3,5% des 61,6 millions de Livrets A ouverts en France fin 2014, soit 2,15 millions de comptes, dépassaient le plafond légal de versement, actuellement fixé à 22.950 euros. Un signe, parmi d’autres, de la forte concentration des encours sur une petite minorité de Livrets A très bien garnis.

Le phénomène n’est pas nouveau, mais s’est encore accentué en 2014. « Les Livrets A et de développement durable sont de plus en plus concentrés chez les ménages aisés », constate l’Observatoire de l’épargne réglementé (OER) dans son rapport portant sur l’année 2014, et publié la semaine passée.

L’OER fournit des chiffres à l’appui de ce constat. La part des Livrets A dont l’encours dépasse 15.300 euros (ancien plafond de versement jusqu’au 30 août 2012) évolue peu : 11,6% (contre 11,7% en 2013) du nombre total de comptes ; 58,6 (contre 58,4%) de l’encours total. En revanche, la part de l’argent placé sur des comptes dépassant le plafond de versement actuel, 22.950 euros depuis le 1er janvier 2013, a explosé : cette catégorie, qui pèse pour 3,5% des Livrets A, soit 2,15 millions de comptes environ, représente 20% de l’encours fin 2014, contre 11,3% un an plus tôt. Pour mémoire, le solde du Livret A peut dépasser le plafond de versements grâce aux intérêts capitalisés en fin d’année.

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L’encours moyen par compte, lui, progresse peu, à 4.092 euros contre 4.060 euros en 2013 (+ 32 euros). La concentration des sommes sur une minorité de Livrets A au plafond reste en effet contrebalancée par une multitude de comptes à faible encours : 44,7% (contre 45,1% en 2013) ont ainsi un solde créditeur inférieur à 150 euros et représentent 0,3% de l’encours. Dans cette tranche, le solde moyen est même de 27 euros.

Opérations de nettoyage dans les réseaux historiques

Cette concentration s’opère par ailleurs dans un contexte de baisse du nombre de Livrets A. Le taux de détention - nombre total de Livrets A ramené au nombre total de Français - reste exceptionnellement élevé : 92,9% fin 2014. Mais pour la deuxième année de rang, il baisse, de 96% en 2012 à 95,8% en 2013. Au 31 décembre 2014, le nombre de comptes ouverts était de 61,6 millions, contre 63 millions fin 2013.

La moindre attractivité du Livret A, avec son rendement de 1% net, peut-elle expliquer cette baisse ? A la marge seulement. Certes, le nombre d’ouvertures de nouveaux comptes a également baissé en 2014, signe d’un intérêt moindre des épargnants : 2,7 millions, contre 2,9 millions en 2013 et 5,2 millions en 2012. Mais ce repli doit aussi beaucoup à la lutte contre contre la multidétention et l’obligation faite aux banques, depuis le 1er janvier 2013, de vérifier avant ouverture d’un nouveau Livret A que le titulaire n’est possède pas un autre par ailleurs.

L’essentiel de la baisse, toutefois, trouve vraisemblablement son origine dans une autre évolution réglementaire. A compter de 2016 en effet, les banques devront améliorer la détection des comptes bancaires inactifs, et le transfert de leur gestion à la Caisse des Dépôts (CDC). Une enseigne - dont l’OER ne cite pas le nom mais précise qu’elle fait partie des distributeurs historiques du Livret A (Caisse d’Epargne, Banque Postale et Crédit Mutuel) a devancé l’appel en effectuant en 2014 « un opération de consignation des livrets inactifs depuis dix ans, accompagnée d’une opération de nettoyage de ses comptes qui l’a conduit à clore de l’ordre de 1,2 million de Livrets A (…) » explique le rapport.

Lire aussi : Comptes bancaires inactifs : les nouvelles obligations des banques à partir de 2016

Au final, ce sont d’ailleurs les réseaux historiques qui absorbent l’intégralité de la baisse : le nombre de Livrets A ouverts à la Caisse d’Epargne, la Banque Postale et au Crédit Mutuel est en baisse de 1,9 millions d’unités, alors qu’il a progressé de 500.000 unités dans les autres réseaux distributeurs.