Le taux de rémunération du Livret A tombe à 0,75% au 1er août, passant pour la première fois de son histoire sous la barre symbolique des 1%. Faut-il parier sur d’autres placements ? Et si oui lesquels ? Tour d’horizon, toutes les alternatives ne se valant pas en termes de rendement, de sécurité et de souplesse. Car, outre l’aspect rémunération, le Livret A conserve des atouts non négligeables : simplicité d’utilisation, capital garanti, intérêts défiscalisés et disponibilité à tout moment.

La bourse

Depuis l’annonce de la baisse du taux du Livret A à 0,75% au 1er août, certains observateurs mettent en avant l’idée selon laquelle, pour chercher du rendement, il faut plus que jamais prendre des risques. Un Plan épargne en actions (PEA) ou un compte-titres, pour investir en bourse ? Un placement potentiellement rentable mais difficilement comparable avec la sécurité d’un Livret A : la perte en capital est possible, le rendement restant très incertain et sujet aux soubresauts des marchés.

Le crowdfunding

Les multiples plateformes de financement participatif profitent de cette baisse de taux pour mettre en avant des rendements alléchants, avec des plus-values annoncées de 3% à parfois près de 10% selon les cas. Mais les rendements annoncés ne sont pas garantis. Un investisseur peut perdre sa mise et, pire, il peut même être engagé au-delà des sommes investies comme le soulignait l’Autorité des marchés financiers en avril dernier.

En pleine phase de développement, le secteur du crowdfunding est de plus en plus vaste : 67 plateformes sont immatriculées à ce jour. Selon le statut de la plateforme et selon le processus d’investissement (prise de participation, prêt direct aux entreprises, prêts via la souscription d’obligations ou via un fonds, etc.), la logique fiscale et le mode de rémunération diverge. En bref : une solution encore loin de la simplicité et de la sécurité du Livret A.

L’assurance-vie en unités de compte

Lorsqu’il s’agit de savoir à quel produit d’épargne profite la baisse du taux du Livret A, l’assurance-vie revient avec insistance. Car ce placement collectionne, chaque mois, d'importantes collectes, au contraire du Livret A. Et au sein de l’assurance-vie, ce sont les supports en unités de compte qui attirent désormais le plus : la fédération des assureurs a révélé que la collecte nette des unités de compte a dépassé celle des fonds en euros en 2015.

Contrairement aux fonds en euros, les supports en unités de compte (UC) n’offrent pas de garantie en capital (sauf rares cas particuliers). Selon cette même fédération, les UC ont rapporté 4,7% en moyenne en 2014, à comparer avec les 2,5% des fonds en euros. Mais à l’image de l’investissement boursier, il est délicat de comparer les supports en UC au Livret A, faute de garantie en capital.

L’assurance-vie en euros

Les fonds en euros de l’assurance-vie permettent eux de placer son épargne sans risque, ce qui permet à ce produit de représenter un substitut plus proche de l'esprit du Livret A. Leur rendement moyen pourrait descendre à 2,25% en 2015 selon une première estimation, le rendement annuel des fonds en euros n’étant connu qu’a posteriori, une fois l’année écoulée. Premier bémol.

Voir les rendements des principaux fonds en euros lors des 4 dernières années

D'autre part, les revenus de l’assurance-vie sont soumis aux prélèvements sociaux (15,5% actuellement) et, partiellement, à l’impôt sur le revenu, suivant une logique de dégressivité, la fiscalité la plus avantageuse étant atteinte après 8 ans de détention. Enfin, la disponibilité de l’épargne est moindre que pour un Livret A : montant minimum des retraits, délai de disponibilité des fonds, rémunération différée, etc. Bref, un placement plus rentable que le Livret A mais plus complexe et moins souple.

Le Plan épargne logement

En 2014, le nombre de PEL est grimpé de 13,1 à 14,6 millions, preuve que ce produit d’épargne alors rémunéré à 2,50% brut attire. Depuis le mois de février, les nouveaux PEL ne rapportent plus que 2%, les plans ouverts avant cette échéance continuant de servir le taux de rémunération valable au moment de leur ouverture. Mais l’engouement pour les PEL reste quasiment intact avec une collecte nette qui a doublé entre le premier trimestre 2014 et 2015 (près de 8 milliards d’euros).

Contrairement à l’assurance-vie en euros, le PEL affiche un taux de rendement garanti, connu dès la souscription et valable pendant toute l’existence du plan. Restent plusieurs réserves. D’une part le détenteur d’un Plan épargne logement doit obligatoirement l’alimenter, à raison d'un minimum de 540 euros par an, soit 45 euros par mois. Et ce produit ne brille pas par sa souplesse : tout retrait entraîne la clôture du PEL, et si celle-ci intervient avant 2 ans de détention, les intérêts sont recalculés au taux du CEL, soit 0,50% à compter du 1er août 2015. En outre, si les intérêts des PEL actuels sont exonérés d’impôt jusqu’au douzième anniversaire du plan, ils restent soumis aux prélèvements sociaux. Soit une rémunération de 1,69% net de cotisations sociales pour la génération actuelle de PEL.

Les comptes à terme

Fiscalisés, les comptes à terme permettent de connaître la rémunération du placement à l’avance. Plus la durée du contrat est longue, plus le rendement est attractif. A l’image du PEL, toutefois, leur manque de souplesse les destine plutôt à un rôle de complément au Livret A, pour des sommes dont l'épargnant n'aura pas besoin à court terme.

Livret d’épargne populaire et Livret Jeune

Parmi les livrets d’épargne réglementée (donc totalement défiscalisés comme le Livret A), le LDD offre une rémunération équivalente, soit 0,75% à compter du 1er août. Le Livret d’épargne populaire servira lui à la même date du 1,25%. Il affiche toutefois deux grandes limites par rapport au Livret A : un plafond à 7.700 euros (contre 22.950 euros), et des conditions d’accès restrictives (1), le LEP étant destiné aux plus modestes.

Le taux du Livret Jeune est lui décidé par la banque. Il avoisine actuellement les 2%, grimpant parfois à 3% dans certains établissements, avant un probable coup de rabot au mois d’août. Les inconvénients sont toutefois les mêmes que pour le LEP : un plafond bas (1.600 euros) et un public ciblé, les 12-25 ans dans ce cas.

Voir les taux des Livret Jeunes selon les banques

Livrets à taux boosté

0,40% pour le Compte sur livret au Crédit Agricole ou à la Banque Postale, 0,60% à la Société Générale ou 0,30% à LCL : les livrets d’épargne bancaires affichent des rendements bien en-deçà de celui du Livret A, sans compter qu’ils pourraient eux aussi baisser à partir du 1er août. Et sans oublier que les intérêts des livrets ordinaires sont soumis aux prélèvements fiscaux et sociaux. Bref, si ces produits d’épargne offrent une accessibilité et une souplesse similaires au Livret A, ils s’avèrent moins intéressants dans la grande majorité des cas.

Les exceptions, ce sont les livrets d’épargne en ligne : 1,50% brut pour le Livret Distingo de PSA Banque et Zesto de RCI Banque, 1,40% pour le Livret Hello bank, etc. Grâce aux offres de bienvenue, les taux peuvent grimper à 3% ou plus dans certaines banques, sur une durée limitée, à condition de conserver le produit d’épargne quelques mois. Un épargnant voulant profiter d’un maximum de « taux boostés » pourra même s’essayer au « saut de livrets ».

Voir les offres promo en vigueur pour les livrets d’épargne

Conserver son Livret A pour l’épargne de précaution

Un produit d’épargne se dégage-t-il comme le remplaçant idéal du Livret A ? Non, le Livret A reste le produit parfait pour stocker son épargne de précaution afin de pallier un éventuel coup dur, et ce même si son taux est très bas. Pour le surplus, en restant sur du placement sans risque, plus que le rendement, c’est la durée d’immobilisation possible de votre épargne qui vous permettra de choisir entre livret bancaire, Plan d’épargne logement et assurance-vie en euros.

Lire aussi : Quels placements faut-il choisir en fonction de la durée d’épargne

(1) L’éligibilité pour l’ouverture d’un LEP est calculée selon la hauteur du revenu fiscal de référence (RFR). Lire à ce propos : les conditions à remplir pour ouvrir un Livret d’épargne populaire.