L’Insee a publié ce matin l’indice des prix à la consommation du mois de novembre. Sa légère hausse reste insuffisante pour envisager un maintien du taux du Livret A lors de sa prochaine révision, le mois prochain. A moins que le gouvernement maintienne sa politique du coup de pouce.

Dans un peu plus d’un mois, on saura. C’est en effet le 14 janvier prochain que l’Insee (1) doit publier l’indice des prix à la consommation (IPC) pour le mois de décembre 2013, qui déterminera une potentielle évolution du taux du Livret A au 1er février prochain. Actuellement à son plus bas niveau historique (1,25% net d’impôts et de prélèvements sociaux), la rémunération du produit d’épargne réglementée pourrait encore baisser, dans un contexte de très faible inflation.

Selon la règle (2), l’IPC hors tabac sur un an est en effet une des variables entrant en compte dans la formule de calcul du taux du Livret A, révisable automatiquement en janvier et en juillet. Au mois de novembre, selon les statistiques publiées ce matin par l’Insee, cet IPC ressort à 0,6%. C’est un peu plus qu’au mois d’octobre (0,5%), mais pas suffisant pour faire disparaître le spectre d’une nouvelle baisse de taux.

Une troisième baisse en un an ?

La formule de calcul est simple : lors des révisions automatiques, le taux du Livret A est calculé en augmentant d’un quart de point l’IPC hors tabac du mois précédent, puis en arrondissant le nombre obtenu au quart de point le plus proche. Ainsi, si le taux était révisable en décembre, il devrait logiquement passer au 1er janvier prochain à 0,75% net. Soit une troisième baisse de rendement en un an. Certes, nous n’en sommes pas encore tout à fait là, dans la mesure où l’IPC hors tabac peut poursuivre sur sa tendance du mois de novembre, et se redresser à nouveau en décembre. Mais pour espérer un simple maintien du taux actuel, cette hausse devra être sensible : +0,3 pt, au moins.

La meilleure chance des épargnants est plutôt à chercher du côté du gouvernement. La probabilité est forte, en effet, que celui-ci décide, en période électorale (les municipales ont lieu en mars) et alors que la collecte est en chute libre, de freiner la chute du produit d’épargne le plus détenu par les Français, qui impacte directement le rendement des autres produits réglementés (LDD, LEP, CEL notamment) mais donne aussi le « la » du marché des livrets fiscalisés.

Lire par ailleurs : Comptes épargne : la baisse du Livret A entraîne un tsunami sur les taux

Le ministre de l’Economie et des finances, après avis du gouverneur de la Banque de France, possède en effet la faculté à déroger à la formule de calcul automatique. Officiellement seulement dans des « circonstances exceptionnelles », mais généralement plutôt pour envoyer un signal politique. Il ne s’en prive d’ailleurs pas : lors des deux dernières révisions en date, le 1er février et le 1er août dernier, Pierre Moscovici a choisi de freiner la chute du rendement, qui devrait être actuellement de 1%. A chaque fois, il s’agissait de donner un coup de pouce au pouvoir d’achat des Français. Il est probable qu’il en soit de même le mois prochain.

(1) Institut national de la statistique et des études économiques

(2) La rémunération des livrets d’épargne réglementé est encadrée par le Règlement n° 86–13 du 14 mai 1986.