Le Crédit Foncier, lui-même en cours de démantèlement, est mis en cause par les liquidateurs du groupe Apavou pour avoir précipité la faillite de cet acteur prépondérant de l’immobilier réunionnais.

En pleine gestion de son propre démantèlement, le Crédit Foncier, filiale de BPCE spécialisée dans le prêt immobilier, est au cœur d’une nouvelle affaire judiciaire. Elle concerne le rôle de l’établissement dans la banqueroute du groupe immobilier Apavou. C’est Le Monde qui, le 12 avril dernier, a mis sur le devant de la scène cette histoire. En résumé, Apavou, propriétaire de 2 600 logements et locaux commerciaux, était un mastodonte de l’immobilier sur l’île de La Réunion. Mais après un demi-siècle d’existence, son activité a eu du plomb dans l’aile. Et le groupe a fini par mettre la clé sous la porte, fin août 2018, laissant une ardoise de 352 millions d’euros.

Suite à la prononciation de la faillite, les mandataires judicaires nommés ont épluché la situation financière d’Apavou. Et leurs conclusions soulignent la responsabilité de la banque du groupe dans sa banqueroute. Le Crédit Foncier, qui réclame plus de 100 millions d’euros à Apavou, « s’est montré inflexible en refusant de renoncer aux intérêts exorbitants de ses crédits, en exigeant que le parc de logement soit placé dans une filiale gagée par le Crédit Foncier… Il a sciemment coulé l’exploitation », explique ainsi les liquidateurs Laurent Hirou et Franklin Bach au Monde.

Ces derniers ont donc, via leur avocat Julien Turczynski, lancé le 5 avril dernier plusieurs procédures à l’encontre de la filiale de BPCE, dont une action pénale pour banqueroute et complicité de banqueroute. Selon Julien Turczynski, cité par Les Echos, le Crédit Foncier pourrait devoir rembourser 75 millions d’euros d’intérêts. La banque spécialisée dément toute responsabilité et dénonce « une collusion malsaine entre le groupe Apavou et les liquidateurs judiciaires », rapporte le quotidien économique.