Justifiée par le gouvernement par la nécessité de financer la construction de nouveaux logements, la hausse du plafond de versement du Livret A a de nombreux détracteurs, qui lui reprochent notamment de ne profiter qu’à une poignée d’épargnants aisés. Un état de fait que confirment les statistiques.

Au terme de deux hausses consécutives, les 1er octobre et 1er janvier derniers, le plafond de versements du Livret A est passé de 15.300 euros à 22.950 euros. Si ce n’est pas encore le doublement promis par François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012, il s’agit tout de même d’une hausse historique de 50%.

Destiné à « mieux financer le logement social, le développement des PME et l’innovation », pour citer l’agenda du changement publié en mai dernier, par le président de la République, ce relèvement des plafonds de l’épargne réglementée - celui du LDD est passé de 6.000 à 12.000 euros le 1er octobre - a suscité de nombreuses critiques, à droite mais aussi à gauche, où l’on reproche au gouvernement d’avoir accentué une niche fiscale ne bénéficiant qu’à une poignée de nantis.

De fait, selon le rapport 2012 de l’Observatoire de l’épargne réglementée, seuls 8,5% des 61,6 millions de Livrets A ouverts fin 2011 atteignaient (ou dépassaient grâce aux intérêts capitalisés) le plafond de versement. Soit 5,2 millions de comptes, tout de même, qui représentaient à eux seuls 43,2% de l’encours total du produit. Mais qui sont ces épargnants qui possèdent un Livret A au plafond ?

591.300 euros de patrimoine brut

Une récente étude (1) de l’Observatoire de l’épargne européenne (OEE) permet d’en savoir un peu plus. L’association française, qui compte parmi ses membres la Banque de France, la Caisse des Dépôts et la plupart des grandes banques commerciales françaises, a en effet tracé leur profil patrimonial, à partir de données issues de l’enquête patrimoine 2009–2010 de l’Insee. Il s’avère, sans surprise, qu’ils possèdent un patrimoine, et des revenus, nettement supérieurs à la moyenne des Français.

Les ménages possédant un Livret A au plafond affichent ainsi un patrimoine brut moyen de 591.300 euros, plus de deux fois supérieur à celui de l’ensemble des ménages (261.000 euros). Leurs revenus annuels sont également très sensiblement supérieurs : 50.000 euros contre 33.400 euros.

Cela se ressent évidemment sur la composition de leur patrimoine. Ils sont ainsi 66,9% à disposer d’un produit d’assurance-vie ou d’épargne-retraite, contre 48,3% des ménages pris dans leur ensemble. 11,6% disposent également de valeurs mobilières (contre seulement 4% de la population). Enfin, 83,8% possèdent un patrimoine immobilier, contre 61,9% des foyers français.

Mieux équipés, ces Français investissent également des sommes supérieures sur les supports qu’ils détiennent. Alors que la moyenne d’encours des assurances-vie se situe à environ 54.000 euros, ils y déposent presque deux fois plus d’argent : 114.000 euros. Leur patrimoine immobilier, enfin, est également supérieur : 360.500 euros en moyenne, contre 276.000 euros pour l’ensemble des ménages.

(1) « L’impact économique de la fiscalité de l’épargne », publiée en novembre 2012.