Quand l’investissement vire au cauchemar ! Les témoignages de propriétaires lésés après avoir investi dans une résidence pour seniors « ancienne génération », lors des années 1970 à 1990, sont légion. En cause : des biens surévalués, d’importantes difficultés à louer et des charges qui s’additionnent à volonté.

Un « dossier douloureux » ! Et de très mauvais souvenirs pour les nombreux propriétaires lésés qu’il a vu passer à travers l’Association de défense des victimes des résidences senior – désormais en sommeil – : ex cadre bancaire, le Tourangeau Bruno Audon a lui-même été confronté à la gestion d’un appartement en résidence senior. Un appartement dont il avait hérité, et qu’il a fini par revendre en divisant son prix par huit… Plusieurs propriétaires liés à cette association ont gagné leur procès face à l'exploitant de leur résidence.

Jean-Renaud Sourice est lui toujours en procédure judiciaire, pour un appartement dont il a hérité à Tours : « Ce logement a été loué pendant 17 ans. Les problèmes ont commencé après : il a été reloué deux fois, mais sur des durées courtes, et il était impossible à vendre car sa valeur a été dévaluée très rapidement ! Je me suis retrouvé à payer les charges du propriétaire, mais aussi les charges de l’occupant, alors que ce bien était vide ! C’est l’absence de clarté entre les frais incombant au gestionnaire de la résidence, au propriétaire et au locataire qui est le plus grave. »

Un changement de modèle, séparant propriétaire et occupant

Les témoignages sur les dérives du passé sont légion. Dans Gagatorium, Christie Ravenne, une ancienne journaliste de 80 ans passés, décrit ses 4 années dans un « mouroir doré », en tant que propriétaire-occupante.

Aujourd’hui, la communication des gestionnaires appuie fortement sur les différences entre résidences « ancienne génération », celles des années 70-90 qui ont créé tant de problèmes, et les résidences de services pour seniors « nouvelle génération ». La principale différence : une séparation plus claire entre propriétaire et occupant. Autrefois, les investisseurs achetaient un bien avec, éventuellement, l’idée d’y habiter. Or, ce double objectif s’accompagnait d’une absence de clarté dans la répartition des charges de copropriété, charges de services, frais d’entretien avant la relocation, etc.

Dans les résidences « nouvelle génération », les appartements sont vendus à de « purs » investisseurs, sans objectif d’y résider. Et les exploitants vantent des formules avec « loyers garantis » et prise en charge de l’ensemble des frais. Le marché est-il réellement assaini, et le modèle des résidences « nouvelle génération » est-il si vertueux ? Difficile à dire. Les propriétaires lésés par les résidences « ancienne génération » restent sceptiques : après de tels déboires, ils ne conseilleront pas à leurs proches d’investir dans une résidence pour seniors, même s’il s’agit d’une « nouvelle génération ».

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