que l’Ile-de-France disparaît des podiums suivants, concernant les Livrets A, LDD et LEP.

Parmi les régions affichant les encours moyens sur livret les plus faibles, on trouve la Corse, le Languedoc-Roussillon, la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais, toutes en dessous de la barre des 7.500 euros par habitant.

Auvergne, Limousin, Alsace et Bretagne, terres de Livret A

Le Livret A est le produit pour lequel la répartition régionale est la plus proche de celle des comptes sur livret. Logique au vu du poids de son encours dans le total (plus de 42%). Même si l’Auvergne et le Limousin tiennent les deux premières places du classement (avec un encours moyen par habitant de 4.700 et 4.600 euros), le rapport signale l’attrait particulier des Alsaciens et des Bretons pour le Livret A. D’ailleurs, on peut aussi noter que ces deux régions sont les seules (avec l’Ile-de-France) à présenter un taux de détention (1) du Livret A supérieur à 100% (contre une moyenne nationale tombée à 92,9% en 2014) ! Côté évolution de ces encours, ils « diminuent légèrement dans la plupart des régions en 2014 », à hauteur d'une baisse de 30 euros, constate la Banque de France.

LDD et LEP : Auvergne et Limousin encore et toujours

Au final, quel que soit le livret réglementé, l’Auvergne et le Limousin se retrouvent dans le trio de tête des comptes les mieux fournis. Avec des encours moyens respectifs de 4.600 et 5.700 euros, les LDD et LEP des Auvergnats sont ainsi les plus « richement » dotés de France. Quelques différences sont toutefois à noter entre ces deux produits. Les Bretons semblent ainsi préférer les LDD (avec un encours moyen de 4.400 euros par livret) alors que côté LEP, Midi-Pyrénées s’invite parmi les régions affichant les plus « gros » livrets (5.600 euros), comme la Corse (5.400 euros). Divergences aussi sur le terrain de l’évolution des encours. Même si ceux-ci augmentent dans toutes les régions pour les LDD, la Banque de France enregistre ainsi d’assez fortes disparités, avec un gain de 230 euros en Ile-de-France et de seulement 40 euros en Basse-Normandie. Côté LEP, les montants déposés varient peu, hormis une chute de 200 euros en moyenne notée en Auvergne et une hausse de 150 euros en Haute-Normandie.

PEL : de 12.700 à 17.300 euros par détenteur

« La ventilation de l’encours moyen du PEL [par détenteur, NDLR] observée en 2014 montre une relative hétérogénéité régionale », indique plutôt sommairement l’observatoire. Avec des Plans d’épargne logement franciliens s'affichant comme les plus dotés (17.300 euros en moyenne) et ceux des Nordistes étant les moins bien lotis, à 12.700 euros. Parmi les régions qui misent le plus sur le PEL, on trouve des régions qui ne figuraient pas forcément dans le haut des classements concernant les autres produits réglementés, comme la Corse, le Sud-Est (Rhône-Alpes et PACA) ou encore la Haute-Normandie. Pas de tentative d’explication sur cette spécificité du PEL de la part de la Banque de France. Laquelle ne se risque pas non plus à communiquer des informations sur d’éventuelles évolutions. Des fluctuations qui ont pourtant dû se produire au vu des importants mouvements enregistrés sur le plan national : profitant d’une rémunération attractive dans le contexte actuel et défiscalisée, pas moins de 1,5 million de nouveaux PEL ont été ouverts en 2014. Soit une progression de 11,1% en un an, légèrement supérieure à celle de l’encours total (+9,2%). Il y a fort à parier que de telles évolutions ne se soient pas produites de manière parfaitement homogène sur l’ensemble de l’Hexagone.

(1) Taux de détention : nombre de Livrets A détenus au 31 décembre 2014 divisé par le nombre d’habitants. Sachant qu’entre 2013 et 2014 sur l’ensemble du territoire, ce nombre est tombé de 63 à 61,6 millions, pour une population française de 66,3 millions. Le taux de détention moyen en France s’établit donc à 92,9%.